L'information a de quoi laisser perplexe. Ingenico (ING.FR) a offert 6 milliards de livres, ou environ 8,2 milliards d'euros, pour le spécialiste des transactions électroniques Worldpay, a affirmé la chaîne d'information britannique Sky News. Le français a refusé de commenter ce qu'il qualifie de rumeur. Les investisseurs en sont réduits à des hypothèses. Elles incitent à la plus grande prudence.





La plus grande acquisition de son histoire





L'opération semble pour le moins risquée. Certes, la réputation du fabricant de terminaux de paiement en matière d'intégration d'entreprises n'est plus à faire. Mais Ingenico n'a jamais racheté d'aussi grosse société. Avec un chiffre d'affaires équivalent à 5 milliards d'euros en 2014, Worldpay est tout de même 2,3 fois plus gros que le français. La plus grande acquisition jamais réalisée par Ingenico reste celle, finalisée début 2015, de GlobalCollect pour 820 millions d'euros.



En outre, une reprise du britannique serait d'autant plus risquée que le travail à y réaliser pourrait être important. La marge brute d'exploitation de Worldpay n'a guère été que de 10,3% en 2014, contre 23,4% pour Ingenico.





Un effort financier sans précédent





La transaction demanderait un très gros effort financier, pour Ingenico comme pour ses actionnaires. Même en portant la dette du futur groupe à 4 fois son excédent brut d'exploitation annuel, ce qui nécessiterait de renégocier ses engagements bancaires, Ingenico serait contraint de réaliser une augmentation de capital de près de 4 milliards d'euros, selon Natixis. En comparaison, la capitalisation du groupe s'élève actuellement à 6,8 milliards d'euros.



Bien entendu, un rapprochement avec Worldpay permettrait à Ingenico de dégager de substantielles synergies, ce qui permettrait d'adoucir la note finale de la transaction. Mais la présence de nombreux candidats au rachat du britannique pourrait à l'inverse pousser les prix à la hausse. D'après Sky News, au moins un des prétendants au rachat de l'ancienne filiale de Royal Bank of Scotland la valorise 6,5 milliards de livres, ce qui équivaut à 8,9 milliards d'euros.





Coup de bluff?





Dans le principe, un rapprochement entre les deux groupes ne manque pas d'intérêt stratégique. Alors que la vente de terminaux de paiement génère actuellement plus des deux tiers du chiffre d'affaires d'Ingenico, une reprise de Worldpay lui permettrait selon Natixis de réduire cette proportion à 20%, et de se préparer à l'inéluctable arrivée à maturité de son marché historique.



Mais cela justifie-t-il de prendre un tel risque financier et opérationnel ? Les analystes sont dubitatifs. "Nous donnons à cette opération une probabilité de 20% et préférerions qu'Ingenico ne prenne pas le risque de réaliser cette acquisition et de détruire ses bons fondamentaux ", a estimé Bryan Garnier. Après tout, le groupe n'est peut-être entré dans la course que pour pouvoir examiner les comptes de Worldpay et faire monter les enchères. Malheureusement, en l'absence de commentaire de l'entreprise, les investisseurs en sont réduits à spéculer.



- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@wsj.com (ed/EC)





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August 31, 2015 08:08 ET (12:08 GMT)




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