Par Thomas Varela





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les grandes manoeuvres engagées par Altice (ATC.AE) ont beau porter sur la scission de sa branche américaine, le but de l'opération n'est pas seulement d'immuniser cette dernière des problèmes rencontrés en Europe. Patrick Drahi cherche clairement à rassurer le marché sur l'avenir d'Altice Europe et de sa principale composante, SFR, dont les contre-performances ont contribué à faire chuter le cours de Bourse ces derniers mois.



La scission du groupe en deux entités ne résoudra pas les questions posées par les pertes de clients en France et les difficultés similaires rencontrées au Portugal, où le groupe est présent à travers l'opérateur télécom MEO. Mais l'opération, tout en marquant l'échec de l'intégration transatlantique lancée avec le rachat des américains Suddenlink et Cablevision, rendra plus lisible la structure d'un conglomérat dont le lourd endettement avait semé le trouble parmi les investisseurs.



Malgré la réaction favorable du marché aux récentes annonces du groupe, dont le projet de cession de plusieurs actifs non stratégiques, l'action Altice s'inscrit toujours en baisse de 41% depuis trois mois et de 45% depuis un an. Sans être nouveau, le problème posé par le niveau d'endettement a été rendu plus aigü par les mauvais résultats dégagés en Europe au troisième trimestre.



Au-delà de la transparence accrue de la nouvelle structure, la séparation des activités américaines plus prospères permettra à Altice Europe de toucher 900 millions d'euros au titre du dividende exceptionnel que doit verser Altice USA avant la scission. Sur cette somme, 625 millions d'euros seront affectés au desendettement.





Réussir le redressement opérationnel





Pour autant la dette nette d'Altice Europe se maintiendra à 31 milliards d'euros, représentant 5,4 fois l'Ebitda dégagée au cours des douze derniers mois. Pour réussir à ramener cet indicateur au niveau souhaité de 4 fois l'Ebitda, le groupe pourra compter sur des cessions d'actifs en plus du redressement promis sur le plan opérationnel. Fin 2017, Bryan Garnier estimait qu'une cession d'Altice Dominican Republic, actuellement à l'étude, pourrait rapporter entre 2,5 et 3 milliards d'euros.



Altice France, c'est-à-dire SFR, représentera les trois quarts des revenus d'Altice Europe, contre un peu moins de la moitié des revenus du groupe actuel. La réorganisation du groupe prévoit en outre d'isoler les activités télécoms de la branche de télévision payante, ce qui permettra aux investisseurs, selon Altice, de mieux apprécier les performances de SFR par rapport à ses concurrents.



La hausse de près de 10% de l'action Altice mardi reflète le soulagement du marché face à la réaction rapide et énergique d'Altice face à la dégradation de ses résultats. Cet enthousiasme ne doit toutefois pas être exagéré, compte tenu de l'importante baisse du cours ces derniers mois.



Patrick Drahi restera le principal actionnaire et président du conseil des deux pôles d'Altice. Au-delà de la scission, le principal enjeu pour l'homme d'affaires et pour le directeur général d'Altice Europe, Dennis Okhuijsen, restera de reconquérir les clients perdus et de convaincre de la pertinence de leur stratégie de convergence entre médias et télécoms.





- Thomas Varela, Agefi-Dow Jones; +331 41 27 47 99; tvarela@agefi.fr ed : ECH





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January 09, 2018 08:06 ET (13:06 GMT)




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