Ambroise Ecorcheville



AGEFI - DOW JONES





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Alea Jacta Est. Deux offres sont en cours d'examen pour la reprise du sidérurgiste italien en difficultés Ilva, le propriétaire de la plus grande usine d'acier en Europe, qui avait été nationalisé et a été mis en vente par le gouvernement italien.



Candidat à son rachat, le géant européen ArcelorMittal (MT.FR) gagnerait à remporter cet appel d'offres. Du moins sur le plan des fondamentaux. Car les modalités financières d'un rachat restent à clarifier.



Même le prix proposé n'est pas connu. Associé à Marcegaglia, le plus grand client d'Ilva, et la banque italienne Banca Intesa San Paolo, ArcelorMittal aurait cependant offert de sources de presse un total de 3,9 milliards d'euros pour l'italien, dont 2,3 milliards officiellement avancés en investissements.



En comparaison, le consortium mené par le groupe indien JSW Steel, aux côtés de la Caisse des dépôts italienne, de Delfin, la holding du fondateur et premier actionnaire de Luxottica, et Arvedi, aurait proposé 4,2 milliards d'euros, dont 3 milliards dédiés aux investissements. Le gouvernement italien pourrait se prononcer sur le choix du repreneur en avril.





Tout ne repose pas sur le prix





De prime abord, le prix qu'ArcelorMittal aurait offert pour Ilva peut paraître élevé. Même en supposant un redressement d'Ilva à des niveaux de rentabilité proches de ceux d'ArcelorMittal en Europe, il ferait ressortir un ratio valeur d'entreprise sur excédent brut d'exploitation (Ebitda) d'environ 8, selon JPMorgan Cazenove.



En comparaison, la valeur d'entreprise d'ArcelorMittal représente 5,4 fois l'excédent brut d'exploitation dégagé en 2016, et 5 fois celui attendu cette année, selon FactSet.



Toutefois, le bénéfice d'une reprise d'Ilva ne se résumerait pas au redressement d'un actif en pertes. Elle permettrait de mettre un terme aux pressions qu'Ilva exerce actuellement sur les prix en Europe. A l'inverse, un rachat par le consortium mené par JSW Steel aurait pour effet de faire entrer en Europe un nouveau concurrent sans doute désireux d'y gagner des parts de marché.



La question du prix n'est pas anecdotique, car le bilan d'ArcelorMittal reste fragile. Même si Moody's a récemment relevé sa note de crédit sur ArcelorMittal, et si Standard & Poor's adopté une perspective positive sur la dette de l'industriel, les deux agences continuent de classer sa dette en catégorie spéculative.



Toutefois, le poids financier que pourrait représenter Ilva pour ArcelorMittal aux conditions évoquées doit être relativisé. De 2,3 milliards d'euros, les investissements envisagés devraient pouvoir être répartis dans le temps. Le prix de 1,6 milliard d'euros, dont seule une part reviendrait à ArcelorMittal, peut être comparé à un free cashflow attendu à 1,6 milliard cette année par le consensus FactSet.





Un savoir-faire en matière d'acquisitions, mais...





Pour pouvoir reprendre Ilva, ArcelorMittal devrait par ailleurs passer les fourches caudines de l'antitrust européen. Avec Ilva, ArcelorMittal contrôlerait 40% du marché de l'acier plat, selon Jefferies, contre 33% actuellement. Mais pour sa défense, le sidérurgiste européen n'est actuellement pas présent en Italie. Néanmoins, des cessions pour rassurer les autorités de la concurrence européenne ne peuvent être exclues.



Par ailleurs, pour réussir une reprise d'Ilva, ArcelorMittal devrait naturellement réussir son intégration. L'expérience du groupe en la matière est certes incontestable. Mais l'environnement dans lequel il serait réalisé peut changer. "Un investissement dans Ilva ne marchera que si la reprise européenne se confirme dans la durée et si une réduction des capacités chinoises se traduit par un retour de parts du marché aux producteurs européens", a souligné Kepler Cheuvreux.



L'intérêt d'ArcelorMittal pour Ilva est compréhensible. L'absence de mention d'un prix ferme peut également se comprendre dans le cadre d'un appel d'offres. Mais elle ajoute un élément supplémentaire d'incertitude sur le dossier. Pour en avoir le coeur net, les investisseurs n'ont plus qu'à espérer que rien ne ralentira la résolution de ce dossier.





- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90; aecorcheville@agefi.fr ed: ECH





(END) Dow Jones Newswires



March 21, 2017 11:54 ET (15:54 GMT)




Copyright (c) 2017 Dow Jones & Company, Inc.
ArcelorMittal (EU:MT)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2024 à Avr 2024 Plus de graphiques de la Bourse ArcelorMittal
ArcelorMittal (EU:MT)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2023 à Avr 2024 Plus de graphiques de la Bourse ArcelorMittal