Exportations chinoises de mars: un repli en trompe l'oeil - Market Blog
10 Avril 2014 - 10:18AM
Dow Jones News
Une fois de plus, les statistiques économiques chinoises doivent
être prises avec précaution.
Selon les données officielles publiées dans la nuit, les
exportations de la Chine se sont repliées de 6,6% en mars, prenant
la plupart des économistes à revers.
Mais que s'est-il passé exactement?
Il convient tout d'abord de rappeler que les chiffres du commerce
extérieur de la Chine sont en général biaisés par l'impact du
Nouvel an lunaire, période durant laquelle l'économie ralentit dans
une bonne partie de l'Asie.
Cela dit, les économistes s'attendaient tout de même à ce que les
exportations du mois de mars progressent sur un an, l'activité du
mois dernier n'ayant, a priori, pas été affectée par les
festivités.
L'explication la plus évidente est qu'une fois de plus les
surfacturations ont faussé les statistiques. Cette pratique permet
aux sociétés chinoises de faire entrer des capitaux dans l'Empire
du Milieu, en émettant de fausses factures d'exportations, pour
profiter des taux relativement élevés dans le pays et des
perspectives d'appréciation du yuan à long terme.
Des chiffres gonflés en 2013
Depuis plusieurs mois, Pékin redouble d'efforts pour mettre fin à
ces pratiques, mais elles étaient encore courantes en mars 2013.
Cela pourrait signifier que les chiffres de l'an dernier ont été
artificiellement gonflés par rapport à ceux de cette année.
"Ne vous inquiétez pas des statistiques sur les exportations," a
d'ailleurs écrit Louis Kuijs, économiste de la banque RBS à Hong
Kong, dans une note à ses clients. L'établissement financier estime
que la hausse des exportations constatée en mars 2013 avait été
gonflée de 11,8 points de pourcentage, en raison des
surfacturations. Il calcule également que les exportations ont en
réalité augmenté de 5,2% sur un an en mars, une fois ajustées des
surfacturations.
Même son de cloche du côté de Goldman Sachs, dont l'économiste
Andrew Tilton estime que l'activité exportatrice sous-jacente a été
"marginalement positive".
La société de recherche économique Capital Economics a pour sa part
noté que la faiblesse des exportations se concentrait dans les
biens vendus à Hong Kong et Taiwan. Or, par le passé, la majeure
partie des surfacturations provenait de ces deux endroits. La
société estime la croissance des exportations, retraitées de
l'impact de ces pratiques, à 7%. "Ceci suggère que les données
publiées aujourd'hui sont loin d'être aussi mauvaises qu'elles ne
pourraient le sembler à première vue," résume Julian
Evans-Pritchard, analyste spécialisé sur la Chine chez Capital
Economics.
Il s'agirait même d'une double bonne nouvelle, avec à la fois une
hausse des exportations et une chute des surfacturations.
-Tom Wright et Michael S. Arnold, The Wall Street Journal (Version
française Yann Morell y Alcover)
"Le Market Blog" est le blog économique et financier du Service
français de Dow Jones Newswires.