Accor devra revenir à meilleure fortune pour faire aboutir une méga-fusion - DJ Plus
01 Septembre 2020 - 9:31AM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Bousculé par la crise, Accor hésite à
passer à l'offensive. Le groupe hôtelier dirigé par Sébastien Bazin
aurait lancé en juin dernier un groupe de travail afin d'étudier un
rapprochement avec le britannique InterContinental Hotels Group
(IHG).
Un tel rapprochement créerait un champion incontesté, avec plus de
11.000 hôtels dans le monde et 1,6 millions de chambres
disponibles, contre 1,4 million pour l'actuel numéro un,
Marriott.
Selon le Figaro qui rapporté les informations sur les réflexions du
groupe hôtelier, le président-directeur général d'Accor, Sébastien
Bazin, n'a pas pris contact avec les dirigeants d'IHG, jugeant que
le moment n'est pas opportun.
Interrogé par l'agence Agefi-Dow Jones, le groupe n'a pas souhaité
commenter ces informations. En Bourse, le titre Accor a repris 15%
depuis la mi-août et celui d'IHG s'est apprécié de 10%.
Un secteur affaibli et fragmenté
"Il est normal que l'on reparle de consolidation dans ce secteur
qui a été frappé de plein fouet par la crise sanitaire et qui reste
très fragmenté. L'hôtellerie est une industrie de coûts fixes où la
taille est importante pour survivre surtout dans la période
actuelle", indique un analyste du secteur.
"Après le rachat Starwood par Marriott en 2016, une fusion entre le
premier opérateur européen [Accor, ndlr] et l'un des principaux
opérateurs américains [IHG, ndlr] serait logique", affirment les
analystes de Jefferies. La banque estime qu'un rapprochement
générerait entre 100 et 150 millions d'euros d'économies
structurelles, notamment au niveau des fournisseurs et des
fonctions supports, et des synergies de revenus liées à la fusion
des programmes de fidélité des deux groupes.
Une telle entité pourrait ainsi dégager un excédent brut
d'exploitation (Ebitda) combiné de près de 2 milliards d'euros en
2022, contre un Ebitda de 825 millions d'euros pour Accor et de 800
millions de dollars pour IHG en 2019.
Un mariage déséquilibré
Les réticences de Sébastien Bazin à engager des discussions avec
IHG s'expliquent aisément. Le titre Accor a perdu près de 40%
depuis le début de l'année, tandis que celui d'IHG a pour sa part
cédé 15%. Le groupe britannique est aujourd'hui valorisé à 8
milliards d'euros, contre 6,9 milliards d'euros pour Accor.
Pour convaincre les actionnaires d'IHG, Accor devrait offrir une
prime substantielle sur le cours actuel d'IHG, et mettre ses
actionnaires à contribution, ce qui paraît difficile dans le
contexte actuel d'incertitudes sur le niveau de la demande et de
forte consommation de cash, estime Deutsche Bank.
Un mariage entre égaux semble exclu car les actionnaires d'IHG
refuseraient probablement une telle offre aux cours actuel, ajoute
la banque.
De fortes différences de culture
JPMorgan évoque de son côté des différences de culture, de
stratégie et de gouvernance entre les deux groupes. Avec son modèle
de franchise qui s'appuie sur des marques bien établies (Holiday
Inn, Crowne Plaza, etc), IHG s'est montré plus résilient qu'Accor,
dont les revenus issus de la gestion en propre sont plus cycliques.
Par ailleurs, les initiatives du groupe français visant à
multiplier les marques et à offrir de nouveaux services centrés sur
l'événementiel paraît peu adaptée à l'environnement actuel.
"L'un dans l'autre, nous pensons qu'il y a davantage d'arguments
défavorables à un rapprochement qu'en faveur d'une telle
opération", indique Borja Olcese, analyste de la banque
américaine.
Accor ne devrait pas voir ses résultats s'améliorer rapidement,
selon l'agence de notation S&P, qui a dégradé sa note sur le
groupe français de "BBB-" à "BB+" suite à la publication de ses
résultats semestriels. "Les revenus d'Accor seront plus faibles à
un moment où les coûts de restructuration augmentent
considérablement, ce qui ne sera que partiellement compensé par les
importantes initiatives de réduction des coûts et de conservation
de la trésorerie prises par l'entreprise", estime l'agence de
notation.
Avec 4 milliards d'euros de liquidités disponibles à la fin juin,
le groupe français peut toutefois compter sur un bilan solide pour
traverser la période actuelle de turbulences, et saisir des
opportunités de croissance externe. Sébastien Bazin a indiqué lors
de la présentation des résultats semestriels que le groupe
discutait avec des acteurs de plus petite taille notamment au
Royaume-Uni. Un redressement de sa performance financière et
boursière constitue un prérequis avant d'envisager une opération de
plus grande envergure.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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