Stephen Wilmot,



The Wall Street Journal





LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Amsterdam est en passe de devenir la capitale européenne de la technologie.



La pandémie de coronavirus a poussé à l'extrême les écarts de croissance et de valorisation entre les entreprises du numérique et les autres. Les grands gagnants de cette tendance sont des multinationales comme Amazon, mais quelques entreprises européennes beaucoup plus petites ont également profité de la situation. Trois des mieux valorisées sont basées à Amsterdam, où les entreprises cotées ont fait leur apparition au XVIIe siècle, à l'âge d'or néerlandais.



Parmi ces sociétés figure Just Eat Takeaway.com, un pionnier de la livraison de repas qui a annoncé le mois dernier un accord en vue du rachat de son concurrent américain GrubHub pour 7 milliards de dollars. Après avoir rencontré quelques difficultés au cours des premières semaines de confinement, les plateformes de livraison de repas ont enregistré une croissance rapide, les consommateurs préférant la sécurité de leur domicile aux salles de restaurant.



La valorisation d'Adyen multipliée par deux



Adyen, dont la technologie permet à des fournisseurs de services en ligne comme Uber et Spotify de recevoir des paiements de leurs clients rapidement et pour un prix modique, a vu sa capitalisation boursière quasiment doubler cette année, à 42 milliards d'euros. Le coronavirus ayant amené de nombreux consommateurs à privilégier le commerce en ligne, les investisseurs acceptent de mieux en mieux des multiples de valorisation élevés pour l'entreprise, en dépit du coup porté par la pandémie à sa division centrée sur le secteur des voyages.



La troisième de ces entreprises est Prosus, qui a été introduite sur Euronext Amsterdam l'année dernière et se qualifie de plus grande entreprise européenne de consommation sur Internet. D'un point de vue technique, cette affirmation est vraie: le groupe affiche une capitalisation boursière de 140 milliards d'euros. Cependant, cette valeur ne s'explique que par la participation de 31% détenue par le groupe dans le géant chinois Tencent.



Les activités technologiques gérées directement par Prosus, qui se situent essentiellement sur les marchés émergents, sont beaucoup plus petites que celles de Tencent. Mais elles couvrent des domaines qui ont prospéré pendant la pandémie: livraison de repas, paiements et petites annonces en ligne. Les mesures de confinement ont poussé de nombreuses petites entreprises dans des pays comme la Pologne et la Colombie à adopter sa plateforme de paiement numérique, PayU, explique Mario Shiliashki, directeur général de la division paiements de Prosus.



Pour les investisseurs, Prosus constitue un dossier inhabituel, qui tourne autour de la décote avec laquelle son action se négocie par rapport à celle de son principal investissement, plutôt que de sa propre croissance. La participation du groupe dans Tencent vaut 182 milliards d'euros, soit bien plus que Prosus lui-même.



Quant à la valeur des activités réellement contrôlées par Prosus, elle est infime en comparaison. Dans le monde, le seul véritable pair de Prosus est le conglomérat technologique japonais SoftBank qui vaut bien moins, lui aussi, que sa participation dans Alibaba.



Les origines multiples d'une position unique



Pourquoi la place d'Amsterdam occupe-t-elle cette position dans l'univers de la tech? Le fait que Prosus ait choisi de se coter à Amsterdam s'explique en partie par des affinités culturelles, liées à ses origines dans la province du Cap-Occidental en Afrique du Sud, une ancienne colonie néerlandaise. Les autres sociétés sont le fruit de la culture tech de la ville. La place d'Amsterdam compte dans ses rangs l'un des pionniers de l'Internet: le site de réservation d'hôtels Booking.com, l'un des rares acteurs du secteur numérique ayant pâti de la pandémie. La société est toujours basée à Amsterdam, mais elle est cotée à New York en tant que principale activité du géant américain du voyage Booking Holdings.



D'autres villes européennes comptent également des sociétés Internet en pleine expansion. Le pionnier des kits de repas HelloFresh, le spécialiste de la commande en ligne et de la livraison de repas Delivery Hero et le distributeur de prêt-à-porter en ligne Zalando sont tous originaires de Berlin. Le spécialiste de la livraison de produits alimentaires Ocado est pour sa part basé près de Londres.



Aucune de ces entreprises européennes ne dispose d'une taille comparable à celle des géants américains ou chinois de l'Internet, ce qui rend leur positionnement concurrentiel plus ardu à défendre. Voilà peut-être le principal risque à long terme que les investisseurs devront surveiller: les valorisations élevées actuellement observées, en particulier celle d'Adyen, ne se justifieront que si ces entreprises maintiennent leur leadership dans leurs niches de marché respectives. A plus court terme, l'engouement des investisseurs pour les valeurs dont l'activité a bénéficié des mesures de distanciation sociale constitue un risque qui prend de l'ampleur.



Néanmoins, la pandémie a mis en exergue les valeurs Internet du Vieux Continent. Lorsque l'économie mondiale rouvrira ses portes, la capitale néerlandaise méritera une visite.



-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal



(Version française Valérie Venck et Eric Chalmet) ed: LBO



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July 23, 2020 03:18 ET (07:18 GMT)




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