Airbus remporte la bataille des commandes au Bourget, Boeing déjoue les pronostics
20 Juin 2019 - 05:10PM
Dow Jones News
LE BOURGET (Agefi-Dow Jones)--Airbus a remporté la course aux
commandes face à Boeing jeudi, au quatrième jour du Salon du
Bourget, le dernier réservé aux professionnels, le groupe américain
ayant toutefois marqué les esprits lors de cet événement en
annonçant de nouveaux contrats pour son avion 737 MAX.
Lors d'un bilan provisoire arrêté à jeudi midi, Airbus a indiqué
avoir glané 363 contrats comprenant la totalité des commandes et
des engagements. Guillaume Faury, le président du comité exécutif
d'Airbus, a toutefois signalé que d'autres commandes pourraient
intervenir pendant le restant de la journée ainsi que vendredi.
Airbus a notamment conclu en début d'après-midi un nouveau
protocole d'accord avec la compagnie saoudienne Flynas portant sur
10 A321 XLR.
Dans tous les cas, Airbus est assuré de terminer devant son grand
rival américain. Dans son bilan communiqué jeudi, Boeing n'a pas
fait la somme des contrats signés, mais en additionnant tous les
engagements, droits d'achat et commandes récapitulés par le groupe,
celui-ci a vendu 292 avions durant l'intégralité du Salon.
Un faible niveau de commandes fermes
Cette 53e édition du Salon du Bourget est toutefois restée terne en
termes de commandes fermes: Airbus a indiqué en avoir enregistré
149 tandis qu'on en dénombre 20 chez Boeing. Richard Aboulafia,
vice-président du cabinet de conseil spécialisé dans l'aéronautique
Teal, explique que le marché est "actuellement préoccupé par les
surcapacités", ce qui peut expliquer "un résultat relativement
décevant en termes de commandes".
Airbus a néanmoins réussi le lancement de l'A321 XLR, nouvelle
version de son monocouloir A321 dévoilée lundi. Attendu de longue
date, cet appareil a été un énorme pourvoyeur de contrats pour le
groupe européen au Bourget. Airbus a glané jusqu'à présent 236
commandes et engagements pour cet appareil, dont 99 conversions. Un
chiffre supérieur aux attentes de Morgan Stanley, qui tablait sur
150 à 200 contrats, commande et conversions combinées.
Doté d'un rayon d'action maximal de 4.700 milles marins, soit
environ 8.700 km, et capable de voler pendant 10 heures, l'A321 XLR
est taillé pour séduire les compagnies low-cost dont l'activité
long-courrier est en pleine expansion. Cet avion "ouvre de
nouvelles opportunités commerciales pour Airbus qui n'étaient pas
auparavant accessibles, à la fois sur les low-cost et les
compagnies traditionnelles", a fait valoir Christian Scherer, le
directeur commercial d'Airbus.
Le lancement de l'A321 XLR permet à Airbus d'affiner sa stratégie
sur le "midmarket" c'est-à-dire le marché situé à la lisière entre
les monocouloirs et les gros porteurs, dont Jefferies évalue le
potentiel commercial à 5.500 commandes dans les 20 prochaines
années.
"L'A321 XLR a de grands atouts: il bénéficie d'une conception
robuste et bien connue (moins coûteux en formation et en
maintenance), ainsi que d'un système propulsif de dernière
génération", explique Stéphane Albernhe, managing partner du
cabinet Archery Strategy Consulting. "En outre, par rapport à un
long-courrier classique il est plus petit (donc plus flexible et
plus facile à remplir) et surtout il est moins cher",
ajoute-t-il.
Le groupe européen a également coupé l'herbe sous le pied de
Boeing, qui étudie la possibilité de lancer un nouvel appareil pour
capter ce marché. Boeing n'a toutefois pas encore formalisé sa
décision de produire ce nouvel appareil, dénommé New Midsize
Airplane (NMA). Dimanche, Dennis Muilenburg, le président-directeur
général de Boeing, a déclaré que le groupe de Seattle
"poursui[vait] ses évaluations".
De nouvelles commandes pour le 737 MAX
Si Boeing a été devancé par son grand rival sur le plan commercial,
le groupe américain a pourtant créé la plus grande surprise du
salon. L'avionneur a annoncé mardi une lettre d'intention de la
part d'International Consolidated Airlines Group (IAG), maison mère
des compagnies aériennes British Airways, Iberia, Level et Vueling,
portant sur 200 avions 737 MAX.
La décision d'IAG constitue un véritable vote de confiance dans cet
appareil, cloué au sol depuis mars, après deux crashs en cinq mois,
et dont la remise en service reste encore incertaine. "Nous avons
toute confiance en Boeing et nous nous attendons à ce que l'avion
soit remis en service avec succès au cours des prochains mois,
après avoir reçu l'approbation des régulateurs", a déclaré Willie
Walsh, le directeur général d'IAG.
Certes cette lettre d'intention devra encore se transformer en
commande ferme pour être comptabilisée dans le carnet d'ordres de
Boeing. Mais elle vient apporter une bouffée d'oxygène à un avion
dont personne n'attendait la moindre annonce commerciale lors du
Salon. "La commande d'IAG sur le MAX restera dans les mémoires
comme un moment charnière" dans l'histoire du 737 MAX, affirme
Richard Aboulafia.
Stéphane Albernhe qualifie cette annonce de "très importante pour
Boeing", car elle "devrait permettre d'amorcer la remontée de la
confiance dans le produit et dans la marque".
Les analystes de Bernstein s'interrogent toutefois sur les
conditions tarifaires dont IAG a pu bénéficier, jugeant que Boeing
a pu consentir une forte remise pour conclure l'accord et renforcer
l'importance de cet appareil auprès des régulateurs, notamment
l'Agence européenne de la sécurité aérienne (Aesa).
Ihssane Mounir, le directeur des ventes de la division d'aviation
commerciale du groupe américain, a par ailleurs indiqué jeudi au
cours d'une conférence de presse que Boeing discutait avec d'autres
clients en vue de potentielles commandes pour le 737 MAX.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: LBO
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