Après Renault, Hyundai ou Volkswagen, le groupe automobile
français PSA va produire à son tour, dès 2018, des véhicules en
Algérie, dans le cadre d'une co-entreprise créée dimanche à Alger
avec trois partenaires algériens.
Objet de deux ans de négociations, l'accord a été paraphé en
présence des ministres des Affaires étrangères des deux pays,
Abdelkader Messahel et Jean-Yves Le Drian, ainsi que du ministre
algérien de l'Industrie, Youcef Yousfi, et du ministre français de
l'Economie, Bruno Le Maire.
Les premiers véhicules sortiront dès l'an prochain d'une nouvelle
usine installée dans la banlieue d'Oran, à 400 km à l'ouest
d'Alger.
"L'objectif est d'avoir un site totalement opérationnel en 2019", a
déclaré à l'AFP Jean-Christophe Quemard, directeur de la région
Moyen-Orient et Afrique de PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel,
Vauxhall).
D'ici cinq ans, 75.000 véhicules Peugeot et Citroën devraient
sortir annuellement des chaînes de montage, a-t-il indiqué, sans
vouloir préciser dans l'immédiat les modèles qui seront
produits.
Le site devrait permettre, "dans un premier temps", la création de
1.000 emplois directs.
L'investissement total est de l'ordre de 100 millions d'euros pour
la co-entreprise, détenue à 49% par PSA. Les 51% restants sont
répartis entre trois sociétés algériennes, conformément à la
loi.
Les entreprises étrangères ne peuvent en effet investir en Algérie
sans être associées avec un ou plusieurs partenaires locaux
majoritaires.
- 'Ecosystème' local -
PSA "veut mettre en place (...) un véritable écosystème" local,
notamment par le développement d'une industrie locale en incitant
certains sous-traitants français à conclure des partenariats en
Algérie, a expliqué M. Quemard.
Un centre de formation pour "développer des compétences spécifiques
à l'industrie automobile" est également prévu.
PSA, qui ambitionne de vendre 700.000 véhicules par an d'ici 2021
dans la région Afrique Moyen-Orient et un million d'ici 2025, a
lancé en juin les travaux d'une usine à Kenitra, au Maroc voisin,
où 90.000 véhicules doivent être produits annuellement à partir de
2019, avec un taux d'intégration (c'est à dire de pièces fabriquées
sur place) d'au moins 60%.
Renault produit déjà des centaines de milliers de véhicules dans le
royaume, sur un site près de Tanger (nord) dont l'ouverture en 2012
avait suscité un tollé en France sur le thème de la
délocalisation.
L'industrie automobile algérienne est née cette même année d'un
partenariat entre les autorités et Renault, qui a ouvert fin 2014
sa première usine "made in Algeria", là aussi dans la région
d'Oran.
Le Sud-Coréen Hyundai et l'Allemand Volkswagen sont eux installés
respectivement à Tiaret et Relizane, à plus de 300 km au sud-ouest
d'Alger.
Cette filière automobile est devenue une priorité pour l'Algérie,
soucieuse de diversifier son économie face à la chute des prix du
pétrole, source de 95% de ses devises.
Les autorités ont contraint les concessionnaires à se doter d'une
unité de production locale pour réduire la facture des
importations.
- 'Importations déguisées' -
En juillet, le prédécesseur de M. Yousfi, Mahdjoub Bedda, avait
toutefois dressé un bilan catastrophique de l'industrie automobile
locale.
Il avait dénoncé des "importations déguisées" de véhicules en
pièces détachées, simplement assemblés dans certaines usines avec
peu de composants locaux, alors que parallèlement les quotas
d'importation ont fait augmenter le prix des véhicules.
Dimanche, en ouvrant le Comité mixte économique France-Algérie
(Comefa), MM. Yousfi et Le Maire ont par ailleurs émis le voeu de
donner une nouvelle impulsion aux liens économiques bilatéraux.
Il "est possible de relancer la cadence des partenariats
industriels", a estimé le ministre algérien. "La tendance n'est pas
bonne", et "il est temps de redresser la barre", a jugé le
Français.
Outre le pacte d'actionnaire de Peugeot, deux autres accords de
partenariat ont été signés.
Le premier concerne le géant français des systèmes électriques
Schneider Electric et la société algérienne Elec El-Djazair,
filiale du groupe public Enie (Entreprise nationale des industries
électroniques). Le second l'entreprise française de négoce de
fruits et légumes Agromed et l'établissement public algérien
Agrolog.
Parallèlement, MM. Le Drian et Messahel devaient présider "le
dialogue bilatéral sur les questions politiques et sécuritaires",
où il sera notamment question de la Libye, du Sahel et de la lutte
antiterroriste, selon un communiqué.
Les échanges commerciaux entre la France et l'Algérie atteignent
environ 8 milliards d'euros par an et la France est le premier
investisseur en Algérie hors hydrocarbures, selon Paris.
Les investissements français représentent 450 entreprises, 40.000
emplois directs et 100.000 emplois indirects.
(END) Dow Jones Newswires
November 13, 2017 00:55 ET (05:55 GMT)