Trop sévère, la sanction infligée à Ingenico (ING.FR) après ses résultats semestriels ?



L'action du fournisseur de terminaux et de solutions de paiement électronique chutait mercredi de 12% dans un marché en hausse quasi-générale. Le groupe a pourtant maintenu ses objectifs annuels, malgré une performance semestrielle certes sans relief. Mais l'examen de ses comptes incite à une certaine prudence sur une valeur jusqu'à présent plébiscitée.





Un parcours à faire des envieux





Peut-être les investisseurs attendaient-ils trop d'Ingenico.



Avec la régularité d'un métronome, le groupe les avait habitués à relever ses prévisions en cours d'année. Depuis 2009, Ingenico a systématiquement dépassé ses objectifs annuels. Le groupe a même atteint avec deux ans d'avance les objectifs de son plan 2009-2013 et avec un an d'avance ceux de son plan 2013-2016.



Ce qui lui a valu d'être particulièrement recherché en Bourse. A près de 98 euros, l'action Ingenico s'échange respectivement 20,5 et 17,9 fois les résultats attendus cette année et en 2017, d'après FactSet. A ces niveaux de cours, le groupe n'a pas le droit de décevoir, a noté Bank of America Merrill Lynch.



"Worldpay (WPG.LN) et Wirecard (WDI.XE) offrent des profils de croissance similaires ou supérieurs, avec une meilleure visibilité et des valorisations relativement plus attractives", selon la banque.





Mais des doutes sur 2016...





Mais la déception provoquée par les comptes du premier semestre n'est pas liée qu'à des attentes trop élevées.



Ingenico avait prévenu que 2016 constituerait une année de transition consacrée aux investissements, ce qui pèserait temporairement sur ses marges. La contraction de 2% à 244 millions d'euros de sa marge brute d'exploitation - ressortie à 21,5% du chiffre d'affaires contre 23,6% un an plus tôt - ne constitue donc qu'une demi-surprise.



La véritable déconvenue sur le semestre est liée à la dégradation brutale de son activité au Brésil, et au ralentissement de celle aux Etats-Unis, qui ont entraîné un ralentissement de sa croissance organique de 15% au premier trimestre à 9% au deuxième.



Avec une croissance organique de 12% au premier semestre, Ingenico n'a plus beaucoup d'avance sur son objectif annuel d'une hausse d'au moins 10%. Et si ce dernier a été maintenu, le groupe n'a pas formellement confirmé son objectif d'une croissance à deux chiffres aux Etats-Unis, après 11% au deuxième trimestre.





Et à plus long terme





Naturellement, l'accès de faiblesse accusé par Ingenico au deuxième trimestre ne milite pas en faveur de ses objectifs à long terme. D'autant que les analystes ont prudemment évité de pleinement les intégrer dans leurs prévisions.



En mars, le groupe s'est fixé pour objectif de doubler son chiffre d'affaires à 4 milliards d'euros en 2020, et de retrouver d'ici là une marge brute d'exploitation comprise entre 22% et 23%. Pour sa part, le consensus FactSet n'anticipe encore qu'un chiffre d'affaires inférieur à 3,5 milliards d'euros, avec une marge brute d'exploitation de 22,9%.



Pour justifier leur prudence, les analystes évoquent notamment un ralentissement à venir de la croissance en Asie, une phase de consolidation aux Etats-Unis après l'essor des dernières années, ou encore la nécessité de maintenir des investissements élevés dans les solutions de paiement électronique, un secteur aussi concurrentiel que dynamique.



L'accès de faiblesse observé au deuxième trimestre pourrait s'avérer n'avoir été qu'un accroc dans un parcours exemplaire. Mais il a le mérite de rappeler que même Ingenico n'est pas à l'abri de mauvaises surprises. Et de montrer que les perspectives du groupe méritent d'être progressivement et régulièrement validées.





- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@wsj.com ed: ECH





(END) Dow Jones Newswires



July 27, 2016 09:45 ET (13:45 GMT)




Copyright (c) 2016 Dow Jones & Company, Inc.