Santander: nouvelle stratégie de croissance en vue.
09 Janvier 2015 - 11:13AM
Cercle Finance
(CercleFinance.com) - Sans préavis, l'espagnol Banco Santander,
l'une des plus grandes banques d'Europe dont le management a été
remplacé récemment, veut lever en Bourse jusqu'à 7,5 milliards
d'euros, soit près de 10% de son capital avant l'opération, tout en
divisant par trois son dividende. Aussi impromptue qu'accélérée,
l'annonce est cependant bien accueillie par les marchés. Au-delà du
bilan, c'est toute la stratégie de l'établissement qui pourrait
changer.
En plus d'une levée de fonds par construction accélérée du livre
d'ordres à 6,18 euros par titre, soit 10% de décote par rapport au
dernier cours coté de la veille, Santander a aussi l'intention de
sabrer son dividende au titre de l'exercice 2015 en le ramenant de
0,60 à 0,20 euros.
A la Bourse de Madrid, l'action Banco Santander, qui avait terminé
hier (après suspension) en hausse de 3,3% à 6,8 euros, se tasse ce
matin de 10% à 6,18 euros.
Si Santander a passé avec succès les tests de résistance et la
revue de qualité des actifs menés dernièrement par la BCE et
l'Autorité bancaire européenne, ses résultats étaient cependant
inférieurs à ceux de ses grands concurrents du Vieux Continent.
Ce que confirment les analystes de Credit Suisse : 'nous ne sommes
pas surpris par l'annonce en raison de la faiblesse des ratios de
solvabilité Santander', qui selon les analystes se situent 'dans la
moyenne basse du secteur en Europe'. Soit selon Credit Suisse et
avant l'opération, aux environs de 8,5% en données CET1 à pleine
charge, contre une fourchette allant de 9,7 à 10% pour les autres
établissements européens (hors banques d'investissement).
Du point de vue des actionnaires, Credit Suisse salue la
combinaison d'une levée de fonds et de la réduction du dividende,
dont le futur montant (0,20 euro) ramènera le taux de distribution
des bénéfices à un niveau plus raisonnable située entre 30 et 40%.
Ce qui explique que malgré la taille de l'opération, la décote des
actions nouvelles soit limitée.
Après la conférence téléphonique, Société Générale, rapporte que
Santander a pré-annoncé selon eux que le résultat net atteindrait
5,8 milliards d'euros en 2014, en ligne avec les attentes. Mais le
ratio de solvabilité CET1 'à pleine charge' ressortait fin décembre
2014 à 8,3%, chiffre décevant puisque que la direction visait 8,6%.
Après l'opération, ce ratio devrait remonter à 9,7% au titre de
2014, avant 10% environ en 2015.
Au-delà d'un renforcement du bilan, la levée de fonds semble
signaler un changement de cap stratégique pour Santander. Rappelons
que dernièrement, la structure de direction de la banque a
totalement changé : à la mort du président-fondateur, Emilio Botin,
sa fille Ana a été nommée à la tête du conseil d'administration en
septembre. Puis la direction générale a changé de mains : au 1er
janvier 2015, José Antonio Álvarez a remplacé Javier Marín à ce
poste.
D'ailleurs, 'la présidente Ana Botin a déclaré que Santander
continuera de mettre l'accent sur la banque de détail et la banque
commerciale, ainsi que sur la fidélisation de ses clients dans ses
dix pays clés', rapporte d'ailleurs Citi ce matin, alors que
Santander a organisé une conférence téléphonique.
Les principaux marchés de Santander sont bien évidemment l'Espagne
et l'Europe continentale, mais le groupe est également très présent
au Royaume-Uni, en Amérique latine, et aux Etats-Unis.
Et Aurel BGC de conclure : 'la nouvelle stratégie de la présidente,
Ana Botin, fille d'Emilio, décédé en septembre dernier, rompt avec
celle de son père' .
Quid d'éventuelles acquisitions, dont Santander a usé sinon abusé
par le passé ? En effet, l'action de la banque italienne Banca
Monte dei Paschi di Siena, groupe en difficulté qui potentiellement
constitue une cible, s'est envolée de 12% hier à l'annonce de la
suspension de Santander, avant de retomber ce matin de 3%.
Prudence : Société Générale rapporte que Santander a expliqué, lors
de la conférence téléphonique, que 'l'augmentation de capital est
destinée à permettre à la banque de tirer parti des opportunités de
croissance sur ses marchés clés, mais n'était pas liée à
d'éventuelles fusions-acquisitions'.
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