Jack Hough,



Barron's





NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Les projecteurs sont braqués sur Spotify, le service suédois de diffusion de musique à la demande établi à Londres, qui prépare son introduction en Bourse au New York Stock Exchange. Mais les investisseurs avisés devraient se tourner vers Paris, siège du groupe de médias Vivendi (VIV.FR). En effet, la popularité de Spotify, et de la pratique du "streaming" en général, ne font qu'accroître la valeur d'Universal Music Group, premier propriétaire de droits musicaux au monde avec les chansons des Beatles, Katy Perry ou Kayne West, et principale vache à lait de Vivendi.



Le modèle consistant à détenir des droits et percevoir des redevances se révèle sans surprise plus avantageux que celui consistant à payer des redevances et recueillir des abonnements. Spotify continue de perdre de l'argent. Universal Music, lui, est très rentable.



Si, comme l'espèrent certains investisseurs, la valeur de Spotify atteignait 20 milliards de dollars à l'occasion de son introduction en Bourse, qui pourrait avoir lieu dès mars, Universal Music mériterait une valorisation supérieure à 40 milliards de dollars, défend Daniel Kerven, analyste chez JPMorgan. Mardi, l'ensemble du groupe Vivendi capitalisait 31,1 milliards d'euros. "Vous achetez Universal Music et le reste du groupe vous est gracieusement offert", apprécie David Marcus, gérant du fonds Evermore Global Value, dont Vivendi figure parmi les cinq principales positions.





Le flair de Vincent Bolloré en action





Pendant des années, David Marcus a considéré Vivendi comme un mauvais investissement, mais le gérant explique avoir changé d'avis après 2012, lorsque Vincent Bolloré a vendu des actifs télévisuels à Vivendi en échange d'une part du capital. Aujourd'hui, Vincent Bolloré contrôle Vivendi grâce à une participation minoritaire et à la réglementation française qui confère des droits de vote doubles aux investisseurs de long terme. Au cours des vingt dernières années, l'industriel français a multiplié par 22 le patrimoine des actionnaires de son conglomérat, Bolloré (BOL.FR), contre une multiplication par six dans le cas de la société de Warren Buffett, Berkshire Hathaway (BRKA).



Sous la houlette de Vincent Bolloré, Vivendi a vendu des actifs, notamment des opérateurs télécoms en France, au Maroc et au Brésil, ainsi que le groupe de jeux vidéo Activision Blizzard (ATVI). Le produit des cessions a été réinvesti dans Telecom Italia (TIT.MI), dans les éditeurs de jeux Gameloft et Ubisoft Entertainment (UBI.FR) et dans le groupe de publicité Havas, qui pourrait contribuer à monétiser la propriété intellectuelle de Vivendi.





Le risque d'une concurrence accrue pour Spotify





Spotify espère devenir rentable en gagnant en taille. Mais l'entreprise va devoir entrer en concurrence avec des géants technologiques qui pourraient être prêts à sacrifier leur marge pour étendre leur écosystème numérique. Universal Music, de son côté, va bénéficier de la concurrence internationale entre nouveaux diffuseurs. Cette année, Universal devrait générer un chiffre d'affaires de 5,95 milliards d'euros et un excédent brut d'exploitation de 868 millions d'euros, selon Daniel Kerven.



Valoriser Vivendi est une tâche compliquée par le fait que certains de ses actifs produisent peu ou pas de bénéfices. L'action se paie 24 fois le montant des profits attendus en 2018, mais beaucoup d'analystes fondent leur estimation sur la somme des parties, et non sur une comparaison des ratios cours sur bénéfices, pour fixer leur objectif. L'analyste de JPMorgan se place un peu à part, fixant un objectif de 42 euros, ce qui suppose un potentiel de hausse de 75%.





Universal Music profitera de la réforme fiscale





Trois autres éléments sont à prendre en compte pour Vivendi. Tout d'abord, Universal Music génère plus du tiers de ses revenus aux Etats-Unis, et va bénéficier à ce titre de la baisse du taux d'impôt sur les sociétés. Ensuite, le Copyright Royalty Board, l'organisme américain chargé de fixer les taux de redevances, a jugé le mois dernier que Sirius XM Holdings (SIRI) devait s'acquitter de redevances plus élevées, dont Universal prendra sa part. Enfin, Vivendi est appelé à bénéficier de l'introduction en Bourse de Spotify au-delà d'un intérêt revigoré du marché pour le modèle du streaming: il détient 5% du capital.



Au bout du compte, Vivendi, à la tête d'actifs dans la musique, la télévision et les jeux vidéo, pèse aujourd'hui 38 milliards de dollars. Sa branche musique à elle seule pourrait en valoir plus de 40 milliards, grâce au streaming.





-Jack Hough, Barron's (Version française Guillaume Bayre) ed: LBO





(END) Dow Jones Newswires



January 16, 2018 03:29 ET (08:29 GMT)




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