Olivier Pinaud,



L'Agefi





Paris (Agefi-Dow Jones)--Suez, Elis, Direct Energie, Europcar, Gecina… Le marché français du M&A vient de connaître ces derniers jours un coup de chaud inédit depuis des années. Réalisées dans des secteurs et pour des montants différents, ces opérations ont néanmoins un point commun: être partiellement financées par augmentation de capital.



Ce mouvement avait été ouvert par Air Liquide à l'automne 2016 avec un appel au marché de 3,3 milliards d'euros pour acheter Airgas. Foncière des Régions puis Elis, une première fois, s'étaient ensuite engouffrés dans la brèche début 2017 avant que le cycle électoral vienne geler les projets.





"Des opérations créatrices de valeur"





La reprise des affaires et la réaction des marchés à l'annonce des opérations prouvent que les investisseurs ne considèrent plus les M&A comme un facteur de risque, même si l'émission d'actions nouvelles dilue leurs positions. L'exemple d'Europcar est frappant: le cours a gagné 1,23% lundi dernier à l'annonce de l'acquisition de Goldcar, puis 2,7% supplémentaires lors des trois séances suivant l'augmentation de capital.



"Dans le contexte de marché actuel, avec des indices et des valorisations proches de leurs plus hauts, les fusions-acquisitions bien financées et avec une logique industrielle forte sont vues par les gérants actions comme des opérations créatrices de valeur en mesure de générer de la performance additionnelle", explique Igor Donio, responsable de l'equity capital market (ECM) pour la France chez BNP Paribas.



Sans compter qu'aujourd'hui, "les conditions de financement sur le marché de la dette sont telles qu'en ajoutant les synergies éventuelles, une acquisition se révèle rapidement relutive pour le bénéfice par action, malgré l'effet de dilution lié à l'augmentation de capital", appuie Jean-Baptiste Giros, coresponsable de l'ECM France et Benelux chez SG CIB. Pour ces raisons, les investisseurs actions ne se font donc pas prier pour suivre une augmentation de capital destinée à financer une acquisition.





Décotes extrêmement serrées





Un appétit qui profite aux émetteurs, souligne Charles-Henry Gaultier, en charge de l'ECM pour la France chez Deutsche Bank: "Les décotes des augmentations de capital se sont resserrées par rapport aux moyennes historiques, rendant ainsi plus acceptable pour les entreprises la dilution créée par l'émission des nouveaux titres." Dans le cas de Suez, la décote de la levée de fonds destinée à financer le rachat de GE Water n'était que de 2,8%, contre une moyenne historique pour ce type de placement plus proche de 5%. L'opération offre donc un gain de valeur immédiat à l'émetteur.



"Les valorisations élevées limitent le degré de dilution, ce qui facilite l'acceptation du principe de l'augmentation de capital par les investisseurs historiques, notamment les fonds de private equity, d'autant que le M&A permet d'augmenter la taille de l'entreprise ainsi que la liquidité de son marché et donc, au final, laisse espérer une meilleure valorisation à terme", insiste Igor Donio. Eurazeo, pourtant sur une trajectoire de sortie sur ces dossiers, a par exemple suivi l'augmentation de capital d'Elis en début d'année et celle, récente, d'Europcar.



Une augmentation de capital en soutien d'une acquisition "représente aussi un événement de liquidité pour le titre, notamment pour les entreprises de taille moyenne, ce qui contribue à lever un frein à l'investissement pour les actionnaires habitués à entrer sur des parts importantes en capital", ajoute Antoine de Guillenchmidt, responsable de l'ECM pour la France et la Scandinavie chez Goldman Sachs. Le fonds de pension canadien CPPIB va ainsi profiter de la prochaine augmentation de capital d'Elis pour accroître sa position au capital. En plus d'une volatilité évaporée, la participation soutenue de ces grands institutionnels permet de quasiment supprimer le risque inhérent à ce type d'opération de marché.





Une visibilité quasi parfaite





Les émetteurs et leurs actionnaires disposent ainsi d'une visibilité quasi parfaite pour se lancer dans une augmentation de capital, avec une grande possibilité de solutions. La bonne tenue des cours de Bourse a même permis "de mettre en oeuvre des augmentations de capital sans droit préférentiel de souscription" par constitution de livre d'ordres accélérée (accelerated book building, ABB), souligne Charles-Henry Gaultier. Une voie pourtant compliquée en raison de contraintes légales, notamment celle interdisant d'émettre des titres avec une décote de plus de 5% par rapport à la moyenne des trois derniers cours de Bourse pondérée par les volumes. En cas de réaction négative de l'action au moment de l'annonce de l'acquisition, l'ABB devient quasiment impossible à mettre en oeuvre. Mais vu la réaction des marchés, Suez et Europcar n'ont eu aucun mal à employer cette solution.





-Olivier Pinaud, L'Agefi ed: ECH





L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones





(END) Dow Jones Newswires



June 26, 2017 04:04 ET (08:04 GMT)




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