Ambroise Ecorcheville



DOW JONES NEWSWIRES





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Suez (SEV.FR) est parvenu à ses fins. Au nez et à la barbe des fonds d'investissement, le géant du traitement de l'eau et des déchets va racheter GE Waters pour 3,2 milliards d'euros.



Stratégique et structurante, l'opération est pourtant tièdement accueillie. Pour que Suez puisse la concrétiser, ses actionnaires devront mettre la main à la poche.



Certes, Suez a tenté d'adoucir leur addition. Le groupe s'est associé à la Caisse de Dépôt du Québec, qui lui apportera 700 millions d'euros contre 30% de l'entité devant réunir GE Waters et les actifs de Suez dans l'eau industrielle.



Malgré cela, les actionnaires de Suez devront financer la transaction à hauteur de 750 millions d'euros. Ce qui représente tout de même près de 10% de sa capitalisation boursière.



Ses trois premiers actionnaires, dont Engie (ENGI.FR), participeront à sa levée de fonds au prorata de leur participation, qui est au total de 42%. Ceux qui refuseront d'y contribuer se verront dilués au capital.





Le groupe pris entre un prix et une dette élevés





Les actionnaires de Suez ont donc de quoi être frustrés. D'autant que le groupe s'apprête à payer le prix fort pour GE Waters.



Les 3,2 milliards d'euros que le français a offerts pour la filiale de l'américain General Electric (GE) ressortent au-dessus de la fourchette de 2 à 3 milliards initialement évoquée par la presse.



Ils valorisent GE Waters 12,5 fois son excédent brut d'exploitation 2016. Après synergies de coûts, ce ratio est certes ramené à 10. Mais il reste sensiblement supérieur à celui affiché par Suez, qui est de 8,5 selon Oddo Securities.



De toute façon, Suez n'aurait pas eu les moyens de reprendre seul GE Waters.



De 8 milliards d'euros fin 2016, sa dette nette représente déjà 3 fois son excédent brut d'exploitation (Ebitda). Un multiple que le groupe de services aux collectivités s'est engagé à ne pas dépasser, pour conserver sa note de crédit "A3" auprès de Moody's et ne pas fragiliser son bilan.



Tel qu'il a été structuré, le financement de la transaction doit permettre au français de respecter cet engagement. A condition, selon les analystes, que les 600 millions d'euros de titres hybrides qui doivent être émis dans le cadre de l'opération soient bien classés en capitaux propres. Ce qui est autorisé par les normes IFRS, mais pourrait faire l'objet de retraitements par les investisseurs les plus prudents.





Pas de marge d'erreur sur le plan opérationnel





Pour rendre le rachat de GE Waters plus digeste aux yeux de ses actionnaires, Suez devra tenir ses promesses en matière de synergies.



Le groupe a promis 65 millions d'euros de synergies de coûts par an, dont 80% au terme de la troisième année. Il prévoit également des synergies de ventes de 200 millions d'euros. Et envisage des synergies avec les autres métiers du groupe.



Malheureusement, la réalisation de l'ensemble de ces synergies n'est pas acquise, ont souligné plusieurs analystes. "Le retour sur investissement sera très sensible à la bonne réalisation des objectifs de synergie et de croissance", a relevé Oddo Securities.



Le jeu en vaut-il la chandelle ? Sur le plan stratégique, il ne fait guère de doute que le rachat de GE Waters devrait renforcer Suez.



L'opération devrait notamment accroître de 13% son chiffre d'affaires et multiplier par 5 - à environ 2,5 milliards d'euros - son exposition à un segment de marché en croissance d'environ 5% par an.



Cela alors que Suez a avoué il y a une semaine que 2017 devrait constituer un nouvel exercice de faible croissance de son activité et de ses bénéfices.



Par ailleurs, l'acquisition de GE Waters permettra à Suez de renforcer ses activités digitales et de diversifier ses positions sur le plan géographique.



Il n'empêche que les modalités financières de l'opération ont de quoi décevoir les investisseurs.



D'autant qu'avec un cours à ses plus bas depuis la fin 2014, Suez devra émettre un relativement plus grand nombre de titres pour lever la même somme sur le marché.



Alors que l'action Suez s'inscrivait déjà en recul depuis le début de l'année, sa légère baisse en Bourse jeudi après l'annonce du GE Water est bien compréhensible.





- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90; aecorcheville@agefi.fr ed: ECH





(END) Dow Jones Newswires



March 09, 2017 10:02 ET (15:02 GMT)




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