Le gouvernement n'a pas encore pris sa décision concernant la forme que prendra le rapprochement entre Areva et EDF, a déclaré vendredi le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, ajoutant qu'une réunion consacrée à ce dossier se tiendrait le 3 juin à l'Élysée et que la décision serait arrêtée "d'ici l'été".



"Le gouvernement n'a pas arrêté sa décision", a déclaré le ministre à l'issue d'une réunion de près de deux heures à Bercy avec les représentants des syndicats (CGT, CFDT, CFE-CGC, FO, Unsa-Spaen) du groupe Areva.



"La réunion du 3 juin autour du président de la République sera un moment important" pour l'avancée du dossier et tous les acteurs, dont les salariés, auront "une pleine visibilité" "d'ici l'été", a ajouté M. Macron.



EDF a officialisé mardi son intérêt pour une reprise de la division réacteurs d'Areva ou, a minima, pour un rapatriement chez l'électricien public des ingénieurs d'Areva, sans toutefois chiffrer sa proposition.



Selon des informations du journal Les Echos, l'électricien aurait fait une offre valorisant les activités qui l'intéressent à un peu pus de 2 milliards d'euros, déduction faite des passifs de la société, soit 7,5 fois l'excédent brut d'exploitation.



L'offre "indicative", selon la source citée par le journal, porte sur trois activités d'Areva NP, employant 15.000 salariés, mais exclut certains projets risqués, ainsi celui de réacteur de troisième génération EPR en Finlande.



"Nous ne sommes pas en train de faire du meccano financier, en découpant des bouts d'entreprise pour savoir si elles doivent aller d'un côté ou de l'autre", a affirmé le ministre, assurant que la priorité du gouvernement était de définir "une nouvelle stratégie industrielle" pour la filière nucléaire.



"Ce ne sont pas les partenaires qui nous indiquent la stratégie qu'on peut avoir", a-t-il encore déclaré.



A l'issue de la réunion, M. Macron a salué "l'esprit de responsabilité" qui a présidé à la discussion, avec "des représentants syndicaux experts du sujet, et en même temps très responsables et donc très exigeants".



- Frustration des représentants syndicaux -



De leur côté, les syndicats d'Areva ont fait part d'une certaine frustration.



"On n'a pas eu de réponse (à nos questions sur l'avenir d'Areva et de la filière nucléaire, NDLR)", a déclaré à l'AFP Pascal Evariste (CGT). "On a eu l'assurance que des réponses seront trouvées, ce n'est pas tout à fait la même chose."



Sur les intentions d'EDF, "rien n'a été annoncé", mais le ministre "a sifflé très fermement la fin de la récréation entre EDF et Areva", a-t-il poursuivi, en allusion à la concurrence entre les deux entreprises. Pour autant, a observé M. Evariste, "on voit que sur la valorisation de parties d'Areva, il y a déjà de grandes bagarres".



Le syndicaliste s'est dit "un peu frustré" de la rencontre, même s'il n'en attendait "pas forcément grand-chose".



"On aura avant fin juillet une description de la filière, mais en attendant, les négociations continuent sur le social", a-t-il souligné, relevant que "le plan social prévu est pleinement assumé par le ministre", en raison de la sous-charge d'activité.



Même tonalité chez Jean-Pierre Bachmann (CFDT), pour qui "on n'a rien réglé", malgré un "échange fructueux".



"Ce n'est pas avec 300, 400 millions qu'on redresse Areva", donc le projet d'EDF pour Areva NP "ne répond pas à l'équation financière", a estimé le syndicaliste, pour lequel l'État "a la responsabilité de la gouvernance" et la "responsabilité de prendre la décision qui sauve Areva".



"Nous, on pensait que la bonne méthode, c'était de dire à Areva et EDF de déposer une offre conjointe. Ce n'est pas ce que (le gouvernement) a fait. EDF travaille d'un côté et Areva travaille de l'autre", a-t-il déploré.



Vu que l'échéance a été fixée à juillet, "on est toujours dans le domaine de l'hypothèse", a relevé M. Bachmann, qui a assuré que "les salariés vont faire entendre leur voix".