Par Christine Lejoux





PARIS (Agefi-Dow Jones)--En Bourse, le secteur bancaire s'affirme lundi comme le grand vainqueur du premier tour de l'élection présidentielle en France, qui a placé Emmanuel Macron, le candidat de centre-gauche, favori des marchés, en tête des suffrages devant Marine Le Pen.



Société Générale (GLE.FR), Crédit Agricole SA (ACA.FR) et BNP Paribas (BNP.FR) forment le trio de tête des plus fortes hausses de l'indice CAC 40, avec des envolées respectives de 9,21%, 8,93% et 7,90% en fin de matinée. Les performances de leurs concurrentes européennes sont à l'avenant, avec un bond de 4,30% de l'indice Stoxx Europe 600 Banks.



Les investisseurs saluent l'écartement du scénario noir qu'ils redoutaient pour le secteur bancaire, à savoir un deuxième tour qui aurait vu un affrontement entre les candidats d'extrême-droite et d'extrême-gauche, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Une victoire de celui-ci au scrutin présidentiel aurait été synonyme de risque de scission des activités de banque de détail des métiers de banques de financement et d'investissement, voire de nationalisation pure et simple de certains établissements bancaires.





Resserrement du spread entre l'OAT et le Bund





Marine Le Pen, elle, demeure en lice, mais son succès à l'élection présidentielle semble peu probable, d'après les sondages Ipsos Sopra Steria et Harris Interactive, qui créditent respectivement Emmanuel Macron de 62% et de 64% des intentions de vote au second tour.



Un soulagement pour les valeurs bancaires car une sortie de la France de la zone euro ("Frexit"), souhaitée par la candidate Front National, déboucherait sans doute sur une crise de liquidités pour les banques, confrontées à des retraits massifs d'avoirs de déposants et d'investisseurs soucieux de placer leur argent à l'abri d'une dévaluation monétaire.



La perspective d'un Frexit aurait en outre accentué l'écart de rendement ("spread") entre la dette d'Etat française à 10 ans et la dette allemande de même échéance. Cette perception, par les opérateurs de marché, d'une moindre qualité de la dette souveraine française aurait rejailli sur les ratios de solvabilité des banques, en raison de l'exposition conséquente de celles-ci aux emprunts d'Etat français. La hausse de l'écart de rendement entre l'OAT française et le Bund allemand se serait également répercutée sur les spreads des dettes des banques, renchérissant leur coût du capital.





Une position favorable sur la réglementation





Au contraire, au lendemain du premier tour de la présidentielle, le spread entre l'OAT et le Bund se resserrait de façon notable, de 14 points, après avoir grimpé de 30 points environ entre le 1er janvier et le 21 avril 2017. Et cet écart de rendement "pourrait continuer à se resserrer", avance la société de gestion d'actifs Candriam, dans une note à ses clients.



Plus largement, "la victoire au second tour d'Emmanuel Macron, un réformateur centriste pro-européen, est fortement probable (…). Au cours des prochains jours, nous pouvons donc nous attendre à voir une surperformance du secteur financier en France et en Europe, illustrant la baisse du risque politique", estime Vincent Durel, gérant chez Fidelity International.



Sans verser dans la vision simpliste d'un "Emmanuel Macron, candidat de la finance" au motif de ses quatre ans passés chez Rothschild, les perspectives du secteur bancaire en cas de succès du fondateur d'En Marche ! à la présidentielle semblent d'autant plus engageantes que l'ancien ministre de l'Economie a récemment tenu des propos rassurants au sujet de la réglementation.



Le 6 mars, dans le cadre d'un débat organisé par la Confédération des PME, Emmanuel Macron avait déclaré souhaiter que les règles relatives aux fonds propres des banques ne soient plus définies par les autorités prudentielles internationales mais discutées par les ministres des Finances européens. Histoire de ne plus "se faire avoir" par des régulations "pas adaptées à la France", une économie qui n'était "pour rien dans l'origine de la crise" financière, avait asséné le candidat d'En Marche !



Mais, aussi séduisant soit-il pour le secteur bancaire, le programme d'Emmanuel Macron verra sans doute sa mise en oeuvre restreinte par la difficulté, s'il est élu président de la République, à former une majorité à l'Assemblée nationale. Les investisseurs ne doivent pas oublier l'importance déterminante à cet égard des élections législatives de juin.





-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : ECH





"Le Market Blog" est le blog économique et financier de L'Agefi-Dow Jones.





(END) Dow Jones Newswires



April 24, 2017 06:32 ET (10:32 GMT)




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