Affaire Novartis: les députés grecs décident d'une commission d'enquête
22 Février 2018 - 9:48AM
Dow Jones News
Le parlement grec a décidé jeudi matin de constituer une
commission d'enquête sur l'affaire des pots de vin présumés versés
par le groupe pharmaceutique suisse Novartis à une dizaine
d'importants responsables politiques, dont un ancien Premier
ministre, lorsqu'ils étaient en fonctions.
A la suite d'un débat qui s'est poursuivi dans la nuit de mercredi
à jeudi, une large majorité s'est prononcée en faveur d'une telle
commission préliminaire d'enquête, qui était réclamée par les
responsables politiques incriminés eux-mêmes, soucieux de blanchir
leurs noms.
"Y-a-t-il quelqu'un qui doute des pratiques opaques de cette
compagnie?", a lancé le Premier ministre, Alexis Tsipras, devant
les députés, ajoutant que des milliers de médecins avaient été
rémunérés illégalement pour prescrire des produits de Novartis, que
la compagnie avait contribué à "manipuler" les prix de ses produits
et qu'elle avait blanchi de l'argent par l'intermédiaire de congrès
médicaux au "mérite douteux".
"La justice sera rendue", a poursuivi Alexis Tsipras.
Seul le Parlement dispose du pouvoir de lancer une enquête à
l'encontre d'anciens ministres lorsqu'ils étaient en fonctions.
Parmi les politiques mis en cause et désignés par des témoins
protégés dans une enquête pour l'essentiel américaine, figurent
l'ancien Premier ministre conservateur Antonis Samaras, le
commissaire européen aux Migrations Dimitris Avramopoulos et Yannis
Stournaras, gouverneur de la Banque de Grèce.
Tous rejettent les accusations portées à leur encontre.
"Je sais que (Alexis) Tsipras me déteste, mais vous êtes allés trop
loin. Vous répondrez de cette machination contre moi", a déclaré
Antonis Samaras devant les députés.
La commission parlementaire dispose d'un mois pour recommander des
poursuites à l'encontre de tout suspect confirmé.
Novartis est soupçonné d'avoir versé entre 2006 et 2015 des pots de
vin à des responsables politiques et à des médecins pour acquérir
une position dominante sur le marché grec, et écouler des
médicaments à prix élevés alors même que des alternatives meilleur
marché étaient disponibles. Des estimations judiciaires portent à
quelque 3 milliards d'euros les pertes pour les caisses publiques
grecques.
L'opposition à Alexis Tsipras accuse le gouvernement de vouloir
avec cette affaire détourner l'attention sur les questions
économiques et internationales.
Dimitris Avramopoulos, qui fut ministre de la Santé de 2006 à 2009,
poursuit en justice pour diffamation et parjure les témoins qui
l'auraient nommé et réclame que leurs identités soient rendues
publiques.
Yannis Stournaras, l'ancien ministre des Finances de Antonis
Samaras, a qualifié les accusations d'"idiotes" et de "calomnies
ignobles".
Selon l'Organisation pour la coopération et le développement
économique (OCDE), l'achat de médicaments en Grèce a grimpé de
23,6% des dépenses totales dans le domaine de la santé en 2006 à
30,7% en 2011. Elles sont retombées à 25,9% en 2015, à la suite des
pressions des créanciers internationaux.
Novartis a indiqué pour sa part qu'elle coopérait depuis quatorze
mois avec les autorités grecques et américaines, tout en conduisant
de son côté un audit interne.
(END) Dow Jones Newswires
February 22, 2018 03:28 ET (08:28 GMT)
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