Washington bloque le rachat de MoneyGram par la Chine, qui réclame "l'équité"
03 Janvier 2018 - 10:43AM
Dow Jones News
Les autorités américaines se sont opposées au rachat de
MoneyGram, groupe américain spécialisé dans les transferts
d'argent, par le chinois Ant Financial, société financière liée au
géant de l'e-commerce Alibaba --amenant Pékin à réclamer mercredi
un traitement "équitable".
Les deux groupes ont annoncé mardi, dans un communiqué commun,
qu'ils renonçaient à ce rapprochement de 1,2 milliard de dollars,
"faute d'avoir obtenu l'approbation obligatoire du Comité sur les
investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS)", et ce "malgré
les efforts considérables pour répondre aux préoccupations du
Comité".
Le rejet de cette opération de fusion entre le groupe américain et
celui du magnat chinois Jack Ma est un nouveau signe de l'approche
plus dure, en matière commerciale et règlementaire, de
l'administration Trump envers la Chine.
"L'environnement géopolitique a considérablement changé depuis que
nous avons annoncé la transaction proposée avec Ant Financial il y
a près d'un an", a affirmé le directeur général de MoneyGram, Alex
Holmes. Les deux groupes ont néanmoins dit vouloir poursuivre des
"coopérations stratégiques", notamment sur divers marchés
asiatiques.
Ant Financial est contrôlé par Jack Ma, fondateur d'Alibaba, et
exploite des services de paiement sur internet et sur mobile. Il
visait à s'étendre internationalement avec le rachat de MoneyGram,
société basée à Dallas et spécialisée dans le transfert de fonds à
l'étranger. Le groupe américain compte environ 1.300 employés.
Le CFIUS, un organisme multi-agences placé sous la houlette du
Trésor américain, est chargé d'examiner les acquisitions étrangères
et peut les faire bloquer pour des raisons de sécurité
nationale.
Interrogée mercredi, la diplomatie chinoise a indirectement
critiqué ce véto, en rappelant qu'une coopération économique
sino-américaine "fondée sur le respect mutuel" servait les intérêts
des deux pays.
"Nous espérons que les Etats-Unis puissent établir un environnement
équitable et prévisible pour les entreprises chinoises qui veulent
y investir", a martelé Geng Shuang, porte-parole du ministère
chinois des Affaires étrangères.
- Semiconducteurs -
En septembre dernier, sur les recommandations du CFIUS, le
président Trump s'était déjà opposé au rachat du fabricant de
semi-conducteurs Lattice Semiconductor Corporation par un groupe
détenu par des actionnaires chinois, le fonds d'investissement
Canyon Bridge Fund.
M. Trump avait invoqué "un risque pour la sécurité nationale" lié à
des transferts potentiels de propriété intellectuelle sur des
semi-conducteurs.Pékin s'en était aussitôt alarmé, dénonçant un
veto à des fins "protectionnistes".
Dans le cas du rachat de MoneyGram, les autorités américaines
avaient, selon des informations de presse, des inquiétudes sur la
sécurité des données personnelles ainsi que sur le contrôle des
transactions vis-à-vis du blanchiment d'argent et du financement du
terrorisme.
Il y a un an, cependant, Donald Trump s'affichait aux côtés de Jack
Ma, saluant "l'un des meilleurs entrepreneurs du monde". Reçu en
janvier 2017 en grande pompe à New York par le milliardaire, Jack
Ma avait alors promis de générer indirectement "un million
d'emplois" aux Etats-Unis: un coup de communication qui n'avait
guère eu de suite concrète.
Les investissements chinois aux Etats-Unis ont fortement progressé
ces dernières années, totalisant 46 milliards de dollars en 2016,
alors que Pékin encourageait ses entreprises à s'assurer à
l'étranger des technologies et de nouveaux marchés.
Mais depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche,
Washington se montre bien plus réticent envers les acquisitions
chinoises. Le président milliardaire dénonce le déséquilibre des
échanges commerciaux sino-américains et les Etats-Unis multiplient
les enquêtes sur les pratiques commerciales du régime communiste,
accusé d'avantager ses entreprises.
D'autres projets de rachats chinois aux Etats-Unis restent
suspendus à l'examen du CFIUS, dont l'acquisition de l'assureur
américain Genworth Financials par le Chinois Oceanwide Holdings
pour 2,7 milliards de dollars, dévoilée dès octobre 2016.
(END) Dow Jones Newswires
January 03, 2018 04:23 ET (09:23 GMT)
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