LE BOURGET (Agefi-Dow Jones)--Airbus a remporté la course aux commandes face à Boeing jeudi, au quatrième jour du Salon du Bourget, le dernier réservé aux professionnels, le groupe américain ayant toutefois marqué les esprits lors de cet événement en annonçant de nouveaux contrats pour son avion 737 MAX.



Lors d'un bilan provisoire arrêté à jeudi midi, Airbus a indiqué avoir glané 363 contrats comprenant la totalité des commandes et des engagements. Guillaume Faury, le président du comité exécutif d'Airbus, a toutefois signalé que d'autres commandes pourraient intervenir pendant le restant de la journée ainsi que vendredi. Airbus a notamment conclu en début d'après-midi un nouveau protocole d'accord avec la compagnie saoudienne Flynas portant sur 10 A321 XLR.



Dans tous les cas, Airbus est assuré de terminer devant son grand rival américain. Dans son bilan communiqué jeudi, Boeing n'a pas fait la somme des contrats signés, mais en additionnant tous les engagements, droits d'achat et commandes récapitulés par le groupe, celui-ci a vendu 292 avions durant l'intégralité du Salon.



Un faible niveau de commandes fermes



Cette 53e édition du Salon du Bourget est toutefois restée terne en termes de commandes fermes: Airbus a indiqué en avoir enregistré 149 tandis qu'on en dénombre 20 chez Boeing. Richard Aboulafia, vice-président du cabinet de conseil spécialisé dans l'aéronautique Teal, explique que le marché est "actuellement préoccupé par les surcapacités", ce qui peut expliquer "un résultat relativement décevant en termes de commandes".



Airbus a néanmoins réussi le lancement de l'A321 XLR, nouvelle version de son monocouloir A321 dévoilée lundi. Attendu de longue date, cet appareil a été un énorme pourvoyeur de contrats pour le groupe européen au Bourget. Airbus a glané jusqu'à présent 236 commandes et engagements pour cet appareil, dont 99 conversions. Un chiffre supérieur aux attentes de Morgan Stanley, qui tablait sur 150 à 200 contrats, commande et conversions combinées.



Doté d'un rayon d'action maximal de 4.700 milles marins, soit environ 8.700 km, et capable de voler pendant 10 heures, l'A321 XLR est taillé pour séduire les compagnies low-cost dont l'activité long-courrier est en pleine expansion. Cet avion "ouvre de nouvelles opportunités commerciales pour Airbus qui n'étaient pas auparavant accessibles, à la fois sur les low-cost et les compagnies traditionnelles", a fait valoir Christian Scherer, le directeur commercial d'Airbus.



Le lancement de l'A321 XLR permet à Airbus d'affiner sa stratégie sur le "midmarket" c'est-à-dire le marché situé à la lisière entre les monocouloirs et les gros porteurs, dont Jefferies évalue le potentiel commercial à 5.500 commandes dans les 20 prochaines années.



"L'A321 XLR a de grands atouts: il bénéficie d'une conception robuste et bien connue (moins coûteux en formation et en maintenance), ainsi que d'un système propulsif de dernière génération", explique Stéphane Albernhe, managing partner du cabinet Archery Strategy Consulting. "En outre, par rapport à un long-courrier classique il est plus petit (donc plus flexible et plus facile à remplir) et surtout il est moins cher", ajoute-t-il.



Le groupe européen a également coupé l'herbe sous le pied de Boeing, qui étudie la possibilité de lancer un nouvel appareil pour capter ce marché. Boeing n'a toutefois pas encore formalisé sa décision de produire ce nouvel appareil, dénommé New Midsize Airplane (NMA). Dimanche, Dennis Muilenburg, le président-directeur général de Boeing, a déclaré que le groupe de Seattle "poursui[vait] ses évaluations".



De nouvelles commandes pour le 737 MAX



Si Boeing a été devancé par son grand rival sur le plan commercial, le groupe américain a pourtant créé la plus grande surprise du salon. L'avionneur a annoncé mardi une lettre d'intention de la part d'International Consolidated Airlines Group (IAG), maison mère des compagnies aériennes British Airways, Iberia, Level et Vueling, portant sur 200 avions 737 MAX.



La décision d'IAG constitue un véritable vote de confiance dans cet appareil, cloué au sol depuis mars, après deux crashs en cinq mois, et dont la remise en service reste encore incertaine. "Nous avons toute confiance en Boeing et nous nous attendons à ce que l'avion soit remis en service avec succès au cours des prochains mois, après avoir reçu l'approbation des régulateurs", a déclaré Willie Walsh, le directeur général d'IAG.



Certes cette lettre d'intention devra encore se transformer en commande ferme pour être comptabilisée dans le carnet d'ordres de Boeing. Mais elle vient apporter une bouffée d'oxygène à un avion dont personne n'attendait la moindre annonce commerciale lors du Salon. "La commande d'IAG sur le MAX restera dans les mémoires comme un moment charnière" dans l'histoire du 737 MAX, affirme Richard Aboulafia.



Stéphane Albernhe qualifie cette annonce de "très importante pour Boeing", car elle "devrait permettre d'amorcer la remontée de la confiance dans le produit et dans la marque".



Les analystes de Bernstein s'interrogent toutefois sur les conditions tarifaires dont IAG a pu bénéficier, jugeant que Boeing a pu consentir une forte remise pour conclure l'accord et renforcer l'importance de cet appareil auprès des régulateurs, notamment l'Agence européenne de la sécurité aérienne (Aesa).



Ihssane Mounir, le directeur des ventes de la division d'aviation commerciale du groupe américain, a par ailleurs indiqué jeudi au cours d'une conférence de presse que Boeing discutait avec d'autres clients en vue de potentielles commandes pour le 737 MAX.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: LBO



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(END) Dow Jones Newswires



June 20, 2019 10:50 ET (14:50 GMT)




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