Re-Actualisé: Bruxelles épingle le premier budget de Macron
22 Novembre 2017 - 3:37PM
Dow Jones News
La prévision budgétaire 2018 de la France présente selon
Bruxelles un "risque de non-conformité" avec les règles
européennes, une mise en garde embarrassante pour le président
Emmanuel Macron qui avait promis de les respecter.
La France fait partie, avec l'Italie, la Belgique, le Portugal,
l'Autriche et la Slovénie, des six pays épinglés par la Commission
européenne, qui publie chaque année à la même époque une évaluation
des budgets européens dans le cadre du "semestre européen".
Elle remarque "un écart important" entre le budget qui lui a été
présenté par Paris et "la trajectoire d'ajustement requise" pour
atteindre son objectif d'assainissement des finances publiques.
La Commission souligne aussi que le niveau de la dette française --
96,9% du PIB en 2018 -- dépasse de loin le seuil des 60,0% prévu
dans les traités.
Ce bonnet d'âne européen est susceptible de mettre à mal la
crédibilité de la France vis-à-vis de ses partenaires européens, à
l'heure où Emmanuel Macron les invite à réformer l'Europe en
profondeur, en particulier la zone euro.
Une discussion sur ces réformes est d'ailleurs à l'ordre du jour
d'un prochain sommet européen mi-décembre à Bruxelles.
"La marge de sécurité est faible. Il faut tenir les objectifs", a
martelé le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre
Moscovici, lors d'une discussion avec des journalistes.
- Ecart significatif -
En raison de ses largesses budgétaires, la France reste avec
l'Espagne le seul pays de la zone euro encore sous le coup d'une
"procédure de déficit excessif", qui peut aboutir à des sanctions
et des amendes -- même si cela ne s'est encore jamais produit.
Pour en sortir, elle doit présenter deux années de suite à
Bruxelles un déficit public inférieur à 3,0% du produit intérieur
brut (PIB), ce qui est le cas pour l'instant, puisque la Commission
anticipe un déficit à 2,9% à la fois en 2017 et en 2018.
Bien qu'"un risque" demeure sur ces chiffres, Bruxelles anticipe
dans son analyse de mercredi que la France sortira de cette
procédure au printemps prochain, ce qui la contraint dès lors à
respecter en 2018 des objectifs bien plus poussés que cette seule
règle des 3,0%.
Il lui est désormais demandé de réduire son déficit structurel,
c'est-à-dire le déficit calculé sans les effets de la conjoncture
économique.
Bruxelles a fixé cette réduction à 0,1 point de PIB. Or, selon ses
calculs, ce déficit structurel, loin de se réduire, devrait
s'accroître de 0,4 point de PIB, soit un écart significatif de 0,5
point.
- L'Italie inquiète -
"La différence d'appréciation avec la Commission est habituelle à
ce stade de l'année et se résorbe en général" plus tard, a réagi le
ministère français des Finances dans un communiqué. "Elle reflète
en partie la prudence de la Commission", a observé Bercy.
"Notre approche est prudente et conservatrice", a pour sa part
concédé M. Moscovici, soulignant que Bruxelles appréciait "malgré
tout les réformes faites en France".
La prochaine évaluation budgétaire de la Commission est prévue au
printemps prochain.
Bruxelles s'est par ailleurs dite "préoccupée" par la dette
publique élevée de l'Italie, qui va atteindre 130,8% du PIB en
2018, un chiffre d'autant plus inquiétant que Rome devrait
enregistrer la croissance la plus faible de la zone euro.
"Etant donné la taille de son économie, c'est une source
d'inquiétude pour la zone euro dans son ensemble", s'est même
inquiété l'exécutif européen dans une lettre adressée à Rome.
Seuls six pays parmi les 19 ayant adopté la monnaie unique sont en
conformité totale avec les règles européennes: l'Allemagne, la
Lituanie, la Lettonie, le Luxembourg, la Finlande et les
Pays-Bas.
Pour les autres -- Estonie, Irlande, Chypre, Malte, Slovaquie et
Espagne -- les projets de budget sont jugés "globalement
conformes".
La Grèce, toujours sous le coup d'un plan d'aide à cause de sa
dette, n'est pas concernée par ces prévisions budgétaires.
(END) Dow Jones Newswires
November 22, 2017 09:17 ET (14:17 GMT)