Altice sanctuarise ses activités américaines et tente de rassurer en Europe -Market Blog
09 Janvier 2018 - 2:26PM
Dow Jones News
Par Thomas Varela
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les grandes manoeuvres engagées par Altice
(ATC.AE) ont beau porter sur la scission de sa branche américaine,
le but de l'opération n'est pas seulement d'immuniser cette
dernière des problèmes rencontrés en Europe. Patrick Drahi cherche
clairement à rassurer le marché sur l'avenir d'Altice Europe et de
sa principale composante, SFR, dont les contre-performances ont
contribué à faire chuter le cours de Bourse ces derniers mois.
La scission du groupe en deux entités ne résoudra pas les questions
posées par les pertes de clients en France et les difficultés
similaires rencontrées au Portugal, où le groupe est présent à
travers l'opérateur télécom MEO. Mais l'opération, tout en marquant
l'échec de l'intégration transatlantique lancée avec le rachat des
américains Suddenlink et Cablevision, rendra plus lisible la
structure d'un conglomérat dont le lourd endettement avait semé le
trouble parmi les investisseurs.
Malgré la réaction favorable du marché aux récentes annonces du
groupe, dont le projet de cession de plusieurs actifs non
stratégiques, l'action Altice s'inscrit toujours en baisse de 41%
depuis trois mois et de 45% depuis un an. Sans être nouveau, le
problème posé par le niveau d'endettement a été rendu plus aigü par
les mauvais résultats dégagés en Europe au troisième trimestre.
Au-delà de la transparence accrue de la nouvelle structure, la
séparation des activités américaines plus prospères permettra à
Altice Europe de toucher 900 millions d'euros au titre du dividende
exceptionnel que doit verser Altice USA avant la scission. Sur
cette somme, 625 millions d'euros seront affectés au
desendettement.
Réussir le redressement opérationnel
Pour autant la dette nette d'Altice Europe se maintiendra à 31
milliards d'euros, représentant 5,4 fois l'Ebitda dégagée au cours
des douze derniers mois. Pour réussir à ramener cet indicateur au
niveau souhaité de 4 fois l'Ebitda, le groupe pourra compter sur
des cessions d'actifs en plus du redressement promis sur le plan
opérationnel. Fin 2017, Bryan Garnier estimait qu'une cession
d'Altice Dominican Republic, actuellement à l'étude, pourrait
rapporter entre 2,5 et 3 milliards d'euros.
Altice France, c'est-à-dire SFR, représentera les trois quarts des
revenus d'Altice Europe, contre un peu moins de la moitié des
revenus du groupe actuel. La réorganisation du groupe prévoit en
outre d'isoler les activités télécoms de la branche de télévision
payante, ce qui permettra aux investisseurs, selon Altice, de mieux
apprécier les performances de SFR par rapport à ses
concurrents.
La hausse de près de 10% de l'action Altice mardi reflète le
soulagement du marché face à la réaction rapide et énergique
d'Altice face à la dégradation de ses résultats. Cet enthousiasme
ne doit toutefois pas être exagéré, compte tenu de l'importante
baisse du cours ces derniers mois.
Patrick Drahi restera le principal actionnaire et président du
conseil des deux pôles d'Altice. Au-delà de la scission, le
principal enjeu pour l'homme d'affaires et pour le directeur
général d'Altice Europe, Dennis Okhuijsen, restera de reconquérir
les clients perdus et de convaincre de la pertinence de leur
stratégie de convergence entre médias et télécoms.
- Thomas Varela, Agefi-Dow Jones; +331 41 27 47 99;
tvarela@agefi.fr ed : ECH
"Le Market Blog" est le blog économique et financier de l'agence
Agefi-Dow Jones.
(END) Dow Jones Newswires
January 09, 2018 08:06 ET (13:06 GMT)
Copyright (c) 2018 Dow Jones & Company, Inc.