Par Bastien Bouchaud





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Après François Villeroy de Galhau mardi, Vitor Constancio et Ewald Nowotny se sont exprimés mercredi pour évoquer leurs craintes de voir l'appréciation de l'euro freiner le retour de l'inflation vers son objectif de 2%.



"La Banque centrale européenne (BCE) semble conduire une campagne de communication coordonnée contre l'appréciation de l'euro, qui a tiré les anticipations de hausses de taux précoces", estime Nick Kounis, analyste chez ABN Amro. "La récente évolution du taux de change constitue une source d'incertitude qui exige une surveillance compte tenu de la pression qu'elle peut exercer sur les prix des produits importés", a ainsi déclaré le gouverneur de la Banque de France dans un entretien au quotidien allemand Börsen-Zeitung. Le président de la Banque nationale d'Autriche estime également que l'appréciation de l'euro face au dollar "n'aide pas" la BCE à ramener l'inflation vers son objectif.



Depuis la dernière réunion de politique monétaire de la BCE le 14 décembre, la monnaie unique a pris près de 4% face au billet vert en dépit d'un léger recul au cours des derniers jours, se retrouvant à son plus haut niveau depuis la fin 2014 à plus de 1,22 dollar. Cependant, "l'euro pondéré par les échanges commerciaux est en hausse de seulement 1,3% par rapport aux projections de décembre de la BCE", explique Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet. L'impact négatif sur l'inflation, toutes choses égales par ailleurs, devrait donc être selon lui limité à 5 points de base.



C'est toutefois sans compter sur le rebond des prix du pétrole, à leur plus haut depuis plus de trois ans. Le baril de Brent a ainsi vu son prix en euros croître de 40% par rapport à son point bas atteint en juin dernier. "En présumant des prix du pétrole stables, l'inflation des prix de l'énergie devrait se renforcer graduellement au premier trimestre, avant une hausse plus rapide au deuxième et troisième trimestres", souligne Claus Vistesen, économiste chez Pantheon Macro.



Les prix du pétrole sont également supérieurs de 15% aux hypothèses de la BCE, ce qui correspond à un surplus d'inflation pouvant aller jusqu'à 15 points de base, d'après Frederik Ducrozet. Selon lui, il faudrait que l'euro "se rapproche de 1,30 dollar pour que la BCE renonce aux évolutions de sa communication qui apparaissent inévitables en 2018".





-Bastien Bouchaud, L'Agefi. ed: ECH





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January 18, 2018 04:46 ET (09:46 GMT)




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