Pour les valeurs françaises, l'accord grec ne doit pas faire oublier la Chine -DJ Plus
13 Juillet 2015 - 3:51PM
Dow Jones News
L'heure est au champagne et aux cotillons sur les marchés
boursiers français et européens, après l'annonce d'un accord pour
maintenir la Grèce dans la zone euro. Soutenu par la totalité de
ses valeurs, le CAC 40 grimpait lundi de presque 2%. Les
investisseurs n'ont pourtant pas que des raisons de se réjouir.
Reléguée au second plan par le drame grec, la chute de 30% de la
Bourse de Shanghai ces trois dernières semaines devrait les inciter
à la prudence. Elle constitue un nouveau révélateur des
déséquilibres et des bulles qui affectent l'économie chinoise.
La Chine, un moteur de croissance pour nombre de sociétés
françaises
Certes, une sortie de la Grèce de la zone euro eut constitué un
saut dans l'inconnu, et l'accord annoncé lundi mérite d'être salué.
Mais l'Europe, la France et ses entreprises ont eu plusieurs années
pour circonscrire le risque grec. A contrario, leurs entreprises
sont nombreuses à s'être tournées vers le marché chinois pour y
trouver de nouveaux relais de croissance. Or la Chine donne de plus
en plus de signes de fatigue et de fragilité.
Son économie doit être surveillée, ainsi que les entreprises qui y
sont exposées. "Nos analystes actions ont déjà constaté une
inflexion de discours de la part des sociétés implantées en Chine
et exposées à la consommation", s'est inquiété Natixis
vendredi.
Retour de balancier pour l'Europe
Heureusement, le raffermissement en cours de l'économie européenne
permettrait à certaines de ses entreprises de compenser en partie
un ralentissement chinois. D'une manière plus générale, l'Europe
pourrait même profiter d'un nouveau ralentissement de la Chine,
dans la mesure où cela pourrait peser sur les prix des matières
premières et des produits de base. "Les valeurs exposées à l'Europe
profiteraient d'une amélioration de leur visibilité sur le cycle
européen", a estimé Natixis, en marquant sa préférence pour les
actions des pays développés contre celles des pays émergents.
Une première grille de lecture
Dans une étude publiée vendredi, la banque a procédé à un premier
passage en revue de l'exposition des valeurs françaises suivies par
ses analystes à la Chine et à l'Europe.
Les secteurs du luxe, des spiritueux, de l'Automobile et de
l'aéronautique ressortent parmi les plus manifestement exposés à la
Chine. Toutefois, Natixis indique que les valeurs du luxe ainsi que
celles de l'automobile sont également fortement exposées à
l'Europe. Parmi les valeurs moyennes exposées à la Chine, la
société de Bourse cite également Seb (SK.FR), à hauteur de 15% du
résultat opérationnel, ainsi qu'Ingenico (ING.FR), qui y
réaliserait 15% du chiffre d'affaires.
A l'inverse, Natixis indique que les valeurs télécoms françaises
sont presque exclusivement exposées à l'Europe. La banque souligne
que c'est également le cas du groupe de restauration collective
Elior (ELIOR.FR), ou des gestionnaires de maisons de retraite Orpea
(ORP.FR) et Korian (KORI.FR).
Des prévisions à préciser au cas par cas
Ce passage en revue demande à être affiné au cas par cas, comme le
souligne Natixis. L'impact que pourrait avoir un nouvel accès de
faiblesse de la Chine dépendra également de l'ampleur d'un nouveau
ralentissement de l'économie chinoise. Car si l'accord européen
autour du dossier grec permet d'espérer une amélioration de la
visibilité sur l'économie européenne, les incertitudes sur la Chine
restent élevées.
-Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71;
ambroise.ecorcheville@wsj.com (ed/EC)