Ambroise Ecorcheville



AGEFI-DOW JONES





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Mouvements en vue dans le portefeuille de sociétés cotées de l'Etat français !



D'un côté comme de l'autre, les principaux candidats aux élections présidentielles françaises entendent rebattre les cartes de l'Etat actionnaire. La probabilité de cessions de participations dans des sociétés cotées est élevée. Mais à l'inverse, des prises de participations, voire des nationalisations, ne peuvent être totalement exclues.



Dans une étude, Exane BNP Paribas a passé en revue les entreprises dans lesquelles l'Etat est le plus susceptible de s'alléger.





Les partis dominants favorables à des privatisations





Car des cessions d'actifs semblent nettement plus probables que des acquisitions. D'une part parce que l'Etat a besoin de lever des fonds, que ce soit pour alléger sa lourde dette ou pour investir et réformer. D'autre part parce que l'Etat actionnaire a rarement été aussi critiqué, comme en attestent les récentes études de la Cour des Comptes ou de l'Institut Montaigne.



Mais également, et c'est ce qui fait toute la différence, parce que les principaux candidats aux présidentielles se sont prononcés en faveur de cessions et/ou d'arbitrages.



François Fillon a fait part de son intention d'accélérer les cessions de participations jugées non-stratégiques, tandis qu'Emmanuel Macron s'est déclaré en faveur de la création d'un fonds pour l'innovation notamment financé par des participations d'Etat.



Pour sa part, Marine Le Pen pourrait combiner cessions et prises de participations, sans forcément réduire la taille globale du portefeuille de l'Etat.



A l'inverse, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon pourraient renforcer l'Etat dans certaines entreprises. Mais, comme le souligne Exane, ces deux derniers candidats sont moins bien placés pour remporter les élections, du moins si l'on doit en croire les derniers sondages et les experts politiques.



En outre, vouloir monter au capital d'entreprises cotées ne suffit pas. Encore faut-il pouvoir financer ces opérations.





L'Etat ne manque pas de candidats





Pour Exane, qui a passé en revue les sociétés sous sa couverture dans lesquelles l'Etat a une participation, les secteurs dont il est globalement le plus susceptible de se désengager sont les infrastructures, les télécoms, les transports, l'électronique et l'énergie.



Plus en détail, la banque estime que l'Etat pourrait sensiblement réduire ses parts dans Aéroports de Paris (ADP.FR), Orange (ORA.FR) et Engie (ENGI.FR), et sortir du capital d'Eiffage (FGR.FR), comme d'Air France-KLM (AF.FR) et TechnipFMC (FTI.FR).



Une sortie de Groupe PSA (UG.FR) et de STMicroelectronics (STM.FR) lui paraissent possibles, mais pourraient être compliquées par la présence du chinois Dongfeng au capital du constructeur automobile et par celle de l'Etat italien à celui du fabricant de semi-conducteurs.



Enfin, Exane juge très peu probables des cessions dans EDF (EDF.FR), Eutelsat (ETL.FR) et CNP Assurances (CNP.FR). Plus généralement, la banque juge très improbables des cessions dans le secteur de l'aéronautique et de la défense.





Des opérations loin d'être neutres pour les marchés





Ces éventuelles cessions de participations ne seraient naturellement pas sans incidence pour les investisseurs. Mal gérées, ces opérations pourraient dans un premier temps peser sur les cours de Bourse des sociétés concernées.



A moyen terme, elles pourraient au contraire permettre d'accroître leur liquidité en Bourse et améliorer leur gouvernance. Sans toutefois permettre d'écarter toute forme d'ingérence.



Par ailleurs, une sortie totale de certaines entreprises cotées rendrait également certaines d'entre elles à nouveau "opéables". Mais pourrait priver certaines d'entre elles du soutien d'un actionnaire sensible aux conséquences politiques et sociales de leur éventuelle disparition ou rachat.



Pour en savoir plus, il faudra patienter. Au moins jusqu'au verdict des urnes, qui permettra de préciser quel projet politique a été retenu par les électeurs.



Au-delà, les jeux devraient rester ouverts. S'il entend sortir du capital d'une entreprise, l'Etat devrait s'abstenir de prévenir le marché de ses intentions. Ne serait-ce que pour éviter de provoquer une fuite par anticipation des autres actionnaires, qui pèserait sur le cours de Bourse et réduirait le produit de sa cession.





- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90; aecorcheville@agefi.fr ed: ECH





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March 23, 2017 09:00 ET (13:00 GMT)




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