Pour poursuivre son beau parcours en Bourse, Orange (ORA.FR) devra se montrer convaincant lors de sa journée investisseurs prévue le 17 mars. A cette occasion, le groupe de télécommunications doit détailler ses perspectives et sa stratégie à l'horizon 2020. Les analystes et opérateurs de marché attendent beaucoup de cette présentation, car de nombreuses questions restent en suspens.



En premier lieu, le retour à la croissance de l'opérateur historique - son éventualité et son calendrier - demande à être clarifier. "Alors que les résultats 2014 et les prévisions pour 2015 sont connus (...), le point clé est désormais de savoir si Orange peut renouer avec la croissance sur le long terme", pointent les analystes d'Exane BNP Paribas.



L'an dernier, les performances d'Orange ont montré une nette amélioration mais la prudence reste de mise. En 2015, le groupe prévoit une nouvelle baisse de son excédent brut d'exploitation (Ebitda) retraité. Le chiffre d'affaires devrait se stabiliser quelque part entre 2015 et 2016, a indiqué la direction.



Les analystes sont plus partagés. Pour Exane, un retour à la croissance du chiffre d'affaire même dans un horizon long terme, à savoir d'ici 2018, sera difficile. Au mieux, Orange pourrait-il renouer avec une légère croissance de son Ebitda en 2016, estime l'intermédaire.



Plus optimiste, Goldman Sachs vise une progression de l'Ebitda dès cette année, principalement grâce à la poursuite des réductions de coûts. "Il n'est pas certain qu'Orange donnera un objectif explicite sur la croissance" lors de sa journée investisseurs, préviennent néanmoins les analystes du broker américain.



Comment faire progresser le dividende ?



La perspective d'un retour de la croissance à moyen terme soulève par ailleurs des questions sur la stratégie du groupe en matière de dividende. Orange devra préciser comment il "compte renouer avec la progression de son dividende étant donné sa forte exposition à un marché domestique où les perspectives économiques sont mitigées et les pressions politiques élevées", soulignent les analystes de Jefferies.



La direction d'Orange se veut pour sa part "raisonnablement optimiste" sur la capacité du groupe à augmenter son dividende à moyen terme grâce à la progression attendue du résultat d'exploitation. En attendant, pour l'exercice 2014, le coupon est resté inchangé, à 0,60 euro par titre.



Mais plus que sur le dividende, Orange pourrait préciser sa stratégie en matière de fusions-acquisitions. En la matière, le groupe a été très actif ces derniers temps avec la cession de sa coentreprise britannique EE et le rachat de l'espagnol Jazztel pour 3,4 milliards d'euros. Début mars, le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a par ailleurs écarté une offre sur Telecom Italia (TIT.MI) tout en précisant qu'il considérait une telle opération attrayante.



Selon des informations du Wall Street Journal, Orange pourrait en outre annoncer dans les prochains jours la signature d'un accord pour entrer en négociations exclusives avec le chinois PCCW pour lui céder 49% de sa filiale de vidéos en streaming Dailymotion.



La consolidation en France reste un sujet clé



Les analystes pointent d'éventuelles opérations en Afrique ou en Europe, notamment en Pologne et en Belgique. Mais l'état de la consolidation du marché des télécoms en France sera aussi une question clé. Malgré le statu quo actuel, beaucoup d'analystes considèrent que le mouvement devrait se poursuivre, en pariant sur une reprise de Bouygues Telecom par Numericable-SFR (NUM.FR).



Cette hypothèse est intégrée dans l'objectif de cours de beaucoup d'analystes. Exane a ainsi évalué l'impact d'une consolidation en France à 1,7 euro supplémentaire sur le cours de Bourse d'Orange et a relevé en conséquence son objectif sur le titre. Toute temporisation ou déception sur un rapprochement entre opérateurs français constitue donc un risque sur le cours de Bourse de l'opérateur.



Face à cette incertitude, les investisseurs voudront avoir des signaux clairs en matière de croissance et de dividende. Si l'exercice de communication est réussi, la présentation stratégique de mardi pourrait conduire à une révison à la hausse des estimations et à une nouvelle valorisation du titre, qui a déjà grimpé de près de 50% en un an, estime Goldman Sachs. A l'inverse, la sanction pourrait être rude.



-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com



"Le Market Blog" est le blog économique et financier du Service français de Dow Jones Newswires.