Les spéculations se poursuivent quant à une nouvelle phase de consolidation des opérateurs télécoms français, mais Bouygues (EN.FR) semble désormais écarter une cession de Bouygues Telecom. Qu'elle se révèle payante ou non à terme, cette option risque de peser sur le cours de Bourse du conglomérat, dans un contexte qui s'annonce difficile pour ses différentes activités cette année.



Le PDG du groupe, Martin Bouygues, a réaffirmé mercredi qu'aucune discussion n'était en cours au sujet d'une possible cession, alors qu'Altice, déjà propriétaire de Numericable-SFR (NUM.FR), a fait connaître son intérêt pour Bouygues Telecom. Le dirigeant a même jugé viable le maintien de quatre opérateurs mobiles en France, rompant avec ses critiques répétées contre l'arrivée d'un nouvel acteur (Free) en 2012.



Le redressement prendra du temps



Bouygues Telecom prévoit de passer 200 millions de dépréciations d'actifs en 2015 et connaîtra une nouvelle année compliquée dans un environnement de forte pression concurrentielle. Une sortie de crise semble toutefois se dessiner, comme l'indique la baisse moins prononcée du chiffre d'affaires ces derniers mois et la hausse du nombre d'abonnés à l'Internet fixe.



Mais le groupe, qui n'attend pas de retour de la croissance organique dans ses différents métiers avant 2016, a peu de chances de bénéficier d'une embellie rapide. Et son cours de Bourse pourrait se trouver malmené après avoir regagné plus de 40% depuis le cours plancher atteint en octobre dernier.



Un tel rebond semble d'autant plus fragile qu'il était lié aux spéculations en matière de fusions-acquisitions plus qu'aux fondamentaux. "Bouygues a bénéficié d'un 'rally' sur la base des espoirs de cession imminente de Bouygues Telecom", rappelle Jefferies. Le courtier a une recommandation "conserver" et un objectif de 29 euros pour Bouygues, alors que l'action s'échangeait à près de 36 euros jeudi à la Bourse de Paris, son plus haut niveau depuis le printemps 2010.



Un cours de Bourse généreux



"La valorisation actuelle est donc exigeante, à la fois sur la probabilité et sur le prix de cession de Bouygues Telecom", souligne Oddo Securities, pour qui le cours implique une valorisation de Bouygues Telecom à hauteur de 7,5 milliards d'euros.



Les chances d'assister à une cession ne feront que diminuer au fur et à mesure que les perspectives de redressement de Bouygues Telecom se confirmeront, pointent les analystes. Dans un contexte de baisse attendue des activités de construction de Bouygues cette année, les actionnaires auront donc peu de choses à se mettre sous la dent.



L'histoire dira si Martin Bouygues a raison de croire à la capacité de l'opérateur de rester indépendant. Et les conditions concurrentielles pourraient bien évoluer dans un sens plus favorables, alors que les régulateurs veulent désormais mettre fin au contrat d'itinérance entre Orange (ORA.FR) et Free.



Mais pour les actionnaires, les bonnes nouvelles risquent de se faire attendre.



-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 72; thomas.varela@wsj.com