Brexit: Londres accepte les conditions de Bruxelles sur le calendrier des négociations
19 Juin 2017 - 08:56PM
Dow Jones News
Le Royaume-Uni a accepté les conditions de l'Union européenne
sur le calendrier des négociations du Brexit, se rangeant aux
priorités fixées par Bruxelles concernant les droits des citoyens
et le règlement financier des engagements de Londres envers
l'UE.
"La date d'aujourd'hui marque le début d'un périple pour le
Royaume-Uni et l'Union européenne", a déclaré David Davis à l'issue
de la première séance officielle de tractations historiques. "Cela
va être long, mais le départ est prometteur", a assuré M.
Davis.
Michel Barnier, le négociateur en chef de l'Union, a justifié
l'approche "par phase" plaidée par l'UE: "une question de bon sens"
selon lui pour parvenir à un "retrait en bon ordre".
Dans un premier temps, quatre séances de négociations prévues une
fois par mois entre le 17 juillet et le 9 octobre prochains ainsi
que des groupes de travail constitués d'experts discuteront des
sujets les plus pressants.
"Une fois que nous aurons enregistré des progrès suffisants (...)
et concrets, je serai le premier, comme c'est ma responsabilité, à
recommander au Conseil européen de commencer en parallèle la
négociation sur la façon de modeler la future relation" entre
Londres et l'UE, a promis M. Barnier.
Les Britanniques voulaient discuter dès le départ de leur "relation
future" avec l'UE, notamment sur le plan commercial, un
"partenariat fort et spécial" selon David Davis. Mais ils ont
finalement accepté le tempo des Européens.
L'une des principales incertitudes provoquées par le Brexit porte
sur les droits des citoyens de l'UE qui vivent ou travaillent au
Royaume-Uni, et réciproquement pour les ressortissants britanniques
installés dans le reste de l'Union.
- Offre britannique à venir -
La Première ministre britannique Theresa May, qui a plusieurs fois
dit préférer "aucun accord plutôt qu'un mauvais accord" avec l'UE,
fera à ce propos une "mise au point" avec ses 27 homologues, a
précisé David Davis.
"Un document détaillé exposant les grandes lignes" de l'offre
britannique sera ensuite publié le lundi 26 juin.
Outre le sort des expatriés, les négociations se structureront
autour du "règlement financier" des engagements de Londres envers
l'Union, évalué jusqu'à 100 milliards d'euros, ainsi que des
"autres questions nées de la séparation", selon un document publié
par le gouvernement britannique.
La question épineuse de la frontière entre l'Irlande et la province
britannique d'Irlande du Nord est placée directement sous
l'autorité de deux proches collaborateurs de MM. Barnier et
Davis.
Les deux négociateurs en chef avaient débuté la journée sur un mode
"constructif", lançant officiellement les tractations très
attendues par une longue poignée de mains et quelques sourires pour
les photographes, un an après le référendum qui a scellé le retrait
britannique.
Les deux parties disposent désormais de moins de deux ans pour
organiser ce divorce inédit, aux implications aussi bien
économiques que géopolitiques, après plus de 40 années d'une
adhésion tumultueuse.
Selon M. Barnier, les négociations devront être bouclées autour
d'octobre 2018, pour laisser le temps ensuite aux Parlements
européen et britannique de ratifier l'accord du retrait, prévu pour
fin mars 2019.
Emblématique figure du Brexit, le ministre des Affaires étrangères
britannique Boris Johnson avait affiché dès le matin le même
optimisme que M. Davis.
"Je pense que l'ensemble du processus mènera à une issue heureuse"
pour "les deux parties", avait-il déclaré, s'attendant tout de même
à beaucoup de discussions sur la nature de l'accord que l'on va
faire" et "sur l'argent".
- 'Enorme insécurité' -
Le gouvernement britannique n'aborde pas ces négociations dans les
meilleures circonstances. Désignée en juillet 2016 par le Parti
conservateur pour remplacer l'initiateur du référendum David
Cameron, Theresa May est très fragilisée.
Mais la position britannique "n'a pas changé", a assuré M. Davis,
qui avait fait campagne pour le retrait de l'UE, confirmant que
Londres faisait le choix de quitter le marché unique et l'Union
douanière.
Theresa May a perdu sa majorité absolue au Parlement après des
législatives anticipées le 8 juin, qu'elle avait elle-même voulues
pour renforcer son assise lors des négociations du Brexit. Et elle
est critiquée pour sa gestion d'un incendie meurtrier dans une tour
à Londres.
Après avoir subi trois attentats revendiqués par le groupe Etat
islamique (EI), le pays a connu une nouvelle attaque dans la nuit
de dimanche à lundi, quand un homme à bord d'une camionnette a
foncé dans la foule près de la mosquée de Finsbury Park à
Londres.
"Il y a une énorme insécurité chez les Européens qui se demandent
combien de temps elle (Mme May) va tenir", confie un diplomate
européen de haut rang, considérant qu'un interlocuteur affaibli ne
peut que nuire aux négociations.
(END) Dow Jones Newswires
June 19, 2017 14:36 ET (18:36 GMT)