A court terme, Renault semble en avoir plus sous le capot en Bourse que PSA - DJ Plus
09 Décembre 2019 - 12:51PM
Dow Jones News
Pierre Briançon,
Barron's
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Renault et PSA suivent deux routes bien
différentes. Le groupe au losange recherche depuis deux mois son
nouveau directeur général après l'éviction de Thierry Bolloré en
octobre. Son ancien PDG, Carlos Ghosn, est poursuivi en justice par
les autorités japonaises depuis plus d'un an, soupçonné de
malversations financières, des charges que l'ancien dirigeant a
toujours rejetées. De plus, Renault tente encore de donner un réel
sens à son "alliance" longue de 20 ans avec son partenaire japonais
Nissan.
PSA de son côté est dirigé par l'énergique et très respecté Carlos
Tavares, ex-directeur général délégué aux opérations de Renault. Le
groupe sochalien s'est fiancé à son rival italo-américain Fiat
Chrysler Automobiles (FCA) en annonçant un projet de fusion entre
égaux largement acclamé, quelques mois après l'échec des
discussions entre Renault et FCA sur une opération similaire.
Sans surprise, les actions des deux rivaux français reflètent leurs
fortunes opposées. Depuis janvier, le titre Renault perd 22% à
42,35 euros tandis que celui de PSA gagne 14% à 21,31 euros. Sur la
même période, l'indice CAC 40 s'adjuge 24%.
Les actions de l'ensemble des grands constructeurs automobiles
mondiaux ont également pâti du ralentissement du commerce mondial,
des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis et des
menaces de l'administration Trump d'imposer des tarifs douaniers
sur les importations d'automobiles provenant d'Europe.
Mais, dans un futur proche, il apparaît que Renault résout petit à
petit ses difficultés alors que Peugeot pourrait rencontrer
quelques obstacles sur sa route.
Un mariage entre égaux qui ressemble à une acquisition
Depuis l'annonce du projet de fusion avec FCA, l'action Peugeot a
perdu 18%. Ce recul s'explique en partie par les termes de l'union
prévue entre les deux groupes automobiles, que les deux fiancés ont
tenté de présenter comme une fusion entre égaux, même si elle
ressemble à une acquisition du groupe italo-américain par PSA. Lors
de l'annonce de ce mariage, le 31 octobre, la capitalisation
boursière de PSA s'élevait à 23 milliards d'euros contre 18
milliards pour FCA.
Pour conserver l'apparence d'une opération équilibrée entre les
deux groupes, le constructeur italo-américain versera à ses
actionnaires un dividende exceptionnel de 5,5 milliards d'euros
avant la clôture de l'opération. PSA, de son côté, distribuera à
ses porteurs sa participation de 46,3% dans l'équipementier
automobile Faurecia. Dans les faits, ces transactions reviendraient
pour PSA à transférer plus de 3 milliard d'euros de valeurs vers
les actionnaires de FCA.
Au cours des jours ayant suivi cette annonce, le marché a
rapidement ajusté les capitalisations boursières des deux sociétés.
Mais en raison de l'environnement mondial et d'une montée des
incertitudes, leurs cours de Bourse ont tellement chuté que les
conditions de la fusion pourraient devoir être revues. Leur
capitalisation boursière combinée a baissé de 1,7 milliard d'euros
depuis l'annonce de leurs fiançailles. Ce qui, pour une opération
devant générer quelque 3,7 milliards d'euros de synergies
annuelles, n'est pas censé se produire. 80% de ces synergies
devraient être réalisées à partir de la fin de la quatrième année,
ont indiqué Carlos Tavares et John Elkann, le président du conseil
d'administration de FCA, dans une déclaration commune lorsque
l'opération a été dévoilée.
De son côté, Renault pourrait bien tourner la page de son annus
horribilis. Luca de Meo, président du comité exécutif de Seat, est
cité comme favori pour prendre le poste de directeur général du
groupe. Renault choisirait alors un Italien qui dirige actuellement
la filiale espagnole de Volkswagen, un groupe allemand. Le
constructeur, dont le caractère trop français a souvent semblé
nuire à son propre bien - l'Etat possédant toujours 15% du capital
et près du double en droits de vote - enverrait alors de bon
signaux.
De plus, la volonté apparente de Nissan et de Jean-Dominnique
Senard, le président de Renault, de remettre en piste l'alliance
Renault-Nissan-Mitsubishi, pour ses actionnaires comme pour ses
clients, montre une saine intention d'aller de l'avant après
l'affaire Ghosn et ses conséquences. Le dirigeant français a
déclaré ce mois-ci qu'une fusion entre Nissan et Renault, voulue
autrefois par Carlos Ghosn, n'était "probablement pas la bonne
façon de penser" l'avenir de l'Alliance.
Au regard de la chute de son action depuis le début de l'année,
l'action Renault semble désormais offrir davantage de potentiel que
celle de PSA.
-Pierre Briançon, Barron's (Version française Julien Marion) ed:
ECH
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