Christine Lejoux,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Après avoir considéré les valeurs bancaires françaises sous un angle très politique ces derniers mois, les investisseurs se concentrent à nouveau sur les fondamentaux économiques du secteur, à quelques jours de la saison des résultats trimestriels dont BNP Paribas (BNP.FR) et Société Générale (GLE.FR) donneront le coup d'envoi les 3 et 4 mai.



Lundi, les deux banques et leur concurrente Crédit Agricole SA (ACA.FR) avaient signé les meilleures performances de l'indice CAC 40, avec des bonds respectifs de 7,52%, 9,86% et 10,86%, le résultat du premier tour de l'élection présidentielle ayant écarté le spectre d'un duel entre les candidats eurosceptiques Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. N'ayant a priori plus à redouter de crise de liquidités des banques et de renchérissement de leurs coûts de financement en cas de "Frexit", les opérateurs de marché reviennent à des problématiques plus terre-à-terre, à commencer par celle des marges nettes d'intérêt.



"Les pressions (à la baisse) sur les marges nettes d'intérêt en banque de détail ne devraient pas diminuer à court terme", estiment les analystes de Morgan Stanley, dans une étude publiée cette semaine. Conséquence de la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque centrale européenne (BCE) depuis plusieurs années, l'aplatissement de la courbe des taux - entre les taux longs d'un côté et les taux courts de l'autre - met à mal les marges nettes d'intérêt que les banques tirent de la transformation de ressources à court terme en prêts à long terme. Cette pression sur les marges est d'autant plus forte pour les banques françaises qu'une grande partie de la rémunération de l'épargne (Livret A, LDD) est réglementée par le gouvernement.





Une diversification géographique et par métiers bienvenue





Mais "la hausse des bénéfices des services financiers spécialisés et des activités de banque de détail à l'international continueront à soutenir la rentabilité" de BNP Paribas et de Société Générale, affirme Moody's. Pour l'agence de notation financière, "la diversification en termes de géographies et de métiers représente un élément-clé de la qualité de crédit de BNP Paribas et de Société Générale, dans un contexte de taux d'intérêt toujours bas et de coûts opérationnels élevés qui freinent la rentabilité de leur banque de détail en France."



Tant BNP Paribas que Société Générale disposent d'activités importantes dans l'assurance, la gestion d'actifs et autres métiers sources de commissions (par opposition aux revenus nets d'intérêt). La présence de ces groupes bancaires dans des pays situés en dehors de la zone euro contribue elle aussi à atténuer la pression à la baisse des taux ultra-bas sur les marges nettes d'intérêt. Ce phénomène de contrepoids devrait encore se vérifier au cours des 12 ou 18 prochains mois, assure Moody's.



"La reprise à l'international, par exemple en Russie et en Roumanie dans le cas de Société Générale, représente un potentiel de hausse (des résultats) pour 2017. Nous serons (donc) attentifs à tout signe d'une nouvelle amélioration de l'activité et de la qualité des actifs au premier trimestre (à l'étranger)", renchérissent les analystes de Morgan Stanley.





Les valeurs européennes à leur tour avantagées par la reflation





Les résultats des banques françaises sur la période de janvier à mars devraient avoir également bénéficié de la bonne tenue des activités de marché, en particulier dans les produits de "FICC" (fixed income currencies and commodities), à l'aune des bénéfices publiés par leurs rivales américaines. Les huit plus importantes banques européennes et américaines devraient afficher en moyenne un bond de 34% des revenus de leurs activités de FICC, au titre du premier trimestre, d'après les analystes de JPMorgan. BNP Paribas devrait être l'une des principales bénéficiaires de cette tendance, compte tenu de ses positions conséquentes sur ce segment.



A plus long terme, il n'y pas de secret, c'est la hausse des taux longs, et plus précisément la pentification de la courbe des taux, qui "demeure la pierre angulaire de notre vision positive" des banques européennes, soulignent les analystes de Kepler Cheuvreux. Mais le courtier reconnaît que les conséquences positives de la remontée des taux longs, amorcée en 2016, ne devraient pas se ressentir sur les résultats des banques avant 2019.



Cela n'empêchera pas leurs cours de Bourse de poursuivre leur rebond amorcé à la mi-2016, au rythme, précisément, de la hausse des taux longs de part et d'autre de l'Atlantique, sur fond de bons indicateurs économiques et d'anticipations à la hausse de l'inflation. Depuis bientôt un an, la corrélation entre l'évolution de l'indice MSCI World Banks et celle du bon du Trésor américain à 10 ans a été "absolument parfaite", souligne Kepler Cheuvreux.



Les valeurs bancaires américaines ont été les principales bénéficiaires de cette thématique dite de la "reflation" en 2016. Celle-ci, appelée à regagner en intensité au second semestre après son essoufflement du début d'année, devrait désormais avantager le secteur européen au cours des prochains mois, dans une logique de rotation géographique de leurs actifs par les investisseurs.



Les valeurs bancaires européennes se paient moins d'une fois (0,9) l'actif net tangible estimé pour 2018, selon Kepler Cheuvreux, alors que JPMorgan, Bank of America, Goldman Sachs et Morgan Stanley se traitent sur la base de multiples supérieurs à 1, d'après FactSet.





-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : ECH - VLV





(END) Dow Jones Newswires



April 28, 2017 05:06 ET (09:06 GMT)




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