Les analystes bancaires dressent le coût d'un "scénario noir" électoral - Market Blog
21 Avril 2017 - 05:13PM
Dow Jones News
Par Christine Lejoux
PARIS (Agefi-Dow Jones)--BNP Paribas (BNP.FR) et Société Générale
(GLE.FR.) caracolaient en tête des plus fortes hausses de l'indice
CAC 40 vendredi après-midi, avec des gains respectifs de 2,23% et
de 1,92%, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle
en France. Des performances à mettre sur le compte de la dernière
enquête Elabe, selon laquelle le candidat de centre-gauche Emmanuel
Macron, favori des investisseurs, demeure en tête des intentions de
vote, devant Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon?
Il ne faut pas l'exclure tant "l'élection présidentielle constitue
un élément clé de l'évolution des cours de Bourse des banques
françaises depuis le début de l'année", d'après les analystes de
Citigroup.
Début mars, en plein "Penelopegate" et alors que les sondages
confirmaient la montée en puissance de la candidate
d'extrême-droite Marine Le Pen, les valeurs bancaires françaises
accusaient une sous-performance de 5% par rapport à leurs
concurrentes européennes. Elles ont depuis refait une partie de
leur handicap, grâce à la stabilisation du candidat de la droite
François Fillon dans les intentions de vote et à la montée
d'Emmanuel Macron. La messe est pourtant loin d'être dite tant les
scores des quatre principaux candidats se trouvent dans un mouchoir
de poche.
Le "Frexit", un événement obligataire
Pour le secteur bancaire, le scénario noir serait celui d'un
affrontement entre les candidats d'extrême droite et d'extrême
gauche, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, au deuxième tour. En
cas de victoire de Marine Le Pen, "les valeurs financières se
retrouveraient certainement les premières sous pression", écrivent
les stratégistes de Lazard Frères Gestion. La perspective d'une
sortie de la France de la zone euro ("Frexit"), souhaitée par la
candidate FN, conduirait sans doute nombre de déposants et
d'investisseurs à retirer leurs capitaux des banques françaises
afin de les placer à l'étranger, pour les mettre à l'abri de la
dévaluation que la nouvelle monnaie nationale subirait face à
l'euro.
Outre ce risque de crise de liquidités, les banques françaises
devraient composer avec une envolée de l'écart de rendement
(spread) entre la dette d'Etat française à 10 ans et la dette
d'Etat allemande de même maturité, les investisseurs réclamant une
plus forte rémunération pour détenir des obligations souveraines
françaises, qui seraient jugées plus risquées.
En raison de l'exposition conséquente des groupes bancaires
français à la dette souveraine française, les inquiétudes sur la
qualité de celle-ci pénaliseraient les ratios de solvabilité des
banques. Une hausse de 100 points de base du spread entre l'OAT
française et le Bund allemand entaillerait en moyenne de 12 points
de base les ratios de fonds propres "durs" (de très grande qualité)
de BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole SA (ACA.FR),
estiment les analystes de Citi.
Un bond de 15% à 20% en Bourse si Le Pen perd
La hausse du spread entre l'OAT française et le Bund allemand
renchérirait également le coût du capital pour les établissements
bancaires français, alors même qu'ils devront émettre de la dette
au cours des toutes prochaines années afin de se conformer à des
ratios réglementaires comme le TLAC (Total Loss Absorbing
Capacity). "Les spreads sur les dettes du secteur public et des
entreprises françaises seraient très probablement affectés et il
n'y a pas de raison que ceux des banques ne le soient pas",
souligne l'agence de notation Scope Ratings.
Au total, avec en outre une économie française davantage repliée
sur elle-même, une victoire de Marine Le Pen pourrait coûter un
quart de leur capitalisation boursière aux banques françaises,
selon Citi. Mais Scope Ratings estime qu'un succès de Jean-Luc
Mélenchon pourrait être plus dommageable encore pour le secteur, en
raison des risques de scission des activités de banque de détail et
de banque de financement et d'investissement, voire de
nationalisation de banques françaises, qu'entraînerait l'élection
du candidat de la France insoumise.
C'est donc un duel entre Emmanuel Macron et François Fillon qui
représenterait le scénario le plus favorable pour l'industrie
bancaire, pour l'ensemble des opérateurs de marché, chacun de ces
deux candidats érigeant les réformes économiques et la croissance
au rang de priorités. De quoi redynamiser ces valeurs éminemment
cycliques que sont les bancaires, pronostique Saxo Banque. Morgan
Stanley estime même qu'un échec de Marine Le Pen à la
présidentielle pourrait engendrer un bond de 15% à 20% des cours de
Bourse de BNP Paribas et de Société Générale.
-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ;
clejoux@agefi.fr ed : ECH
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