Bernard Tapie a contesté que les fonds qu'il a reçus après l'arbitrage en 2008 de son conflit avec le Crédit lyonnais soient de l'argent public, lors de l'audition où il a été de nouveau mis en examen, a appris l'AFP vendredi de source proche du dossier.



Déjà mis en examen comme cinq autres protagonistes du dossier pour escroquerie en bande organisée, l'homme d'affaires a été mis en examen le 6 mai pour détournement de fonds publics par une personne privée.



Trois autres acteurs, dont le PDG d'Orange Stéphane Richard, à l'époque directeur de cabinet de la ministre de l'Économie Christine Lagarde, ont été mis en examen jeudi pour complicité de ce délit.



Les juges d'instruction soupçonnent que la sentence prononcée par le tribunal arbitral en juillet 2008 ne soit le fruit d'un "simulacre". En cause, des relations cachées entre Bernard Tapie, son avocat Maurice Lantourne et un des trois juges arbitres, l'ancien magistrat Pierre Estoup, eux aussi mis en examen.



Pierre Estoup est soupçonné d'avoir orienté en faveur de Bernard Tapie la sentence qui avait accordé 403 millions d'euros à l'homme d'affaires pour mettre un terme à son litige avec le Crédit lyonnais sur la revente d'Adidas. "Dire qu'il s'agit d'argent public, ce n'est pas la vérité", a contesté Bernard Tapie devant les juges.



Il a notamment expliqué qu'il avait été en conflit avec "une banque commerciale", la SDBO, filiale du Crédit lyonnais, et qu'il s'agissait de "combats entre une banque et son client".



"Que cette banque appartienne à l'État ne lui donne ni définition particulière, ni usage particulier", a-t-il argué, affirmant aussi que "l'appellation +argent public+" a pour lui "une signification très forte".



Les juges l'ont mis en examen pour avoir détourné des fonds publics détenus par l'EPFR (Établissement public de financement et de restructuration). Cette entité publique contrôle le capital du CDR, société de droit privé chargée de gérer l'héritage du Lyonnais.



D'après un rapport d'information parlementaire de 2011, le paiement des sommes de l'arbitrage s'est fait, pour un quart, grâce aux fonds propres du CDR et pour les trois quarts par "l'endettement de l'EPFR, donc de l'État, auprès du Crédit lyonnais".



Selon Bernard Tapie, "l'insuffisance de moyens" du CDR, qui a conduit l'EPFR à financer les sommes, ne change rien au fait que son "débiteur" restera "toujours le CDR".



"Vous savez que le Crédit lyonnais m'a volé", a aussi assuré M. Tapie aux juges.



Vendredi, Pierre Estoup a été à son tour mis en examen pour complicité de détournement de fonds publics par une personne privée, une décision qui "n'a aucun sens", selon son avocat Renaud Bertin.



Si le CDR a payé "avec des fonds publics et non avec ses propres deniers, ses dirigeants et les représentants de l'Etat qui en ont décidé ainsi en sont seuls responsables", a expliqué l'avocat. A ses yeux, un juge arbitre ne peut "être tenu complice des moyens illicites auxquels le condamné recourt" pour s'acquitter d'une sentence.



Il a regretté que son client ait été désigné par les magistrats comme "unique arbitre lampiste" alors que la sentence en faveur de Tapie a été signée par les trois arbitres à l'unanimité.

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