USA: la réforme de la santé divise encore la majorité républicaine
22 Juin 2017 - 9:52PM
Dow Jones News
Les alliés de Donald Trump sont repartis à l'offensive jeudi
pour tenter d'abroger partiellement "Obamacare", la loi
emblématique sur la santé de Barack Obama. Mais des conservateurs
ont immédiatement annoncé leur opposition, menaçant de torpiller la
réforme.
Après un passage de justesse en mai dernier à la Chambre des
représentants, le projet républicain de réforme du système de santé
doit franchir l'obstacle du Sénat, où la majorité républicaine est
mince, avec 52 sièges sur 100. Trois défections seulement seraient
fatales.
Or le texte adopté par la Chambre est "dur", selon le terme employé
par le président américain, qui a encouragé les sénateurs
républicains à élaborer une version "généreuse".
Jeudi matin, les chefs républicains du Sénat ont donc dévoilé une
version légèrement amendée, censée ramener au bercail les élus
modérés hésitants. L'objectif est de voter en fin de semaine
prochaine.
Mais quatre sénateurs conservateurs, dont Ted Cruz et Rand Paul,
ont fait savoir que cette nouvelle mouture n'était guère qu'un
"Obamacare light". Ils se sont dits prêts à négocier.
"Il faut que cette loi ressemble plus à une abrogation, et moins à
un maintien en place d'Obamacare", a dit Rand Paul, qui regrette
que des pans de la loi démocrate de 2010 restent en place,
notamment des aides financières à ceux qui s'assurent sur le marché
privé.
Le projet supprimerait l'obligation de s'assurer instaurée par
Obamacare, au nom de la liberté individuelle. Des impôts et taxes
créés pour financer la loi de 2010 seraient abrogés. Et les aides
fédérales au système de santé seraient progressivement réduites,
notamment à partir de 2021 pour l'assurance publique destinée aux
plus pauvres, Medicaid, qui assure un Américain sur cinq.
"Il est temps d'agir car Obamacare est une attaque contre la classe
moyenne", a déclaré le chef de la majorité sénatoriale, Mitch
McConnell, dénonçant le coût du système actuel.
"Obamacare est un désastre", a répété Donald Trump depuis la Maison
Blanche, en admettant qu'un peu de "négociations" était encore
nécessaire. "J'espère qu'on arrivera à faire quelque chose".
- Réduire les coûts -
Des concessions ont été introduites pour décrocher le soutien des
républicains modérés.
Il n'est plus question de permettre aux assureurs de faire payer
plus aux personnes ayant des antécédents médicaux. Et les aides
individuelles, bien que fortement réduites par rapport à Obamacare,
le sont moins que ce que les républicains envisageaient au
départ.
En revanche, nombre de réglementations actuelles disparaîtraient
bel et bien, notamment l'obligation absolue et nationale de couvrir
dix catégories de soins, dont la maternité ou l'hospitalisation.
Pour les conservateurs, les assurés doivent pouvoir souscrire une
couverture allégée, moins chère, s'ils le souhaitent, au lieu de
payer pour des services dont ils n'ont pas besoin. C'est la
condition, selon eux, pour faire baisser les coûts extravagants du
système de santé américain.
Dans cette affaire, la négociation se déroule de facto entre
républicains, et il n'est pas certain qu'un point d'entente puisse
émerger entre modérés et conservateurs.
L'arbitre pourrait bien être le Bureau du budget du Congrès (CBO),
qui doit estimer la semaine prochaine le nombre de personnes
risquant de perdre leur couverture à cause de la réforme. Le CBO
avait estimé que 51 millions de personnes de moins de 65 ans, sur
280, vivraient sans couverture en 2026 si la loi de la Chambre
était adoptée... contre 28 millions d'aujourd'hui, un retour en
arrière inacceptable pour les modérés.
Aux Etats-Unis, les plus de 65 ans sont couverts par une assurance
publique (Medicare), et la moitié des Américains le sont par leur
employeur. Les plus pauvres ont Medicaid, et le reste,
entrepreneurs, salariés de petites entreprises ou encore
clandestins, doivent s'assurer seuls. Obamacare les aidait à le
faire.
Les démocrates, minoritaires, ne peuvent guère que dénoncer une
réforme profitant aux plus fortunés, qui paieraient mécaniquement
moins d'impôts tandis que des millions de pauvres sortiraient du
système de santé, notamment du gigantesque programme Medicaid,
pilier de la protection sociale américaine depuis longtemps dans le
viseur de la droite.
"Pourquoi vaut-il mieux baisser les impôts des riches que garantir
l'accès aux soins?" s'est demandé le chef de file démocrate, Chuck
Schumer.
En cas d'adoption, le marathon ne sera pas terminé. La loi devra
être harmonisée avec la version de la Chambre.
(END) Dow Jones Newswires
June 22, 2017 15:32 ET (19:32 GMT)