Ambroise Ecorcheville,



Agefi-Dow Jones





Paris (Agefi-Dow Jones)--La défiance des investisseurs au prochain rachat par ArcelorMittal (MT.FR) du sidérurgiste italien Ilva est bien compréhensible, tant le pari qu'il représente paraît coûteux et risqué. Après tout, le consortium mené par le numéro un mondial de l'acier, lui-même surendetté, s'apprête à décaisser plusieurs milliards d'euros pour un groupe en lourdes pertes.



La réaction du marché est en tout cas sans ambiguïté. Plus forte baisse du CAC 40, l'action ArcelorMittal décrochait de près 3% mardi après avoir pourtant déjà perdu 28% de sa valeur depuis le début du mois de mars. Depuis le début de l'année, la valeur cède 13,3% et s'inscrit à la traîne de l'indice. A environ 18,30 euros, elle s'échange loin de l'objectif moyen de 26,30 euros des analystes.





Une addition totale de 4,2 milliards d'euros





Mais le mouvement est enclenché. Le gouvernement italien et un consortium détenu à 85% par ArcelorMittal sont entrés en discussions exclusives en vue du rachat d'Ilva pour 1,8 milliard d'euros, auxquels s'ajouteraient 2,4 milliards d'euros d'investissements. La note pourrait être adoucie par l'entrée dans le consortium de la banque italienne Banca Intesa Sanpaolo (ISP.MI). L'opération pourrait être bouclée en septembre ou octobre, selon Berenberg.



Même avec des partenaires, l'investissement est lourd pour ArcelorMittal. Malgré une baisse de 5,2 milliards de dollars en un an, l'industriel affichait encore une dette nette 12,1 milliards au 31 mars dernier. Cette dernière, qui représente 1,9 fois son excédent brut d'exploitation (Ebitda) 2016, reste classée en catégorie spéculative par les agences d'évaluation financière Moody's et Standard & Poor's.





Restructuration d'ampleur en vue





Et tout reste à faire sur Ilva. Propriétaire de la plus grande aciérie d'Europe, Ilva est accusé d'être le plus grand pollueur européen du secteur. Là où ArcelorMittal a selon Barclays généré 69 dollars d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) par tonne d'acier produite en en 2016 - et même 81 dollars par tonne en Europe, l'industriel italien en a perdu 40. Au total, Ilva a accusé un excédent brut d'exploitation négatif équivalent à 240 millions de dollars en 2016.



Certes, les risques associés à une reprise d'Ilva méritent d'être relativisés. ArcelorMittal a largement démontré son savoir-faire en matière d'intégration et de redressement d'entreprises. Le groupe bénéficie actuellement d'une conjoncture européenne plutôt favorable, même si elle demande à être confirmée sur la durée. En ravissant Ilva au consortium mené par l'indien JSW Steel, ArcelorMittal empêche un nouvel entrant de venir casser les prix en Europe.



Mais la reprise en vue de l'italien Ilva n'en ajoute pas moins un facteur de risque supplémentaire sur ArcelorMittal. En attendant d'en savoir plus sur le calendrier et les modalités d'intégration d'Ilva pour être convaincus de son potentiel, les investisseurs préfèrent manifestement temporiser.





- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90; aecorcheville@agefi.fr ed: ECH





(END) Dow Jones Newswires



June 06, 2017 10:10 ET (14:10 GMT)




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