En rachetant Innogy, Engie romprait avec sa stratégie de croissance organique -DJ Plus
22 Mai 2017 - 11:42AM
Dow Jones News
Olivier Pinaud,
L'Agefi
Paris (Agefi-Dow Jones)--Engie (ENGI.FR) a du mal à renoncer aux
grands projets de fusions-acquisitions. Le groupe français et son
homologue allemand RWE (RWE.XE) réfléchissent à un scénario de
rapprochement autour d'Innogy (IGY.XE), la filiale de services,
d'énergies renouvelables et de réseaux de RWE, rapportait Reuters
vendredi. Aucun des trois groupes n'a fait de commentaires.
Ces réflexions ne sont pas nouvelles. Ces derniers mois, Isabelle
Kocher, la directrice générale d'Engie, a dû démentir à plusieurs
reprises tout intérêt de son groupe pour son concurrent allemand.
Mais à l'époque elle répondait surtout à une question sur une prise
de participation minoritaire. Cette fois, le schéma envisagé irait
plus loin. Engie prendrait le contrôle d'Innogy, en reprenant les
76,8% au capital que RWE a conservé après la scission en Bourse de
sa filiale l'automne dernier. En échange, le groupe allemand
deviendrait actionnaire d'Engie.
Selon Bryan Garnier, aux cours de Bourse actuels et sur la base
d'un rachat en actions de 100% d'Innogy, RWE posséderait 28% de la
nouvelle entreprise devant l'Etat français, qui descendrait à 18%,
contre 28,65% actuellement. Cela nécessiterait une évolution de la
loi qui impose que l'Etat ne puisse passer sous la minorité de
blocage (33% en droits de vote) pendant plus de deux ans. Ce schéma
franco-allemand répondrait à la volonté du président Emmanuel
Macron de renforcer les liens avec l'Allemagne.
En mars, les analystes crédit de Natixis reconnaissaient qu'Innogy
"affiche un profil en parfaite adéquation avec les nouveaux axes
stratégiques d'Engie", rappelant que la filiale de RWE "cible la
décentralisation de la production et la décarbonisation avec les
énergies renouvelables" et "cherche à accroître sa présence dans
les réseaux de distribution et dans la commercialisation". En 2016,
Innogy a réalisé 78% de son Ebitda dans des activités
contractualisées (renouvelables) ou stables (réseaux), deux métiers
prioritaires pour Engie et sa directrice générale.
Cette opération d'envergure viendrait toutefois remettre en
question la trajectoire définie par Isabelle Kocher alors que la
stratégie définie début 2016 commence à porter ses fruits dans les
résultats du groupe. La directrice générale d'Engie a fait des
investissements et de la croissance interne le principal moteur du
groupe d'énergie. Et si Innogy répond aux activités visées par
Engie, son intégration, forcément compliquée, ferait peser un
risque sur le pilotage du groupe.
-Olivier Pinaud, L'Agefi ed: VLV
L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones
(END) Dow Jones Newswires
May 22, 2017 05:22 ET (09:22 GMT)
Copyright (c) 2017 Dow Jones & Company, Inc.