François Berthon,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Tombée mi-octobre à des plus bas depuis décembre 2016, l'action Genfit connaît depuis deux semaines un regain d'intérêt sensible lui permettant de retrouver les 20 euros. Pour autant, les 70 euros de février 2015 restent loin et la société de biotechnologie spécialisée dans les maladies métaboliques et inflammatoires affiche un recul de 15% depuis le début de l'année. Genfit n'a pas été épargné par la désaffection qui touche l'ensemble du secteur depuis de longs mois. Et celle-ci tend même à s'aggraver au fur et à mesure que diminue la propension au risque des investisseurs avec les tensions sur les marchés.



Indépendamment du contexte, la biotech lilloise se rapproche pourtant d'un moment crucial de son histoire. C'est en 2019 qu'elle a prévu de publier ses premiers résultats de phase III pour son produire phare, l'elafibranor, développé comme traitement contre la NASH, la stéatose hépatique non alcoolique ("Non Alcoholic Steatohepatitis" en anglais). Devenu un véritable enjeu de santé publique en quelques années, la "maladie du soda", qui provoque une accumulation de graisse dans le foie, une inflammation et une dégénérescence des cellules hépatiques, toucherait 12% de la population adulte des pays développés (Williams et al, 2011) et l'on estime que la maladie deviendra la principale cause de transplantation du foie d'ici 2020.



Un potentiel de "multi-blockbuster"



"Le marché est inexploité, sans traitement disponible et pourrait représenter 10 à 15 milliards de dollars", rappelle Jean-Jacques Le Fur, analyste chez Bryan Garnier. Sur ce marché colossal et en pleine croissance, sur lequel toutes les places restent à prendre, Genfit est bien placé. L'élafibranor devrait faire partie des premiers médicaments lancés pour traiter cette pathologie, avec l'Ocaliva de la société de biotechnologie américaine Intercept Pharmaceuticals. Mais "ce dernier a des effets secondaires que nous considérons incompatibles avec un traitement chronique", fait remarquer Jean-Jacques Le Fur qui s'attend pour cette raison à ce qu'elafibranor recueille rapidement la majorité des prescriptions. En prenant l'hypothèse d'un lancement d'Elafibranor en 2021, Bryan Garnier estime le potentiel de ventes à 4 milliards d'euros, ce qui ferait du produit de Genfit un "multi-blockbuster".



"L'Ocaliva d'Intercept reste pour nous, en termes de données cliniques, un compétiteur sérieux d'Elafibranor car il semble avoir une activité sur la NASH et la fibrose", estime pour sa part Pierre Corby, chez Oddo BHF. La fibrose est le tissu cicatriciel qui remplace les cellules hépatiques endommagées. Toutefois, pour Oddo BHF, le principal concurrent d'elafibranor serait plutôt le "MGL 3196" du laboratoire américain Madrigal, mais ce dernier ne devrait débuter la phase III de ses études cliniques que d'ici fin 2018, laissant Genfit avec plusieurs années d'avance.



Future "colonne vertébrale" des traitements de la NASH ?



Surtout, la maladie de la NASH ayant des origines multifactorielles, il apparaît de plus en plus évident qu'une prise en charge optimale de la NASH nécessitera d'associer plusieurs médicaments. Et compte tenu du profil de l'efficacité et de l'absence d'effets secondaires montrés jusqu'à présent par elafibranor, le produit de Genfit se positionne comme la future "colonne vertébrale" de ces combinaisons de l'avis de nombreux analystes.



"Le potentiel de combinaison d'Elafibranor continue de se renforcer avec de nouvelles données cliniques précliniques", note d'ailleurs Yasmeen Rahimi, analyste chez Roth Capital Partners, à l'approche du congrès de l'AASLD, The Liver Meeting qui se tient cette année à San Francisco du 9 au 13 novembre. Genfit y présentera notamment de nouvelles combinaisons de traitements anti-NASH construites autour d'elafibranor et d'un inhibiteur d'une enzyme, l'acétyl-CoA carboxylase (ACC), impliquée dans la fabrication des lipides.



Parmi les bureaux d'études couvrant Genfit, Roth Capital Partners affiche l'objectif de cours le plus élevé à 116 euros, soit près de 6 fois le cours de Bourse actuel, pour une capitalisation potentielle de 3,6 milliards d'euros. Cela peut paraître beaucoup mais, les concurrents américains de Genfit affichent des capitalisations déjà considérables: 2,6 milliards de dollars pour Intercept Pharmaceuticals, 2,8 milliards de dollars pour Madrigal, à comparer aux 640 millions d'euros (725 millions de dollars) actuels de Genfit.



Bien sûr, les analystes fondent leurs calculs sur un succès - hypothétique à ce stade - de l'étude de phase III en cours sur elafibranor, dont les principaux résultats intermédiaires sont attendus à la fin 2019. D'ici là, la publication avant fin 2018 des résultats de phase "2a" évaluant le même produit dans la cholangite biliaire primitive (CBP), une maladie rare du foie caractérisée par la destruction progressive des canaux biliaires intra-hépatiques, "pourrait servir de catalyseur à court terme", estime Christophe Dombu, analyste chez Portzamparc.



L'année 2019 s'annonce donc clé pour la NASH, les principaux acteurs devant publier les résultats de leurs études de phase III. Cela pourrait entretenir la spéculation l'an prochain. Avant cela, des résultats positifs dans la CBP permettrait au titre Genfit de finir 2018 en beauté.



-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93; fberthon@agefi.fr ed: ECH



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October 31, 2018 11:34 ET (15:34 GMT)




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