Christine Lejoux



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--La saison des publications de résultats trimestriels dans le secteur bancaire français, dont BNP Paribas (BNP.FR) donnera le coup d'envoi vendredi, devrait témoigner de la résistance des banques hexagonales à l'environnement de taux d'intérêt toujours très bas au sein de la zone euro.



L'évolution des revenus nets d'intérêt, que les banques tirent de la transformation de ressources à court terme en prêts à long terme, fera l'objet de toutes les attentions des analystes et des investisseurs. Ces revenus nets d'intérêt, qui représentent l'une des principales composantes du produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires) au côté des commissions, se trouvent sous pression depuis plusieurs années, en raison de la faiblesse des taux, conséquence des politiques monétaires ultra-accommodantes des banques centrales.



En 2016, les revenus nets d'intérêt des cinq principales banques françaises - BNP Paribas, Société Générale (GLE.FR), Crédit Agricole SA (ACA.FR), Groupe BPCE, la maison-mère de Natixis (KN.FR), et Crédit Mutuel - ont fléchi de 2,5%, à 68,2 milliards d'euros au total, rappelle Moody's. Cette tendance devrait se poursuivre, l'agence de notation financière estimant que "les taux d'intérêt demeureront très bas dans la zone euro" en 2017 et en 2018. "Un degré élevé de politique monétaire accommodante est toujours nécessaire afin que les pressions inflationnistes sous-jacentes se renforcent", a estimé Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, le 20 juillet, à l'issue de la dernière réunion de la BCE.



Mais les banques françaises sont moins sensibles que leurs concurrentes européennes aux taux ultra-bas, grâce à la diversification de leur modèle économique, en particulier dans la gestion d'actifs, l'assurance, le conseil en fusions-acquisitions et autres métiers générateurs de commissions. Les revenus d'intérêt représentent moins de la moitié de leur PNB, contre 57% en moyenne pour les banques de la zone euro, selon Moody's.





Le trading en ligne de mire





La faiblesse des taux est en outre partiellement compensée par la hausse des volumes de crédits, corollaire de l'embellie économique en France. Arguant de l'amélioration du climat des affaires dans le pays, de bon augure pour les investissements des entreprises, et de la hausse de la confiance des ménages, les analystes de BMI Research tablent sur une augmentation des crédits de 4,1% en 2017 et de 4% en 2018. L'an dernier, les crédits aux ménages et aux entreprises ont déjà progressé de 4,3% en France, leur rythme le plus soutenu depuis 2010.



De plus, les taux bas ont au moins le mérite d'accroître la solvabilité des emprunteurs, un facteur positif pour l'évolution du coût du risque (provisions pour risques d'impayés) du secteur bancaire français. Les prêts dits "non performants" ne représentent d'ailleurs que 3,6% du total des crédits consentis par les groupes bancaires français.



Après les contreperformances des banques américaines dans le courtage au deuxième trimestre, en raison de la faible volatilité sur les marchés, cette activité sera également scrutée par les analystes durant la saison des trimestriels en France. Le métier du trading avait en outre bénéficié au deuxième trimestre 2016 d'un bond des volumes d'échanges, dans le contexte du référendum sur le Brexit. Or le courtage représente 11% des revenus bruts des banques françaises, soit une proportion bien plus élevée que dans les autres pays de la zone euro, souligne Moody's.





Des valeurs bancaires françaises "attrayantes"





Mais, d'une manière générale, "la rentabilité des banques françaises se trouve sur une tendance haussière, avec un rendement des fonds propres de 6,5%" en moyenne, ce qui "les place bien au-dessus de leurs rivales européennes", estime BMI Research. Tout en soulignant la résistance de la profitabilité de l'industrie bancaire française à la faiblesse des taux, Moody's estime toutefois que ses bénéfices stagneront, voire déclineront légèrement, sur la période 2017-2018. L'agence invoque notamment les coûts liés à la transformation numérique et à la réglementation.



La solvabilité constitue un autre point fort des établissements bancaires français. Leur ratio "core tier 1" (fonds propres de grande qualité rapportés aux actifs pondérés des risques) s'élevait à 14,9% fin 2016, un niveau bien supérieur au minimum de 7% exigé par le Comité de Bâle.



Les analystes de Vermilion Research n'hésitent donc pas à qualifier les valeurs bancaires françaises de "particulièrement attrayantes." Et ce d'autant plus que le secteur demeure relativement bon marché. Malgré leur hausse depuis le 1er janvier, liée à la dissipation du risque politique après les élections présidentielle et législatives en France, ainsi qu'à l'amélioration de la conjoncture économique, les actions BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole SA se paient 10,7, 10,9 et 12,4 fois leurs bénéfices estimés pour les douze prochains mois. A titre de comparaison, l'indice CAC 40 se traite sur la base d'un multiple de 15,13.





-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : ECH





(END) Dow Jones Newswires



July 27, 2017 05:18 ET (09:18 GMT)




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