Par Patrick Aussannaire





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Mario Draghi a ranimé un marché léthargique. L'effet produit par le discours prononcé mardi à Sintra par le président de la BCE s'est prolongé, avec la poursuite de la hausse du rendement du Bund, malgré un léger resserrement des spreads mercredi, alors que l'euro a même frôlé une parité de 1,14 contre dollar, qui n'a pas été atteinte depuis le mois de mai 2016.



"Le dollar s'est montré incapable de récupérer ses pertes face à l'euro suite au discours de Mario Draghi, et ceci malgré le maintien d'un biais faucon par plusieurs membres de la Fed", indique Citigroup. Même s'il oscillait autour de 1,12 depuis mi-mai, l'euro s'est apprécié de 7% depuis mi-avril contre le dollar et de 9% depuis ses points bas de décembre, profitant d'un effet dollar lié à la déception sur les mesures de relance promises par Donald Trump.



"Mario Draghi a envoyé un signal de confiance, ce qui est synonyme pour le marché de normalisation monétaire à venir, y compris une réduction du QE en 2018, dans un contexte où le positionnement du marché, notamment obligataire, est largement biaisé en faveur de taux encore plus bas, et qui fait que toute correction est amplifiée à court terme", explique Frédérik Ducrozet, économiste chez Pictet.



Si la sortie du QE de la BCE sera progressive, le marché commence à anticiper une hausse des taux début 2018, et ne croit plus à un geste de la Fed avant 2018. "Les comptes spéculatifs déjà historiquement longs d'euro et redevenus neutres sur le dollar devraient fait revenir la parité euro-dollar vers 1,12 en fin d'année après d'éventuels excès à court terme", estime Nordine Naam, stratégiste chez Natixis.



L'euro est également sur une tendance haussière face aux autres devises, de 10% contre yen depuis mi-avril, et 6% face à la livre sterling. Cette hausse intervient dans un contexte de très faible volatilité sur le marché des changes et des obligations, qui a contribué à leur vive réaction. Avant l'intervention de Mario Draghi, la volatilité implicite 3 mois de l'euro face aux 3 autres grandes devises était au plus bas depuis octobre 2014. Vitor Constancio, vice-président de la BCE, appuyé par des sources Reuters indiquait que le message de Mario Draghi a été sur-interprété.



"L'ironie pour la BCE est que la hausse de l'euro, engendrée par Mario Draghi lui-même, érode les pressions inflationnistes et rend plus dure la sortie de son QE prévue d'ici la fin de l'année", ajoute Andrew Wilson, CEO de Goldman Sachs AM.





-Patrick Aussannaire, L'Agefi. ed: ECH





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June 29, 2017 04:34 ET (08:34 GMT)




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