Après une alerte de trop, le recentrage d'Atos ne peut plus attendre - DJ Plus
10 Janvier 2022 - 4:33PM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--A peine arrivé à la tête d'Atos, Rodolphe
Belmer a vécu son baptême du feu lundi. "Je ne m'attendais pas à
vous parler ce matin, après seulement quelques jours en tant que
directeur général", a-t-il déclaré aux analystes, dans la foulée
d'un retentissant avertissement sur les résultats de 2021.
Atos a nettement manqué ses objectifs annuels, pourtant abaissés en
juillet. Sur la base de données non auditées, Atos a enregistré en
2021 un recul de ses revenus de 2,4% hors effets de changes, alors
que le groupe visait une stabilité de son chiffre d'affaires sur
ces mêmes bases et que les analystes anticipaient un repli de 0,1%,
selon un consensus cité par Goldman Sachs. La marge opérationnelle
s'est pour sa part inscrite autour de 4%, soit deux points de
pourcentage de moins que la cible de la société. L'entreprise a
aussi accusé un flux de trésorerie libre négatif d'environ 420
millions d'euros. Le groupe tablait jusqu'à présent sur un chiffre
positif.
Sans surprise, ce nouvel écart est lourdement sanctionné par le
marché: en milieu d'après-midi l'action Atos plonge de 18% à 31,65
euros. "Cet avertissement est massif", souligne Oddo BHF qui estime
que la société a accusé un recul organique de ses revenus d'environ
4% l'an passé et proche de 9% sur le seul quatrième trimestre.
L'entreprise a notamment attribué sa contre-performance aux
décalages de projets dans le calcul de haute performance, l'analyse
de données à grande échelle (Big Data) ou dans les communications.
Atos a également dû réévaluer les coûts liés à un important contrat
de BPO (externalisation des processus métier), ce qui l'a amené à
réviser le taux d'avancement de ce projet. Ce seul élément a eu un
impact négatif de 0,7% sur ses revenus.
Un plan dévoilé au deuxième trimestre
Ce nouveau revers témoigne de "l'incapacité [du groupe] à atteindre
ses objectifs", pointe Citi. "Au final, cela constitue une mauvaise
surprise après la révision à la baisse des perspectives en
juillet", abonde un analyste parisien.
"Même si la société indique qu'une grande partie de l'écart" par
rapport à ses prévisions de juillet est "liée à des éléments
exceptionnels qui seront progressivement récupérés en 2022, il nous
semble, à ce stade, que le groupe pourrait à nouveau enregistrer
une croissance organique négative en 2022", prévient Oddo BHF.
Cet avertissement illustre l'ampleur de la tâche qui attend
Rodolphe Belmer pour remettre l'entreprise d'équerre. Le dirigeant
présentera à la fin février une nouvelle organisation avant de
dévoiler au deuxième trimestre un plan détaillant les moteurs du
redressement du groupe. L'ex-numéro 1 d'Eutelsat a expliqué que ce
projet s'articulerait autour de quatre axes: le recentrage du
portefeuille d'activités, l'amélioration de la base de coûts, la
simplification de l'organisation et la stimulation de la
performance commerciale.
Des analystes circonspects
Les chantiers sont donc nombreux. Au premier chef, Atos doit se
délester de ses activités en perte de vitesse. Le groupe a décidé
l'an passé de céder ou d'ouvrir à des partenaires des actifs
représentant environ 20% de ses revenus pour se focaliser sur ses
métiers en croissance. A l'automne, Atos avait indiqué mener des
discussions avancées pour son activité de solutions de
communications, Unified Communications & Collaboration (UCC).
Il avait également reçu, en parallèle, des marques d'intérêt de
plusieurs acteurs pour ses centres de données et les activités
associées. Depuis, le groupe n'est pas revenu sur ces dossiers.
Rodolphe Belmer a simplement indiqué aux analystes lundi que le
plan de cession d'UCC se "poursuivait".
La société doit finaliser au plus vite ces opérations pour espérer
retrouver du crédit auprès d'un marché échaudé par de multiples
déconvenues. "Si un investisseur doit rentrer sur le dossier Atos
aujourd'hui, il le fait dans la perspective de cessions rapides",
souligne l'analyste parisien. "Céder ou ouvrir à des partenaires
les activités représentant 20% des revenus améliorerait
mécaniquement les perspectives de croissance de la société",
relève-t-il.
"Il s'agirait d'un bon signal de départ même si d'autres efforts
importants, notamment dans l'exécution des contrats, devraient
ensuite être effectués", estime un autre intermédiaire
financier.
Pour l'heure, les analystes se montrent circonspects. Selon
FactSet, moins de 30% d'entre eux recommandent d'acheter le titre
qui évolue pourtant à des plus bas de près de 10 ans. Rodolphe
Belmer doit rapidement donner corps à un nouvel Atos, recentré,
agile et prompt à exécuter ses contrats sans accroc.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH
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