Areva et EDF doivent lever le rideau jeudi matin sur les modalités de leur rapprochement, un processus qui devrait ensuite s'étaler jusqu'à fin 2016 et qui ne constitue que l'un des piliers du sauvetage de l'ex-fleuron du nucléaire français.



Les négociations entre les deux groupes, commencées il y a plusieurs mois en raison de la situation financière critique d'Areva (4,9 milliards d'euros de pertes l'an dernier), sont toujours en cours. Mais leurs conseils d'administration respectifs devraient entériner un accord mercredi soir, et une partie du suspense sera levée jeudi matin, lors de la publication de leurs résultats semestriels.



On devrait connaître l'offre de l'énergéticien pour acquérir la majorité d'Areva NP, l'activité réacteurs du spécialiste du nucléaire.



L'offre initiale d'EDF, qui valorisait l'ensemble de la division à 2 milliards d'euros, aurait été relevée à 2,7 milliards d'euros, selon plusieurs médias. Ce chiffre est "assez proche de la vérité", reconnaît une source proche du dossier.



EDF devrait prendre 75% du capital d'Areva NP, même si le pourcentage est encore susceptible d'évoluer. L'entrée éventuelle d'autres investisseurs ne se ferait que dans un deuxième temps. L'appétit d'acteurs chinois et japonais a notamment été évoqué.



Les équipes d'ingénierie des réacteurs d'Areva seront placées dans une coentreprise entre EDF et Areva NP, donc très majoritairement sous le contrôle de l'électricien.



Les deux groupes feront aussi le point sur leurs contrats commerciaux de fourniture de combustible nucléaire et de retraitement des déchets.



Ce dernier sujet semble faire partie des points d'achoppement de la négociation. Une fois recentré sur le cycle du combustible, Areva sera en effet beaucoup plus dépendant de ces contrats, et ses dirigeants veulent s'assurer que le "nouvel Areva" pourra être rentable.



De son côté, EDF a fait une offre qu'il n'entend pas modifier. L'électricien, qui avait ces dernières années diversifié ses fournisseurs de combustible et dont la situation financière est elle aussi tendue, ne veut pas "surpayer" ces services.



"On n'est vraiment pas loin d'un accord", assure toutefois une source au fait des négociations.



Areva devrait aussi annoncer des cessions d'actifs - il a déjà engagé celle de sa filiale américaine Canberra, spécialisée dans les instruments et systèmes de mesures nucléaires.



Le groupe précisera également ses besoins de financement pour les prochaines années, qui devraient avoisiner les 7 milliards d'euros.



- Une finalisation avant fin 2016 -



Mais il lui manquera un élément essentiel pour expliquer aux investisseurs comment les combler, puisque le gouvernement refuse de chiffrer pour le moment l'effort de recapitalisation qu'il est prêt à faire.



"En aucun cas l'État ne mettra un chèque sur la table" dès cette semaine, a ainsi déclaré le ministre de l'Economie Emmanuel Macron mardi dernier, évoquant "un rendez-vous en septembre".



La facture pourrait s'avérer plus salée qu'anticipé par Bercy, puisqu'au lieu des 2 à 3 milliards d'euros envisagés, l'effort devrait être porté à 4 ou 5 milliards, selon Les Echos.



L'Elysée avait toutefois assuré début juin que l'Etat, actionnaire à 84,5% d'EDF et à 87% d'Areva, renflouerait le groupe "à la hauteur nécessaire".



Après la présentation de l'offre indicative d'EDF jeudi, s'ouvrira une période dite de "due diligence" d'environ trois mois, pendant laquelle l'énergéticien pourra examiner les comptes d'Areva NP en vue de formuler une offre ferme, d'ici fin octobre.



Interviendront ensuite tous les processus d'autorisation par les autorités de la concurrence concernées, notamment à Bruxelles, et la finalisation de la transaction ne devrait donc pas intervenir avant fin 2016.



En parallèle, Areva poursuivra la mise en oeuvre de son plan de restructuration destiné à réaliser un milliard d'euros d'économies d'ici à 2017. Il pourrait se traduire par la suppression de 6.000 emplois dans le monde - dont 3.000 à 4.000 en France via des départs volontaires - sur un total de 44.000 employés.