Le sidérurgiste ArcelorMittal (MT.FR) a de nouveau appelé mercredi la Commission européenne à prendre de nouvelles mesures pour lutter contre les exportations chinoises d'acier, alors que le groupe peine à se redresser dans un contexte de faiblesse de la demande et de surcapacités de production en Chine.



"Notre priorité reste de développer notre compétitivité et d'intervenir sur les questions de commerce déloyal et ce, jusqu'à ce que le problème des surcapacités industrielles chinoises soit résolu", a expliqué mercredi le responsable de la stratégie d'ArcelorMittal, David Clarke, lors d'une conférence de presse.



"Nous avons récemment demandé à l'Union européenne de mettre en oeuvre des mesures de défense commerciale sur toutes les catégories de produits", a ajouté le dirigeant.



En mars, ArcelorMittal a obtenu de l'Union européenne des mesures de protection concernant les exportations d'acier laminé à froid. Ces mesures ont permis de réduire les exportations chinoises de 1 million de tonnes en 2015 à 0,1 million de tonnes cette année, a indiqué David Clarke.



Mais dans le même temps, les aciéristes chinois se sont tournés vers d'autres produits non soumis à une imposition. Ainsi, les exportations d'acier revêtu de la Chine vers l'Union européenne ont grimpé de 1,5 million de tonnes l'an dernier à 2,3 millions de tonnes cette année.



"La procédure mise en place par l'Europe afin d'enquêter sur les pratiques de dumping présumé est bien plus lente que dans le reste du monde et les droits anti-dumping qui sont imposés sont trop faibles", a également regretté le directeur général d'ArcelorMittal Europe, Geert Van Poelvoorde.





Une fin d'année affectée par la hausse des prix du charbon





La question des exportations chinoises est cruciale pour ArcelorMittal. Face aux importantes surcapacités de production, les aciéristes chinois ont massivement accru leurs exportations depuis 2009, et ont ciblé notamment les principaux marchés d'ArcelorMittal, l'Europe et les Etats-Unis, qui représentent à eux deux 75% des livraisons d'acier du groupe.



En Europe, les exportations chinoises d'acier fini sont passées de 2 millions de tonnes en 2009 à 9 millions de tonnes en 2015 et devraient s'élever à 7 millions de tonnes cette année. Le marché européen représente au total 150 millions de tonnes, un niveau toujours inférieur de 25% aux niveaux d'avant-crise.



La consommation apparente d'acier en Europe augmente actuellement d'environ 1% par an, a indiqué mercredi David Clarke. Mais cet accroissement est absorbé par des importations croissantes et les producteurs européens d'acier peinent à bénéficier de la faible augmentation de la demande, a expliqué le dirigeant.



ArcelorMittal est aussi confronté à la volatilité des prix des matières premières. Début novembre, l'aciériste a prévenu que sa rentabilité devrait baisser au quatrième trimestre par rapport au trimestre précédent, en raison notamment du bond des prix du charbon.



Ce bond s'explique par la mise en place, en mars dernier, de mesures de la part du gouvernement chinois visant à réduire la production de charbon pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. La baisse brutale de la production de charbon a conduit à une vive hausse des prix du charbon à coke, qui entre dans la fabrication de l'acier.



"Il faut environ 600 kilos de charbon à coke pour produire une tonne d'acier, donc l'impact en termes de coûts pour les producteurs d'acier est évident", a indiqué David Clarke.





Bond de 158% en Bourse depuis le début de l'année





Dans ce contexte, ArcelorMittal a lancé en février un plan stratégique à l'horizon 2020 destiné à soutenir ses résultats quelles que soient les conditions de marché. D'ici à 2020, le groupe vise une amélioration de son excédent brut d'exploitation de 3 milliards de dollars via une restructuration de ses coûts. Les flux de trésorerie annuels devraient dépasser les 2 milliards de dollars en 2020 et l'Ebitda exprimé par tonne devrait s'inscrire à 85 dollars, contre 62 dollars en 2015.



"Nous avons réalisé d'excellents progrès qui se sont traduits par l'amélioration des résultats du groupe sur l'ensemble de l'année", a déclaré mercredi David Clarke. ArcelorMittal a aussi profité depuis le début de l'année d'un début de redressement des prix de l'acier lié à la mise en place de barrières douanières aux Etats-Unis et en Europe. Au troisième trimestre, l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a progressé de 46% et le groupe a renoué avec un bénéfice net.



A la Bourse de Paris, le titre ArcelorMittal est en bonne voie pour signer la plus forte hausse du CAC 40 sur l'année 2016, alors que les investisseurs misent sur un redressement du sidérurgiste. Mercredi après-midi, le titre gagnait 3,9% à 7,80 euros et affichait un bond de 158% depuis le début de l'année.





-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com ed: VLV





(END) Dow Jones Newswires



December 07, 2016 09:34 ET (14:34 GMT)




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