Par Christine Lejoux





PARIS (Agefi-Dow Jones)--BNP Paribas (BNP.FR) et Société Générale (GLE.FR.) caracolaient en tête des plus fortes hausses de l'indice CAC 40 vendredi après-midi, avec des gains respectifs de 2,23% et de 1,92%, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle en France. Des performances à mettre sur le compte de la dernière enquête Elabe, selon laquelle le candidat de centre-gauche Emmanuel Macron, favori des investisseurs, demeure en tête des intentions de vote, devant Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon? Il ne faut pas l'exclure tant "l'élection présidentielle constitue un élément clé de l'évolution des cours de Bourse des banques françaises depuis le début de l'année", d'après les analystes de Citigroup.



Début mars, en plein "Penelopegate" et alors que les sondages confirmaient la montée en puissance de la candidate d'extrême-droite Marine Le Pen, les valeurs bancaires françaises accusaient une sous-performance de 5% par rapport à leurs concurrentes européennes. Elles ont depuis refait une partie de leur handicap, grâce à la stabilisation du candidat de la droite François Fillon dans les intentions de vote et à la montée d'Emmanuel Macron. La messe est pourtant loin d'être dite tant les scores des quatre principaux candidats se trouvent dans un mouchoir de poche.





Le "Frexit", un événement obligataire





Pour le secteur bancaire, le scénario noir serait celui d'un affrontement entre les candidats d'extrême droite et d'extrême gauche, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, au deuxième tour. En cas de victoire de Marine Le Pen, "les valeurs financières se retrouveraient certainement les premières sous pression", écrivent les stratégistes de Lazard Frères Gestion. La perspective d'une sortie de la France de la zone euro ("Frexit"), souhaitée par la candidate FN, conduirait sans doute nombre de déposants et d'investisseurs à retirer leurs capitaux des banques françaises afin de les placer à l'étranger, pour les mettre à l'abri de la dévaluation que la nouvelle monnaie nationale subirait face à l'euro.



Outre ce risque de crise de liquidités, les banques françaises devraient composer avec une envolée de l'écart de rendement (spread) entre la dette d'Etat française à 10 ans et la dette d'Etat allemande de même maturité, les investisseurs réclamant une plus forte rémunération pour détenir des obligations souveraines françaises, qui seraient jugées plus risquées.



En raison de l'exposition conséquente des groupes bancaires français à la dette souveraine française, les inquiétudes sur la qualité de celle-ci pénaliseraient les ratios de solvabilité des banques. Une hausse de 100 points de base du spread entre l'OAT française et le Bund allemand entaillerait en moyenne de 12 points de base les ratios de fonds propres "durs" (de très grande qualité) de BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole SA (ACA.FR), estiment les analystes de Citi.





Un bond de 15% à 20% en Bourse si Le Pen perd





La hausse du spread entre l'OAT française et le Bund allemand renchérirait également le coût du capital pour les établissements bancaires français, alors même qu'ils devront émettre de la dette au cours des toutes prochaines années afin de se conformer à des ratios réglementaires comme le TLAC (Total Loss Absorbing Capacity). "Les spreads sur les dettes du secteur public et des entreprises françaises seraient très probablement affectés et il n'y a pas de raison que ceux des banques ne le soient pas", souligne l'agence de notation Scope Ratings.



Au total, avec en outre une économie française davantage repliée sur elle-même, une victoire de Marine Le Pen pourrait coûter un quart de leur capitalisation boursière aux banques françaises, selon Citi. Mais Scope Ratings estime qu'un succès de Jean-Luc Mélenchon pourrait être plus dommageable encore pour le secteur, en raison des risques de scission des activités de banque de détail et de banque de financement et d'investissement, voire de nationalisation de banques françaises, qu'entraînerait l'élection du candidat de la France insoumise.



C'est donc un duel entre Emmanuel Macron et François Fillon qui représenterait le scénario le plus favorable pour l'industrie bancaire, pour l'ensemble des opérateurs de marché, chacun de ces deux candidats érigeant les réformes économiques et la croissance au rang de priorités. De quoi redynamiser ces valeurs éminemment cycliques que sont les bancaires, pronostique Saxo Banque. Morgan Stanley estime même qu'un échec de Marine Le Pen à la présidentielle pourrait engendrer un bond de 15% à 20% des cours de Bourse de BNP Paribas et de Société Générale.





-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : ECH





"Le Market Blog" est le blog économique et financier de L'Agefi-Dow Jones.





(END) Dow Jones Newswires



April 21, 2017 10:53 ET (14:53 GMT)




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