Actualisé: iTELE toujours en crise, le CSA inquiet, la direction inébranlable
20 Octobre 2016 - 9:19PM
Dow Jones News
Alors qu'iTELE est paralysée depuis lundi par une grève massive,
déclenchée par l'arrivée de l'animateur Jean-Marc Morandini, la
direction est restée inébranlable jeudi, malgré une protestation
voilée du CSA.
Jeudi matin, les représentants de la rédaction sont ressortis
découragés d'une réunion avec leur direction, qui s'apparentait
selon eux à un dialogue de sourds et n'a permis "aucune
avancée".
Jeudi soir, une nouvelle réunion était organisée entre la
rédaction, cinq syndicats du groupe et la direction. Les
journalistes, qui depuis lundi votent chaque matin la grève à plus
de 85% des voix, espèrent notamment de meilleures conditions, tant
pour ceux qui voudraient quitter la chaîne que pour ceux qui
veulent rester, a indiqué un membre de la rédaction.
L'après-midi, le CSA a tenté d'intervenir, en convoquant le n°2 de
Canal+, Jean-Christophe Thiéry, pour lui demander des explications.
A l'issue de cette rencontre, visiblement insatisfait de ses
réponses, le CSA a exprimé sa "vive préoccupation sur la pérennité
de la chaîne" et estimé que l'avenir d'iTELE comptait davantage que
le sort d'une personnalité.
Une critique implicite de l'obstination du groupe à maintenir à
l'antenne l'animateur, mis en examen pour "corruption de mineur
aggravée", alors que la rédaction indignée s'est mise massivement
en grève pour demander sa suspension et que de nombreuses autres
rédactions lui ont apporté leur soutien.
En sortant du CSA, Jean-Christophe Thiéry s'est lui borné à répéter
la ligne de défense du groupe depuis le début : "Jean-Marc
Morandini reste à l'antenne, au nom du principe de présomption
d'innocence, un principe essentiel de notre démocratie", a-t-il
déclaré.
- 'l'avenir de la chaîne' -
"On a eu l'occasion de parler de l'ambition pour développer CNews,
mais nous avons beaucoup parlé de l'affaire Morandini", a-t-il
assuré. "Tous les thèmes ont été abordés : le contenu, la ligne
éditoriale et l'avenir de la chaîne", a pourtant assuré le CSA.
Quant à l'animateur, la direction reste inébranlable: pour le
directeur général de Canal+ Maxime Saada "Morandini est là et bien
là".
Le gouvernement a cherché à apaiser le conflit, mais sans
intervenir : des journalistes d'iTELE ont été reçus jeudi au
ministère de la Culture, qui s'est dit "très vigilant sur l'aspect
social du conflit" et mercredi le porte-parole du gouvernement a
appelé au "dialogue".
Alors que l'antenne ne passe que des rediffusions à cause de la
grève, depuis lundi la seule émission en direct est "Morandini
Live", où Jean-Marc Morandini parle des médias, mais pas
d'iTELE.
Ce conflit dépasse désormais largement son arrivée, car les
journalistes s'inquiètent maintenant de la transformation de la
chaîne d'info en chaîne de divertissement, d'autant que la
direction envisage de faire appel aux frères Bogdanov ou à Eric
Zemmour.
Ils réclament un projet éditorial et davantage de moyens, à quatre
jours du changement de nom en CNews. Leur diction a supprimé cet
été la plupart des pigistes et rappelle régulièrement que la chaîne
est lourdement déficitaire.
Certains membres de la rédaction songent à partir, d'autant qu'ils
craignent que Vincent Bolloré ne veuille les remplacer par ceux de
son quotidien Direct Matin, qui emménagent dans leurs locaux.
Une crainte alimentée par le dépôt par la société mère de Direct
Matin de la marque "C News Matin". Maxime Saada a démenti toute
volonté de fusionner les rédactions, évoquant des
"partenariats".
(END) Dow Jones Newswires
October 20, 2016 14:59 ET (18:59 GMT)
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