Technip prend des mesures énergiques mais laisse des questions sans réponse - DJ Plus
07 Juillet 2015 - 4:52PM
Dow Jones News
A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles.
Confronté à la baisse brutale, et vraisemblablement durable, des
prix du pétrole, Technip (TEC.FR) a décidé de prendre le taureau
par les cornes en lançant un plan de restructuration drastique.
Mais les actions engagées laissent planer plusieurs incertitudes
quant aux perspectives du groupe et à sa capacité à profiter
pleinement du rebond du marché lorsqu'il se produira.
Les mesures prises sont énergiques et marquent un cap stratégique
clairement défini. Alors que les majors du secteur annulent ou
reportent de nombreux projets, Technip a décidé de réduire ses
effectifs de 15% (6.000 personnes) et de réorganiser ses actifs
pour se concentrer sur certaines activités et régions clés. Le plan
occasionnera une charge exceptionnelle de 650 millions d'euros mais
doit permettre de réduire les coûts de 830 millions d'euros par
an.
Après les plans d'économies lancés par d'autres groupes
parapétroliers français (Vallourec, CGG), cette restructuration n'a
rien de surprenant compte tenu du contexte. Alors que les prix du
pétrole ont fondu de près de moitié depuis un an, un groupe comme
Petrobras a par exemple réduit de 41% son programme
d'investissement 2015-2019, à 130 milliards de dollars, contre un
précédent plan de 221 milliards de dollars initialement prévu pour
2014-2018.
Les sociétés d'ingénierie comme Technip, qui réalisent les
infrastructures utilisées par les majors, sont naturellement
amenées à subir le contrecoup de tels ajustements, particulièrement
si le marché reste durablement déprimé, comme s'y attend le groupe
français.
Un marché difficile pendant plusieurs années
Mais l'effort important consenti par Technip ne permet pas à ce
stade de savoir comment il traversera les années difficiles qui
s'annoncent. Si les analystes financiers s'accordent pour saluer
des réductions de coûts inévitables, ils restent partagés quant aux
conséquences de ce plan et aux perspectives du groupe. Bien loin
des "licenciements boursiers" salués par les marchés financiers,
les annonces du groupe ont provoqué une chute de près de 10% du
titre Technip, les investisseurs redoutant une chute prolongée des
prises de commandes jusqu'en 2017.
Dans l'immédiat, le carnet de commandes bien rempli du groupe et
l'exécution des contrats en cours représentent un coussin de
sécurité pour les résultats de 2015. Et le groupe a choisi de faire
des coupes dans les projets et les pays les moins rentables. Selon
Barclays, Technip a fait le choix de maintenir ses investissements
précisément dans les secteurs qui ont le plus de chance de profiter
du rebond du marché quand il se produira, comme le gaz naturel
liquéfié (LNG), le LNG flottant et le raffinage et la pétrochimie
de haut de gamme.
Mais il reste compliqué de prédire à quoi ressemblera le marché
dans trois ou quatre ans. Et plus fondamentalement, "il est
difficile de dire si les économies de 830 millions d'euros sont
relutives ou dilutives par rapport à nos prévisions. Cela dépendra
beaucoup de quand et si les projets refont surface sur le marché",
soulignent les analystes de la banque britannique.
Un choix délicat pour les investisseurs
Dans ce contexte, le groupe a fait un pari -raisonnable- sur ce que
l'avenir lui réserve. Les investisseurs aussi en sont réduits à une
forme de pari: ils peuvent penser avec Oddo Securities, qui a
réduit son objectif de cours à 50 euros, que le titre restera à son
niveau actuel déprimé compte tenu du manque de catalyseurs à
l'horizon. D'autres, à l'image de Morgan Stanley (objectif de cours
de 74 euros), retiendront la solidité du carnet de commandes,
l'importance des réductions de coûts et la possibilité d'une bonne
résistance des marges pour profiter de la faiblesse actuelle du
titre.
Technip, comme le reste du secteur, n'en a pas fini de mesurer
l'impact de la baisse des prix du baril.
-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +331 40 17 17 72;
thomas.varela@wsj.com (ed/BH)