Le Royaume-Uni a accepté les conditions de l'Union européenne sur le calendrier des négociations du Brexit, se rangeant aux priorités fixées par Bruxelles concernant les droits des citoyens et le règlement financier des engagements de Londres envers l'UE.



"La date d'aujourd'hui marque le début d'un périple pour le Royaume-Uni et l'Union européenne", a déclaré David Davis à l'issue de la première séance officielle de tractations historiques. "Cela va être long, mais le départ est prometteur", a assuré M. Davis.



Michel Barnier, le négociateur en chef de l'Union, a justifié l'approche "par phase" plaidée par l'UE: "une question de bon sens" selon lui pour parvenir à un "retrait en bon ordre".



Dans un premier temps, quatre séances de négociations prévues une fois par mois entre le 17 juillet et le 9 octobre prochains ainsi que des groupes de travail constitués d'experts discuteront des sujets les plus pressants.



"Une fois que nous aurons enregistré des progrès suffisants (...) et concrets, je serai le premier, comme c'est ma responsabilité, à recommander au Conseil européen de commencer en parallèle la négociation sur la façon de modeler la future relation" entre Londres et l'UE, a promis M. Barnier.



Les Britanniques voulaient discuter dès le départ de leur "relation future" avec l'UE, notamment sur le plan commercial, un "partenariat fort et spécial" selon David Davis. Mais ils ont finalement accepté le tempo des Européens.



L'une des principales incertitudes provoquées par le Brexit porte sur les droits des citoyens de l'UE qui vivent ou travaillent au Royaume-Uni, et réciproquement pour les ressortissants britanniques installés dans le reste de l'Union.



- Offre britannique à venir -



La Première ministre britannique Theresa May, qui a plusieurs fois dit préférer "aucun accord plutôt qu'un mauvais accord" avec l'UE, fera à ce propos une "mise au point" avec ses 27 homologues, a précisé David Davis.



"Un document détaillé exposant les grandes lignes" de l'offre britannique sera ensuite publié le lundi 26 juin.



Outre le sort des expatriés, les négociations se structureront autour du "règlement financier" des engagements de Londres envers l'Union, évalué jusqu'à 100 milliards d'euros, ainsi que des "autres questions nées de la séparation", selon un document publié par le gouvernement britannique.



La question épineuse de la frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord est placée directement sous l'autorité de deux proches collaborateurs de MM. Barnier et Davis.



Les deux négociateurs en chef avaient débuté la journée sur un mode "constructif", lançant officiellement les tractations très attendues par une longue poignée de mains et quelques sourires pour les photographes, un an après le référendum qui a scellé le retrait britannique.



Les deux parties disposent désormais de moins de deux ans pour organiser ce divorce inédit, aux implications aussi bien économiques que géopolitiques, après plus de 40 années d'une adhésion tumultueuse.



Selon M. Barnier, les négociations devront être bouclées autour d'octobre 2018, pour laisser le temps ensuite aux Parlements européen et britannique de ratifier l'accord du retrait, prévu pour fin mars 2019.



Emblématique figure du Brexit, le ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson avait affiché dès le matin le même optimisme que M. Davis.



"Je pense que l'ensemble du processus mènera à une issue heureuse" pour "les deux parties", avait-il déclaré, s'attendant tout de même à beaucoup de discussions sur la nature de l'accord que l'on va faire" et "sur l'argent".



- 'Enorme insécurité' -



Le gouvernement britannique n'aborde pas ces négociations dans les meilleures circonstances. Désignée en juillet 2016 par le Parti conservateur pour remplacer l'initiateur du référendum David Cameron, Theresa May est très fragilisée.



Mais la position britannique "n'a pas changé", a assuré M. Davis, qui avait fait campagne pour le retrait de l'UE, confirmant que Londres faisait le choix de quitter le marché unique et l'Union douanière.



Theresa May a perdu sa majorité absolue au Parlement après des législatives anticipées le 8 juin, qu'elle avait elle-même voulues pour renforcer son assise lors des négociations du Brexit. Et elle est critiquée pour sa gestion d'un incendie meurtrier dans une tour à Londres.



Après avoir subi trois attentats revendiqués par le groupe Etat islamique (EI), le pays a connu une nouvelle attaque dans la nuit de dimanche à lundi, quand un homme à bord d'une camionnette a foncé dans la foule près de la mosquée de Finsbury Park à Londres.



"Il y a une énorme insécurité chez les Européens qui se demandent combien de temps elle (Mme May) va tenir", confie un diplomate européen de haut rang, considérant qu'un interlocuteur affaibli ne peut que nuire aux négociations.





(END) Dow Jones Newswires



June 19, 2017 14:36 ET (18:36 GMT)