Par Olivier Pinaud





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Tant vantée par Michel Combes, l'ancien directeur général d'Altice, la convergence entre télécoms et médias n'est plus prioritaire pour le groupe de Patrick Drahi. La vaste réorganisation annoncée mardi marque un net changement de stratégie. Si les actifs médias (BFM, RMC, Libération, L'Express…) restent dans le périmètre d'Altice France aux côtés de SFR, les contenus audiovisuels (production de films, accord avec NBC Universal et Discovery…) et surtout les droits sportifs (Ligue des Champions, Ligue Europa et Premier League…) sont placés dans une structure dédiée.



Baptisée Altice Pay TV, cette société sera détenue à 100% par la société mère néerlandaise Altice NV. Elle aura son propre management et son propre compte de résultats. Les contenus audiovisuels et les droits sportifs continueront d'être distribués par SFR, avec un partage des revenus, mais l'objectif est de monétiser ces actifs via d'autres canaux, soit directement sur internet ou avec de nouveaux partenaires.



La direction d'Altice n'a pas donné d'indication sur les perspectives de revenus de la division Pay TV mais promet qu'elle dégagera un cash-flow libre opérationnel positif à "moyen terme". Entre 2018 et 2023, Altice Pay TV va devoir payer 1,9 milliard d'euros au total en contenus et droits sportifs, dont 1,05 milliard pour la Ligue des Champions et la Ligue Europa. Ces dépenses seront concentrées pour moitié en 2019 et 2020 (1,088 milliard pour ces deux années). Pour faire face à ces engagements, Altice Pay TV sera capitalisée avec 275 millions d'euros tirés du dividende exceptionnel versé par Altice USA. Elle percevra également une commission de rupture de 300 millions d'euros payée par SFR en 2018 pour compenser la fin du contrat d'achat de contenus qui existait jusqu'à présent avec l'opérateur français.



En attendant qu'Altice Pay TV touche ses premiers revenus, cette nouvelle organisation présente surtout l'avantage de ne plus faire peser sur SFR et, dans une moindre mesure sur Altice International (Portugal, Israël et République dominicaine), les investissements dans les médias. Sous ce nouveau périmètre, l'Ebitda annuel de SFR au 30 septembre 2017 aurait été de 1,8 milliard d'euros contre 1,3 milliard avec les droits sportifs.



Favorable financièrement, cette organisation "ouvre des perspectives de cession ou de fusion de cette activité déficitaire avec un autre acteur du marché, comme beIN Sports", apprécie également Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James, alors que se profile l'appel d'offres pour les droits de la Ligue 1.





-Olivier Pinaud, L'Agefi. ed : ECH





"Le Market Blog" est le blog économique et financier de l'agence Agefi-Dow Jones.





(END) Dow Jones Newswires



January 10, 2018 04:58 ET (09:58 GMT)




Copyright (c) 2018 Dow Jones & Company, Inc.