Ambroise Ecorcheville,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les jours de Vivendi (VIV.FR) chez Ubisoft (UBI.FR) pourraient être comptés.



De prime abord, le groupe de médias et télécoms contrôlé par Vincent Bolloré conserve toutes ses options ouvertes sur sa participation de 26,63% dans l'éditeur de jeux vidéo de la famille Guillemot.



Mais l'éventualité la plus probable paraît bien être celle d'une sortie. C'est en tout cas celle qui est le plus dans ses intérêts. Même s'il reste à définir selon quelles modalités.



Certes, la déclaration d'intention faite par Vivendi jeudi soir, lors de la publication de ses résultats du troisième trimestre, est ambiguë.



Le groupe a déclaré qu'il ne tenterait pas de prendre le contrôle d'Ubisoft, mais souligné que cette déclaration ne valait que pour six mois.



Il a réaffirmé sa volonté de continuer à se développer dans les jeux vidéo, tout en relevant que sa plus-value latente dans le groupe dépassait désormais le milliard d'euros.



Dans les faits, Vivendi a intérêt à ne pas manifester trop ouvertement son intention de vendre pour éviter toute pression excessive sur le cours d'Ubisoft et maximiser sa plus-value dans le groupe.





Une acquisition indigeste pour Vivendi





Car il est bien dans l'intérêt de Vivendi de céder ses parts dans Ubisoft.



L'éditeur de jeux vidéo est sans doute devenu trop cher pour le groupe de médias et télécoms. Depuis l'entrée du groupe de Vincent Bolloré au capital de la société de la famille Guillemot, le cours d'Ubisoft a explosé et Vivendi s'est endetté.



Au cours actuel d'Ubisoft, Vivendi devrait débourser 5,7 milliards d'euros pour acquérir le solde de son capital, selon Kepler Cheuvreux. "Cela ferait gonfler sa dette nette à plus de 7 milliards d'euros et son ratio dette nette sur excédent brut d'exploitation (Ebitda) au-dessus de 3, c'est-à-dire au-dessus de la limite de 2,5 requise pour conserver sa note de crédit", a souligné la société de Bourse.



Risquée sur le plan financier, l'opération le serait tout particulièrement sur le plan opérationnel. La valeur d'Ubisoft réside avant tout dans son capital humain. Une OPA hostile pourrait faire fuir non seulement les membres de la famille Guillemot mais également des développeurs et créatifs clefs du groupe. Le risque de se retrouver à la tête d'une coquille vide ne peut être écarté.



L'éditeur de jeux vidéo et sa famille fondatrice ont constamment manifesté leur opposition à une tentative de prise de contrôle. "Nous resterons vigilants sur leurs intentions à long terme", a d'ailleurs déclaré Ubisoft en réaction au communiqué de Vivendi jeudi soir.



Enfin, la vente d'une participation actuellement valorisée environ 2 milliards d'euros permettrait à Vivendi de se dégager de nouveaux moyens financiers, par exemple pour renforcer sa filiale Gameloft dans les jeux vidéo mobiles à travers des acquisitions.



Dans le passé, Vincent Bolloré a toujours fait preuve de pragmatisme. Vendre ses parts dans Ubisoft avec une plus-value de plus de 1 milliard d'euros lui permettrait de sortir par le haut.





Les modalités d'une probable sortie à définir





Bien sûr, céder plus du quart du capital d'une entreprise cotée en Bourse de la taille d'Ubisoft n'est pas chose aisée. Réalisée au fil de l'eau, l'opération ne manquerait pas de peser sur son cours de Bourse.



Toutefois, les circonstances actuelles lui sont particulièrement favorables. Publication après publication, Ubisoft prouve qu'il est en train de réussir sa transformation stratégique, notamment sa montée en puissance sur Internet. Cette transformation a au moins autant contribué à l'essor du titre en Bourse que la dimension spéculative liée à l'offensive de Vivendi. Les perspectives offertes par la transformation en cours d'Ubisoft devraient l'aider à séduire de nouveaux investisseurs.



Une collaboration entre Vivendi et Ubisoft pour organiser une sortie coordonnée faciliterait également les choses. Elle pourrait permettre à Ubisoft de reprendre une partie des titres de Vivendi et de se concerter sur les éventuels repreneurs du solde de sa participation.



Contactés, ni Ubisoft ni Vivendi n'étaient disponibles pour un commentaire. Mais en un sens, le fait que Vivendi ait renoncé jeudi à toute représentation au conseil d'administration d'Ubisoft constitue une façon de jouer l'apaisement avec le groupe de la fratrie Guillemot.





Ubisoft ne devra pas relâcher la garde





Pourvu que Vivendi cède bien ses parts dans Ubisoft, l'éditeur indépendant pourra se targuer d'un bel exploit. Celui d'avoir repoussé les offensives hostiles de deux géants, après l'échec de celle de l'éditeur américain Electronic Arts (EA) pendant la première décennie des années 2000. Et cela sans recours à une pilule empoisonnée ou à un chevalier blanc.



Toutefois, l'irruption en octobre 2015 de Vivendi au capital d'Ubisoft a eu le mérite de mettre l'entreprise sous tension. La menace d'une OPA hostile a poussé l'éditeur à donner le meilleur de lui-même. Si Vivendi vend ses parts dans le groupe, il faut espérer qu'Ubisoft ne relâchera pas ses efforts.





- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90; aecorcheville@agefi.fr ed: ECH





(END) Dow Jones Newswires



November 17, 2017 09:28 ET (14:28 GMT)




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