La sortie de la politique monétaire accommodante de la BCE s'annonce délicate -Market Blog
29 Juin 2017 - 10:54AM
Dow Jones News
Par Patrick Aussannaire
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Mario Draghi a ranimé un marché
léthargique. L'effet produit par le discours prononcé mardi à
Sintra par le président de la BCE s'est prolongé, avec la poursuite
de la hausse du rendement du Bund, malgré un léger resserrement des
spreads mercredi, alors que l'euro a même frôlé une parité de 1,14
contre dollar, qui n'a pas été atteinte depuis le mois de mai
2016.
"Le dollar s'est montré incapable de récupérer ses pertes face à
l'euro suite au discours de Mario Draghi, et ceci malgré le
maintien d'un biais faucon par plusieurs membres de la Fed",
indique Citigroup. Même s'il oscillait autour de 1,12 depuis
mi-mai, l'euro s'est apprécié de 7% depuis mi-avril contre le
dollar et de 9% depuis ses points bas de décembre, profitant d'un
effet dollar lié à la déception sur les mesures de relance promises
par Donald Trump.
"Mario Draghi a envoyé un signal de confiance, ce qui est synonyme
pour le marché de normalisation monétaire à venir, y compris une
réduction du QE en 2018, dans un contexte où le positionnement du
marché, notamment obligataire, est largement biaisé en faveur de
taux encore plus bas, et qui fait que toute correction est
amplifiée à court terme", explique Frédérik Ducrozet, économiste
chez Pictet.
Si la sortie du QE de la BCE sera progressive, le marché commence à
anticiper une hausse des taux début 2018, et ne croit plus à un
geste de la Fed avant 2018. "Les comptes spéculatifs déjà
historiquement longs d'euro et redevenus neutres sur le dollar
devraient fait revenir la parité euro-dollar vers 1,12 en fin
d'année après d'éventuels excès à court terme", estime Nordine
Naam, stratégiste chez Natixis.
L'euro est également sur une tendance haussière face aux autres
devises, de 10% contre yen depuis mi-avril, et 6% face à la livre
sterling. Cette hausse intervient dans un contexte de très faible
volatilité sur le marché des changes et des obligations, qui a
contribué à leur vive réaction. Avant l'intervention de Mario
Draghi, la volatilité implicite 3 mois de l'euro face aux 3 autres
grandes devises était au plus bas depuis octobre 2014. Vitor
Constancio, vice-président de la BCE, appuyé par des sources
Reuters indiquait que le message de Mario Draghi a été
sur-interprété.
"L'ironie pour la BCE est que la hausse de l'euro, engendrée par
Mario Draghi lui-même, érode les pressions inflationnistes et rend
plus dure la sortie de son QE prévue d'ici la fin de l'année",
ajoute Andrew Wilson, CEO de Goldman Sachs AM.
-Patrick Aussannaire, L'Agefi. ed: ECH
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June 29, 2017 04:34 ET (08:34 GMT)
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