Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le secteur touristique n'est désormais plus "béni des dieux", comme avait pour habitude de l'affirmer Sébastien Bazin, le PDG d'Accor. Le groupe hôtelier comme l'ensemble de ses concurrents affronte une crise sans précédent.



En 2020, le nombre de touristes internationaux pourrait plonger de 60% à 80% par rapport à son niveau de 2019, selon les projections de l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT). A titre de comparaison, lors de la pandémie du Sras (syndrome respiratoire aigüe sévère) de 2003, puis celle des crédits subprime en 2009, le nombre de voyageurs internationaux n'avait reculé que de respectivement 0,4% et 4% sur un an.



Accor a été durement frappé par la crise du Covid-19 et les mesures de confinement mises en place par les différents gouvernements. Le groupe hôtelier a été contraint de placer 220.000 collaborateurs - sur un total de 300.000 - en chômage partiel, tandis que plus de 60% de ses hôtels étaient fermés fin avril.



La reprise s'avère lente, surtout en Europe où le groupe a enregistré plus de 40% son chiffre d'affaires l'an passé. "Mon dieu ce que nous avons du mal à rebondir depuis la fin du confinement" dans cette région, s'est exclamé Sébastien Bazin, lors de l'assemblée générale du groupe. Les voyageurs "recherchent d'abord des locations saisonnières dans des maisons-appartements pour rencontrer le moins de monde possible et préserver ainsi leur propre santé", a expliqué le PDG.



Les résultats semestriels d'Accor, qui seront dévoilés le 4 août, porteront la marque de ce quasi-arrêt de l'activité. Barclays prévoit un revenu par chambre disponible (RevPAR) en chute de 88,5% au deuxième trimestre et un Ebitda (excédent brut d'exploitation) négatif à hauteur de -267 millions d'euros pour l'ensemble du premier semestre. A plus long terme, Credit Suisse estime qu'en 2023, le RevPar d'Accor sera encore inférieur de 10% à son niveau de 2019.



Une mue incomplète



Accor devra tirer les leçons de la pandémie en révisant sa structure de coûts dont la crise a révélé qu'elle demeurait trop rigide. Depuis 2018, le groupe hôtelier s'est orienté vers un modèle "asset light", soit une stratégie d'allègement du bilan, en cédant 70% du capital d'AccorInvest, sa filiale immobilière. Mais cette mue demeure incomplète. "Ils sont censés être 'asset light' mais ils ne le sont pas encore", pointe un analyste. Cet intermédiaire financier souligne que la sensibilité des résultats d'Accor à une baisse du RevPAR est "environ trois fois plus forte" que celle de son concurrent britannique InterContinental Hotels Group.



Sébastien Bazin a bien conscience de cette problématique : "nous ne sommes pas encore une société 'asset light'", a reconnu le dirigeant en AG. Le PDG constate qu'Accor supporte encore trop de coûts de fixes : le groupe devra adapter sa structure et son organisation pour augmenter la partie variable de ses coûts. La direction fera des annonces sur ces efforts d'adaptation lors de la présentation de ses résultats semestriels.



Deutsche Bank estime qu'Accor pourrait transformer environ 250 millions d'euros en coûts variables pour réduire ensuite sa base de coûts structurels d'environ 100 millions d'euros. Ce qui, selon la banque allemande, pourrait diminuer de 20% la sensibilité d'Accor, qui perd actuellement environ 20 millions d'euros d'Ebitda par point de pourcentage de baisse du RevPAR.



Jefferies considère que les efforts du groupe hôtelier pour s'orienter vers une structure "asset light", plus flexible en matière de coûts, sont encore sous-estimés par le marché. "Nous pensons qu'Accor est en train de transformer son modèle d'entreprise en un modèle plus efficace et qu'en fin de compte, la société pourrait sortir plus forte de la crise", jugent de leur côté les analystes de Deutsche Bank.



En donnant d'avantage de flexibilité à sa structure du coût, Accor renforcerait assurément son profil boursier. Le groupe pourrait également réduire sa décote par rapport à ses comparables américains "asset light", évaluée par Oddo BHF à environ 15%.



A défaut d'être béni des dieux, Accor rassurerait sur sa capacité à surmonter un fléau qui marquera l'histoire économique.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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July 13, 2020 03:04 ET (07:04 GMT)




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