Le géant américain Google (GOOGL) doit améliorer encore ses engagements pour répondre aux inquiétudes de l'Union européenne concernant ses pratiques en matière de recherche sur Internet, s'il ne veut pas faire l'objet de poursuites officielles pour abus de position dominante, a déclaré mardi Joaquin Almunia, le commissaire européen chargé de la concurrence.



Lors d'un débat par moments houleux avec les députés européens, Joaquin Almunia a défendu le déroulement de l'enquête menée depuis 2010 par la Commission européenne sur les pratiques de Google, et assuré qu'il n'avait cédé à aucune pression politique.



Au début septembre, la Commission européenne a demandé à Google, pour la quatrième fois, de faire de nouvelles concessions, après avoir jugé que la proposition de règlement à l'amiable soumise en février ne répondait pas à ses inquiétudes, a expliqué Joaquin Almunia. Cette proposition, initialement soutenue par le commissaire, a été rejetée ce mois-ci après avoir essuyé une vague de critiques de la part de hauts dirigeants politiques européens et de grandes maisons d'édition.



Une enquête complexe



Joaquin Almunia a reconnu qu'il appartiendrait à l'ancienne ministre danoise de l'Economie Margrethe Vestager, qui lui succédera en novembre, de prendre une décision définitive sur cette affaire.



La position de Margrethe Vestager concernant l'enquête sur Google n'est pas connue, mais dans un entretien accordé mardi au Wall Street Journal, la future commissaire a souligné que le sujet d'une concurrence loyale dans l'économie numérique serait placé "très, très haut" sur le programme de la nouvelle Commission européenne, qui prendra ses fonctions en novembre.



Google est soupçonné de manipuler les résultats présentés par son moteur de recherche de manière à avantager ses propres services et produits par rapport à ceux de ses concurrents. Dans le cadre de la proposition de février, qui aurait permis au groupe d'éviter une amende pouvant s'élever à 6 milliards de dollars, Google avait accepté de présenter les résultats de trois concurrents de façon comparable.



Joaquin Almunia a demandé ce mois-ci, pour la quatrième fois, au géant américain d'améliorer ses propositions. Si Google ne réalise pas les changements nécessaires, "la prochaine étape logique consistera en une communication de griefs", a indiqué le commissaire.



Joaquin Almunia a souligné que l'enquête était complexe car elle porte sur un marché en constante évolution, et que les régulateurs américains n'avaient rien obtenu de leur propre enquête sur les pratiques du géant de l'Internet.



Dressant un parallèle avec l'enquête au long cours menée par la Commission sur Microsoft (MSFT), qui s'est conclue par de lourdes amendes pour le groupe américain, le commissaire a constaté que l'affaire Google créait davantage de difficultés.



"Microsoft a fait l'objet d'une enquête d'une durée de 16 ans, donc quatre fois plus longue que celle sur Google, et il y a davantage de problèmes avec Google qu'il n'y en a eu avec Microsoft", a-t-il constaté.



-Tom Fairless, Dow Jones Newswires



(Ellen Jervell, à Oslo, et Sam Schechner, à Paris, ont contribué à cet article)



(Version française Emilie Palvadeau)