Macron et son programme, catalyseurs d'un secteur financier surperformant -Market Blog
24 Avril 2017 - 12:52PM
Dow Jones News
Par Christine Lejoux
PARIS (Agefi-Dow Jones)--En Bourse, le secteur bancaire s'affirme
lundi comme le grand vainqueur du premier tour de l'élection
présidentielle en France, qui a placé Emmanuel Macron, le candidat
de centre-gauche, favori des marchés, en tête des suffrages devant
Marine Le Pen.
Société Générale (GLE.FR), Crédit Agricole SA (ACA.FR) et BNP
Paribas (BNP.FR) forment le trio de tête des plus fortes hausses de
l'indice CAC 40, avec des envolées respectives de 9,21%, 8,93% et
7,90% en fin de matinée. Les performances de leurs concurrentes
européennes sont à l'avenant, avec un bond de 4,30% de l'indice
Stoxx Europe 600 Banks.
Les investisseurs saluent l'écartement du scénario noir qu'ils
redoutaient pour le secteur bancaire, à savoir un deuxième tour qui
aurait vu un affrontement entre les candidats d'extrême-droite et
d'extrême-gauche, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Une victoire
de celui-ci au scrutin présidentiel aurait été synonyme de risque
de scission des activités de banque de détail des métiers de
banques de financement et d'investissement, voire de
nationalisation pure et simple de certains établissements
bancaires.
Resserrement du spread entre l'OAT et le Bund
Marine Le Pen, elle, demeure en lice, mais son succès à l'élection
présidentielle semble peu probable, d'après les sondages Ipsos
Sopra Steria et Harris Interactive, qui créditent respectivement
Emmanuel Macron de 62% et de 64% des intentions de vote au second
tour.
Un soulagement pour les valeurs bancaires car une sortie de la
France de la zone euro ("Frexit"), souhaitée par la candidate Front
National, déboucherait sans doute sur une crise de liquidités pour
les banques, confrontées à des retraits massifs d'avoirs de
déposants et d'investisseurs soucieux de placer leur argent à
l'abri d'une dévaluation monétaire.
La perspective d'un Frexit aurait en outre accentué l'écart de
rendement ("spread") entre la dette d'Etat française à 10 ans et la
dette allemande de même échéance. Cette perception, par les
opérateurs de marché, d'une moindre qualité de la dette souveraine
française aurait rejailli sur les ratios de solvabilité des
banques, en raison de l'exposition conséquente de celles-ci aux
emprunts d'Etat français. La hausse de l'écart de rendement entre
l'OAT française et le Bund allemand se serait également répercutée
sur les spreads des dettes des banques, renchérissant leur coût du
capital.
Une position favorable sur la réglementation
Au contraire, au lendemain du premier tour de la présidentielle, le
spread entre l'OAT et le Bund se resserrait de façon notable, de 14
points, après avoir grimpé de 30 points environ entre le 1er
janvier et le 21 avril 2017. Et cet écart de rendement "pourrait
continuer à se resserrer", avance la société de gestion d'actifs
Candriam, dans une note à ses clients.
Plus largement, "la victoire au second tour d'Emmanuel Macron, un
réformateur centriste pro-européen, est fortement probable (…). Au
cours des prochains jours, nous pouvons donc nous attendre à voir
une surperformance du secteur financier en France et en Europe,
illustrant la baisse du risque politique", estime Vincent Durel,
gérant chez Fidelity International.
Sans verser dans la vision simpliste d'un "Emmanuel Macron,
candidat de la finance" au motif de ses quatre ans passés chez
Rothschild, les perspectives du secteur bancaire en cas de succès
du fondateur d'En Marche ! à la présidentielle semblent d'autant
plus engageantes que l'ancien ministre de l'Economie a récemment
tenu des propos rassurants au sujet de la réglementation.
Le 6 mars, dans le cadre d'un débat organisé par la Confédération
des PME, Emmanuel Macron avait déclaré souhaiter que les règles
relatives aux fonds propres des banques ne soient plus définies par
les autorités prudentielles internationales mais discutées par les
ministres des Finances européens. Histoire de ne plus "se faire
avoir" par des régulations "pas adaptées à la France", une économie
qui n'était "pour rien dans l'origine de la crise" financière,
avait asséné le candidat d'En Marche !
Mais, aussi séduisant soit-il pour le secteur bancaire, le
programme d'Emmanuel Macron verra sans doute sa mise en oeuvre
restreinte par la difficulté, s'il est élu président de la
République, à former une majorité à l'Assemblée nationale. Les
investisseurs ne doivent pas oublier l'importance déterminante à
cet égard des élections législatives de juin.
-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ;
clejoux@agefi.fr ed : ECH
"Le Market Blog" est le blog économique et financier de L'Agefi-Dow
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