Vivendi paraît bon marché à l'aune de la valorisation de Spotify - DJ Plus
16 Janvier 2018 - 9:49AM
Dow Jones News
Jack Hough,
Barron's
NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Les projecteurs sont braqués sur
Spotify, le service suédois de diffusion de musique à la demande
établi à Londres, qui prépare son introduction en Bourse au New
York Stock Exchange. Mais les investisseurs avisés devraient se
tourner vers Paris, siège du groupe de médias Vivendi (VIV.FR). En
effet, la popularité de Spotify, et de la pratique du "streaming"
en général, ne font qu'accroître la valeur d'Universal Music Group,
premier propriétaire de droits musicaux au monde avec les chansons
des Beatles, Katy Perry ou Kayne West, et principale vache à lait
de Vivendi.
Le modèle consistant à détenir des droits et percevoir des
redevances se révèle sans surprise plus avantageux que celui
consistant à payer des redevances et recueillir des abonnements.
Spotify continue de perdre de l'argent. Universal Music, lui, est
très rentable.
Si, comme l'espèrent certains investisseurs, la valeur de Spotify
atteignait 20 milliards de dollars à l'occasion de son introduction
en Bourse, qui pourrait avoir lieu dès mars, Universal Music
mériterait une valorisation supérieure à 40 milliards de dollars,
défend Daniel Kerven, analyste chez JPMorgan. Mardi, l'ensemble du
groupe Vivendi capitalisait 31,1 milliards d'euros. "Vous achetez
Universal Music et le reste du groupe vous est gracieusement
offert", apprécie David Marcus, gérant du fonds Evermore Global
Value, dont Vivendi figure parmi les cinq principales
positions.
Le flair de Vincent Bolloré en action
Pendant des années, David Marcus a considéré Vivendi comme un
mauvais investissement, mais le gérant explique avoir changé d'avis
après 2012, lorsque Vincent Bolloré a vendu des actifs télévisuels
à Vivendi en échange d'une part du capital. Aujourd'hui, Vincent
Bolloré contrôle Vivendi grâce à une participation minoritaire et à
la réglementation française qui confère des droits de vote doubles
aux investisseurs de long terme. Au cours des vingt dernières
années, l'industriel français a multiplié par 22 le patrimoine des
actionnaires de son conglomérat, Bolloré (BOL.FR), contre une
multiplication par six dans le cas de la société de Warren Buffett,
Berkshire Hathaway (BRKA).
Sous la houlette de Vincent Bolloré, Vivendi a vendu des actifs,
notamment des opérateurs télécoms en France, au Maroc et au Brésil,
ainsi que le groupe de jeux vidéo Activision Blizzard (ATVI). Le
produit des cessions a été réinvesti dans Telecom Italia (TIT.MI),
dans les éditeurs de jeux Gameloft et Ubisoft Entertainment
(UBI.FR) et dans le groupe de publicité Havas, qui pourrait
contribuer à monétiser la propriété intellectuelle de Vivendi.
Le risque d'une concurrence accrue pour Spotify
Spotify espère devenir rentable en gagnant en taille. Mais
l'entreprise va devoir entrer en concurrence avec des géants
technologiques qui pourraient être prêts à sacrifier leur marge
pour étendre leur écosystème numérique. Universal Music, de son
côté, va bénéficier de la concurrence internationale entre nouveaux
diffuseurs. Cette année, Universal devrait générer un chiffre
d'affaires de 5,95 milliards d'euros et un excédent brut
d'exploitation de 868 millions d'euros, selon Daniel Kerven.
Valoriser Vivendi est une tâche compliquée par le fait que certains
de ses actifs produisent peu ou pas de bénéfices. L'action se paie
24 fois le montant des profits attendus en 2018, mais beaucoup
d'analystes fondent leur estimation sur la somme des parties, et
non sur une comparaison des ratios cours sur bénéfices, pour fixer
leur objectif. L'analyste de JPMorgan se place un peu à part,
fixant un objectif de 42 euros, ce qui suppose un potentiel de
hausse de 75%.
Universal Music profitera de la réforme fiscale
Trois autres éléments sont à prendre en compte pour Vivendi. Tout
d'abord, Universal Music génère plus du tiers de ses revenus aux
Etats-Unis, et va bénéficier à ce titre de la baisse du taux
d'impôt sur les sociétés. Ensuite, le Copyright Royalty Board,
l'organisme américain chargé de fixer les taux de redevances, a
jugé le mois dernier que Sirius XM Holdings (SIRI) devait
s'acquitter de redevances plus élevées, dont Universal prendra sa
part. Enfin, Vivendi est appelé à bénéficier de l'introduction en
Bourse de Spotify au-delà d'un intérêt revigoré du marché pour le
modèle du streaming: il détient 5% du capital.
Au bout du compte, Vivendi, à la tête d'actifs dans la musique, la
télévision et les jeux vidéo, pèse aujourd'hui 38 milliards de
dollars. Sa branche musique à elle seule pourrait en valoir plus de
40 milliards, grâce au streaming.
-Jack Hough, Barron's (Version française Guillaume Bayre) ed:
LBO
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January 16, 2018 03:29 ET (08:29 GMT)
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