L'heure est au champagne et aux cotillons sur les marchés boursiers français et européens, après l'annonce d'un accord pour maintenir la Grèce dans la zone euro. Soutenu par la totalité de ses valeurs, le CAC 40 grimpait lundi de presque 2%. Les investisseurs n'ont pourtant pas que des raisons de se réjouir. Reléguée au second plan par le drame grec, la chute de 30% de la Bourse de Shanghai ces trois dernières semaines devrait les inciter à la prudence. Elle constitue un nouveau révélateur des déséquilibres et des bulles qui affectent l'économie chinoise.



La Chine, un moteur de croissance pour nombre de sociétés françaises



Certes, une sortie de la Grèce de la zone euro eut constitué un saut dans l'inconnu, et l'accord annoncé lundi mérite d'être salué. Mais l'Europe, la France et ses entreprises ont eu plusieurs années pour circonscrire le risque grec. A contrario, leurs entreprises sont nombreuses à s'être tournées vers le marché chinois pour y trouver de nouveaux relais de croissance. Or la Chine donne de plus en plus de signes de fatigue et de fragilité.



Son économie doit être surveillée, ainsi que les entreprises qui y sont exposées. "Nos analystes actions ont déjà constaté une inflexion de discours de la part des sociétés implantées en Chine et exposées à la consommation", s'est inquiété Natixis vendredi.



Retour de balancier pour l'Europe



Heureusement, le raffermissement en cours de l'économie européenne permettrait à certaines de ses entreprises de compenser en partie un ralentissement chinois. D'une manière plus générale, l'Europe pourrait même profiter d'un nouveau ralentissement de la Chine, dans la mesure où cela pourrait peser sur les prix des matières premières et des produits de base. "Les valeurs exposées à l'Europe profiteraient d'une amélioration de leur visibilité sur le cycle européen", a estimé Natixis, en marquant sa préférence pour les actions des pays développés contre celles des pays émergents.



Une première grille de lecture



Dans une étude publiée vendredi, la banque a procédé à un premier passage en revue de l'exposition des valeurs françaises suivies par ses analystes à la Chine et à l'Europe.



Les secteurs du luxe, des spiritueux, de l'Automobile et de l'aéronautique ressortent parmi les plus manifestement exposés à la Chine. Toutefois, Natixis indique que les valeurs du luxe ainsi que celles de l'automobile sont également fortement exposées à l'Europe. Parmi les valeurs moyennes exposées à la Chine, la société de Bourse cite également Seb (SK.FR), à hauteur de 15% du résultat opérationnel, ainsi qu'Ingenico (ING.FR), qui y réaliserait 15% du chiffre d'affaires.



A l'inverse, Natixis indique que les valeurs télécoms françaises sont presque exclusivement exposées à l'Europe. La banque souligne que c'est également le cas du groupe de restauration collective Elior (ELIOR.FR), ou des gestionnaires de maisons de retraite Orpea (ORP.FR) et Korian (KORI.FR).



Des prévisions à préciser au cas par cas



Ce passage en revue demande à être affiné au cas par cas, comme le souligne Natixis. L'impact que pourrait avoir un nouvel accès de faiblesse de la Chine dépendra également de l'ampleur d'un nouveau ralentissement de l'économie chinoise. Car si l'accord européen autour du dossier grec permet d'espérer une amélioration de la visibilité sur l'économie européenne, les incertitudes sur la Chine restent élevées.



-Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@wsj.com (ed/EC)