Teleperformance (RCF.FR) s'apprête à réaliser la plus grande acquisition de son histoire. Après deux ans d'abstinence en matière de croissance externe, le spécialiste des centres de contacts a annoncé fin août le rachat du leader américain de l'interprétariat par téléphone et visiophone, LanguageLine Solutions, pour 1,5 milliard de dollars.



En cours de finalisation, la transaction paraît pour le moins prometteuse. Même si elle n'est pas dénuée de risques.





Plus de croissance et de rentabilité





Sur le plan financier, cette acquisition doit permettre à Teleperformance de grandir tout en renforçant son profil de croissance et de rentabilité. LLS étant sensiblement plus rentable, son intégration par le français devrait lui permettre d'accroître de 10% son périmètre mais de plus d'un quart son excédent brut d'exploitation. La transaction étant financée par de la dette, elle devrait se traduire par une hausse de 10% environ de son bénéfice par action en 2016, et de plus de 15% au-delà. LLS se développe également plus vite que son repreneur. Là où Teleperformance vise une croissance organique annuelle de 5% à 6% entre 2016 et 2020, celle de LLS est anticipée aux alentours de 8% à 10%.





Du qualitatif comme du quantitatif





Mais l'opération ne peut se résumer à sa dimension purement financière. La reprise de LLS permettrait à Teleperformance d'accélérer aux Etats-Unis, sa priorité stratégique. Elle représente pour le français une occasion de se diversifier dans un nouveau marché à plus forte valeur ajoutée mais également très fragmenté, où les opportunités d'acquisitions ne manqueront pas. En outre, la société américaine réalisant 95% de son activité en Amérique du Nord, elle pourrait s'appuyer sur le réseau mondial et le savoir-faire du leader global qu'est Teleperformance pour se développer en Europe et en Chine. Pour sa part, le français pourrait profiter de l'expertise de LLS, dont 92% des interprètes travaillent de leur domicile, pour accroître le télétravail dans ses propres effectifs, et adopter ainsi un modèle moins gourmand en capitaux.





Un effort financier important, et rien d'acquis





Naturellement, il reste à concrétiser l'ensemble de ces projets. L'effort financier est significatif : Teleperformance a prévenu que l'acquisition de LLS gonflerait sa dette à plus de 2,4 fois son excédent brut d'exploitation proforma fin 2016, ce qui est normalement plus que le maximum autorisé par ses banques. L'objectif étant de ramener ce ratio à 0,75 à l'horizon 2020.



En soit, l'intégration de la LLS ne constitue pas un sujet d'inquiétude, le savoir-faire de Teleperformance étant reconnu et la société américaine devant conserver une certaine autonomie. Mais l'expansion en Europe et en Chine devrait être plus compliquée qu'aux Etats-Unis, où la règlementation est plus favorable. En attendant, le secteur nord-américain de l'interprétariat par téléphone et visiophone étant très fragmenté, le risque de pressions sur les prix qui pèseraient sur les marges ne peut être écarté.



Même annoncée en plein été, l'acquisition de LLS n'est pas passée inaperçue. L'action a depuis bondi de 15%. A environ 95 euros, elle présente encore un potentiel de hausse d'un peu moins de 15% par rapport à l'objectif moyen des analystes. Toutefois, l'intégration de LLS doit encore être finalisée.





- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@wsj.com ed: ECH





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September 12, 2016 10:16 ET (14:16 GMT)




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