Ce pourrait donc être l'Italie. Depuis la tentative avortée de prise de contrôle de T-Mobile US en 2014, les investisseurs savaient qu'Iliad (ILD.FR) avait les yeux tournés vers l'international. L'accord de rachat d'actifs annoncé mardi avec Hutchinson et VimpelCom permet désormais au trublion français des télécoms de viser la botte transalpine.



Mais les incertitudes sont encore trop nombreuses pour évaluer précisément les chances de succès d'une campagne italienne.





Bruxelles incontournable





L'offensive pourrait même ne jamais être lancée.



Le projet de rachat par Iliad des actifs de Hutchinson/VimpelCom ne pourra se concrétiser que si la fusion entre leurs filiales mobiles obtient le feu vert de Bruxelles. Or l'opération ramènerait de quatre à trois les opérateurs mobiles en Italie, ce qui pourrait limiter la concurrence au détriment des consommateurs.



Pour l'autoriser, la Commission européenne voudra s'assurer que les actifs cédés permettraient au moins à Iliad d'exister sur le marché transalpin. Pour leur part, les analystes jugent que l'opérateur disposerait avec ses nouveaux actifs d'une plate-forme rendant crédible son entrée en Italie.



Bruxelles devrait se prononcer d'ici le 8 septembre.





Une stratégie à adapter





L'Italie n'est pas la France. Le succès de Free Mobile depuis son lancement en 2012 est éclatant, mais Iliad ne pourra pas le répliquer à l'identique au-delà des Alpes.



Le groupe devra pratiquement partir de rien en Italie: il ne pourra pas s'appuyer comme en France sur une marque déjà très populaire, forte alors d'une base de 5 millions d'abonnés fixes. Ce qui pourrait entraîner une inflation des coûts d'acquisition des nouveaux abonnés.



Son absence de la téléphonie fixe en Italie pourrait jouer en sa défaveur, si ses concurrents réagissent en lançant des offres convergentes. "Rien ne permet d'exclure une initiative pour s'implanter dans le fixe, mais la visibilité est trop faible à ce stade", a estimé JPMorgan.





Mais d'indéniables atouts





Cela ne signifie pas qu'Iliad ne dispose pas d'atouts pour tirer son épingle du jeu en Italie. Le succès fulgurant du groupe en 2012 avait largement pris le marché par surprise. "Dans tous les cas de figure, nous pensons qu'il ne faut pas sous-estimer la créativité d'Iliad en matière de prix, sa capacité d'innovation, son savoir-faire en matière de distribution directe et de marketing viral", souligne Bryan Garnier.



S'il est très concurrentiel, le marché italien est dominé par les cartes prépayées, ce qui a joué en faveur des offres à deux euros du groupe en France.



Par ailleurs, la situation financière d'Iliad est saine, tandis que ses investissements devraient être étalés sur une période de 5 à 7 ans.





Incertitude boursière





La volonté d'Iliad de partir à la conquête de nouveaux marchés est naturelle, ne serait-ce que pour prendre le relais de l'inéluctable ralentissement de sa croissance en France, mais elle induit de fortes incertitudes.



Depuis 2014 et son offre infructueuse sur T-Mobile US, l'action Iliad a connu un parcours en dents de scie. Les investisseurs n'ont plus qu'à espérer que les principales incertitudes liées une possible campagne seront rapidement levées.





- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@wsj.com ed : TVA





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July 06, 2016 09:54 ET (13:54 GMT)




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