Une fois de plus, les statistiques économiques chinoises doivent être prises avec précaution.



Selon les données officielles publiées dans la nuit, les exportations de la Chine se sont repliées de 6,6% en mars, prenant la plupart des économistes à revers.



Mais que s'est-il passé exactement?



Il convient tout d'abord de rappeler que les chiffres du commerce extérieur de la Chine sont en général biaisés par l'impact du Nouvel an lunaire, période durant laquelle l'économie ralentit dans une bonne partie de l'Asie.



Cela dit, les économistes s'attendaient tout de même à ce que les exportations du mois de mars progressent sur un an, l'activité du mois dernier n'ayant, a priori, pas été affectée par les festivités.



L'explication la plus évidente est qu'une fois de plus les surfacturations ont faussé les statistiques. Cette pratique permet aux sociétés chinoises de faire entrer des capitaux dans l'Empire du Milieu, en émettant de fausses factures d'exportations, pour profiter des taux relativement élevés dans le pays et des perspectives d'appréciation du yuan à long terme.



Des chiffres gonflés en 2013



Depuis plusieurs mois, Pékin redouble d'efforts pour mettre fin à ces pratiques, mais elles étaient encore courantes en mars 2013. Cela pourrait signifier que les chiffres de l'an dernier ont été artificiellement gonflés par rapport à ceux de cette année.



"Ne vous inquiétez pas des statistiques sur les exportations," a d'ailleurs écrit Louis Kuijs, économiste de la banque RBS à Hong Kong, dans une note à ses clients. L'établissement financier estime que la hausse des exportations constatée en mars 2013 avait été gonflée de 11,8 points de pourcentage, en raison des surfacturations. Il calcule également que les exportations ont en réalité augmenté de 5,2% sur un an en mars, une fois ajustées des surfacturations.



Même son de cloche du côté de Goldman Sachs, dont l'économiste Andrew Tilton estime que l'activité exportatrice sous-jacente a été "marginalement positive".



La société de recherche économique Capital Economics a pour sa part noté que la faiblesse des exportations se concentrait dans les biens vendus à Hong Kong et Taiwan. Or, par le passé, la majeure partie des surfacturations provenait de ces deux endroits. La société estime la croissance des exportations, retraitées de l'impact de ces pratiques, à 7%. "Ceci suggère que les données publiées aujourd'hui sont loin d'être aussi mauvaises qu'elles ne pourraient le sembler à première vue," résume Julian Evans-Pritchard, analyste spécialisé sur la Chine chez Capital Economics.



Il s'agirait même d'une double bonne nouvelle, avec à la fois une hausse des exportations et une chute des surfacturations.



-Tom Wright et Michael S. Arnold, The Wall Street Journal (Version française Yann Morell y Alcover)



"Le Market Blog" est le blog économique et financier du Service français de Dow Jones Newswires.