Par Patrick Aussannaire





PARIS (Agefi-Dow Jones)--La remontée de l'euro est aussi fulgurante qu'inattendue. La critique d'un euro jugé "trop faible" par la chancelière Angela Merkel du fait de la politique ultra-accommodante menée par la BCE a entraîné un nouvel accès de fièvre de la monnaie unique.



Son cours s'est apprécié de 3,5% face au dollar depuis environ deux semaines et de 6,5% depuis début avril pour repasser au-dessus de 1,12 pour la première fois depuis l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche en novembre dernier. En outre, le "risk reversal" à trois mois est symboliquement repassé en territoire positif lundi pour se hisser à un plus haut depuis septembre 2009, ce qui traduit des anticipations d'une poursuite de la tendance haussière de l'euro contre dollar par le marché des options au cours des trois prochains mois.



"Après les élections présidentielles en France, si beaucoup considéraient que l'euro devait remonter, c'est le rythme d'appréciation qui pose la question de savoir jusqu'où il peut aller, sa progression étant plus forte que ne le suggère l'évolution des swaps spreads à deux et cinq ans. Les niveaux de spreads sur la partie longue de la courbe expliquent cette surperformance récente de l'euro", précise Nomura.



Le spread entre les rendements des Treasuries à dix ans et du Bund s'est resserré de 33 points de base (pb) depuis début avril et 55 pb depuis fin décembre, pour revenir à 183 pb, son plus bas de l'année. La hausse du taux allemand à 0,42% s'explique par le fait que les marchés intègrent la levée du risque déflationniste et par l'amélioration des perspectives économiques en zone euro, a indiqué lundi Benoit Cœuré, membre de la BCE.



Ce rebond de l'euro dépasse le strict cadre d'un dollar pénalisé par les déboires de Donald Trump, qui mettent un nouveau coup de canif aux espoirs d'un plan de relance budgétaire de grande ampleur aux Etats-Unis. La monnaie unique a même ravi au yen son rôle de devise refuge en gagnant 8,5% face à la devise nipponne depuis mi-avril pour franchir le seuil de 125 yens pour la première fois depuis plus d'un an. L'euro s'est également apprécié de plus de 2% face à la couronne suédoise et au franc suisse et de 4% face à la livre.



Devant les craintes d'un resserrement des conditions de taux et changes en zone euro menaçant la reprise de l'activité, Benoit Cœuré s'est dit "convaincu que le message clair délivré au moment opportun" par la BCE permettra d'éviter un tel scénario.



La pression sur la BCE à l'approche de sa prochaine réunion de politique monétaire, le 8 juin.





-Patrick Aussannaire, L'Agefi ed: VLV





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May 24, 2017 03:01 ET (07:01 GMT)




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