Après Toulouse et Poitiers, 122 ex-salariés d'un centre d'appels SFR de Lyon, qui ont perdu leur emploi en 2007 après la reprise de leur société par Teleperformance, ont défendu leur cause lundi en appel dans le plus gros dossier du genre en France.



Devant la chambre sociale de la cour d'appel de Lyon, ils ont demandé 10.000 euros de dommages-intérêts ainsi qu'une année de salaire par décennie d'ancienneté, dénonçant "une fraude" entre SFR et le gestionnaire de centres d'appels Teleperformance qui les avait repris.



Selon leur avocat, Me Romain Geoffroy, Teleperformance a "contraint les salariés à quitter les centres d'appels" repris à SFR dans le cadre d'un plan de départs volontaires en 2007, "au mépris d'un accord de gestion prévisionnelle des emplois signé en 2006", par lequel SFR s'engageait à maintenir les emplois.



L'arrêt de la cour d'appel a été mis en délibéré au 4 mai.



En première instance, le Conseil de prud'hommes de Lyon avait débouté les plaignants, considérant que "l'existence d'une éviction forcée" n'était "nullement établie", ce que conteste Me Geoffroy. "Le consentement des salariés a été forcé. Le cessionnaire est à la solde de SFR. L'opération globale a été réalisée dans un but économique", a-t-il dénoncé lundi devant la cour.



De son côté, l'avocat de SFR, Me Antoine Vivant, a soutenu que l'accord de 2006 "visait à maintenir une stabilité globale de l'emploi" mais que le terme "viser" était "un objectif et non pas un engagement" de la part de SFR. "Sans remettre en cause l'accord, il intégrait le principe de rupture du contrat" dans le cadre du plan de départs volontaires, a-t-il argué.



Pour l'avocat de Teleperformance, Me Joël Grangé, "ce sont les salariés de SFR qui ont décidé de quitter volontairement" leur nouvel employeur (et sa filiale à l'époque, Infomobile). "C'est une supercherie complète. On a des salariés qui ont décidé de quitter Teleperformance parce que cela ne leur convenait pas. Quand on décide de quitter volontairement une entreprise, on ne demande pas en plus une indemnité", a-t-il plaidé, évoquant "un dossier emblématique de la difficulté d'entreprendre dans ce pays".