Neuf jours que le bras de fer dure chez Air France à propos du développement de sa low cost : malgré les appels du Premier ministre à "cesser" la grève et le gel du projet d'expansion de Transavia en Europe, les pilotes persistent et ont manifesté pour défendre "l'emploi français".



Comme les jours précédents, plus de la moitié des avions sont encore restés au sol mardi. Il s'agit du plus long conflit mené par des pilotes depuis la grève de 1998, qui avait duré 10 jours.



Le SNPL, syndicat majoritaire, a étendu son préavis de grève jusqu'au 30 septembre. Ceux du Spaf, deuxième syndicat, et d'Alter (non représentatif) courent jusqu'à vendredi.



Pour la première fois depuis le début du conflit, des grévistes sont descendus dans la rue pour exprimer leurs craintes de délocalisations. Entre 200 et 300 pilotes ont répondu à l'appel des syndicats, en uniforme bleu marine, casquette et pulls marinières "made in France" sur les épaules, derrière une banderole "sauvegardons l'emploi français".



La grève peut s'arrêter "si le dumping social s'arrête", a lancé à cette occasion le président du SNPL AF Alpa Jean-Louis Barber. Une dizaine d'employées de l'agence commerciale Air France des Invalides ont pris à partie les pilotes aux cris de "ça suffit".



Selon la CFDT, une manifestation de soutien à la direction a réuni autant de personnels au siège. Un nouveau rassemblement "à l'initiative de salariés" est prévu mercredi à 12H00. "L'intransigeance des syndicats de pilotes suscite une colère grandissante parmi les autres catégories de salariés", affirme le syndicat.



Pour l'heure, l'appel du Premier ministre, encore répété mardi, à "cesser" cette grève qui "n'a aucune raison" et "représente un vrai danger pour la compagnie", est resté sans effet.



Manuel Valls a maintenu son soutien à la direction d'Air France, dont l'Etat est actionnaire à hauteur de près de 16%. Il a invité les pilotes à "examiner les propositions de la direction".



Pour tenter de sortir de la crise, qui coûte "jusqu'à 20 millions d'euros par jour", à la compagnie, celle-ci avait fait lundi une concession en annonçant la suspension jusqu'à la fin d'année de son projet d'extension en Europe de sa filiale low cost Transavia, le temps d'en discuter avec l'ensemble des syndicats.



Les syndicats de pilotes ont estimé que le geste n'était pas suffisant. Ils réclament désormais la suppression pure et simple du projet Transavia Europe, porte ouverte à du "dumping social" interne, selon eux. Lundi, ils ont reçu le soutien de syndicats représentant diverses catégories de personnel (CGT, Unac, l'Unsa, SNPNC-FO et SUD-aérien).



- Forcing sur Transavia France -



Le ministre de l'Emploi François Rebsamen a dit considérer mardi soir sur i-Télé ce projet comme "retiré". Il a appelé à la "reprise du dialogue" au sujet de Transavia France, un "beau projet".



Faute "d'accord" avec les personnels, le groupe sera contraint "la mort dans l'âme" de retirer le projet de Transavia Europe, avait concédé plus tôt le PDG du groupe Air France-KLM Alexandre de Juniac.



Désormais, la compagnie semble privilégier le volet français de son projet et veut "rapidement" augmenter la flotte de Transavia France de 14 à 37 avions.



Pour y arriver, M. de Juniac a menacé de rompre si nécessaire l'accord passé avec les pilotes à la naissance de la filiale en 2007, déclenchant la colère des syndicats.



Pour Transavia France, 1,000 emplois sont à la clé, dont 250 pour les pilotes, rappelle la direction.



Favorables sur le fond au développement de la filiale low cost en France mais soucieux de préserver leurs conditions d'emploi, les syndicats restent arc-boutés sur la revendication d'un contrat unique aux conditions d'Air France pour tous les pilotes des gros avions, quelle que soit la marque (Air France, Transavia ou Hop!).



Lors d'une conférence en ligne à laquelle 6,000 salariés se sont connectés mardi, le PDG a assuré que les négociations n'étaient "pas rompues". "Notre porte est ouverte", "nos propositions qui sont jugées très positives par les pouvoirs publics doivent permettre la sortie du conflit", a-t-il dit, selon une source interne.



Pour mercredi, la compagnie a prévu de maintenir 46% de ses vols. Elle prévoit un taux de grévistes de 52%, en baisse par rapport à la première semaine (65%).

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