François Schott,



Agefi-Dow Jones





Paris (Agefi-Dow Jones)--Le premier sidérurgiste mondial, ArcelorMittal (MT.FR), bénéficiera en 2018 de la reprise économique mondiale mais ses performances à moyen terme restent incertaines dans un contexte de renforcement des tensions commerciales autour des prix de l'acier.



S'il a retrouvé des couleurs en Bourse ces deux dernières années grâce au rebond des matières premières, le titre est encore loin de ses niveaux d'avant crise et les investisseurs ne partagent pas totalement l'optimisme de la direction pour l'année en cours.



ArcelorMittal a publié fin janvier un bénéfice net de 4,57 milliards de dollars au titre de l'exercice écoulé, confirmant son redressement après les turbulences traversées en 2014 et 2015, qui s'étaient traduites par plus de 9 milliards de dollars de pertes.



Les analystes de Jefferies ont salué des résultats "solides" et des perspectives encourageantes, soutenues par la reprise des pays émergents. Après avoir été un handicap, l'exposition du groupe à différentes régions du monde constitue aujourd'hui un élément très porteur dans le cadre d'une hausse de la demande globale", estime l'intermédiaire financier. Le discours du groupe se veut également optimiste, ArcelorMittal évoquant des "conditions de marché favorables" et des "écarts de prix sains" en dépit des surcapacités générées par la Chine.





Des barrières tarifaires à double tranchant





L'introduction aux Etats-Unis de barrières douanières visant spécifiquement l'acier et l'aluminium peut-elle modifier cet équilibre? Dans la mesure où les importations américaines ne représentent que 2% de la production mondiale d'acier, ces taxes ne devraient pas avoir d'effet sur les prix globaux, mais pourraient soutenir les prix de l'acier aux Etats-Unis au cours des deux ou trois prochaines années, estimait Standard & Poor's dans une note publiée vendredi dernier.



Les producteurs américains devraient profiter d'une hausse de la demande, de même qu'ArcelorMittal, qui dispose de six sites de production d'acier aux Etats-Unis. Le groupe réalise 20% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis et près de 25% avec le Canada.



"Ce que le groupe pourrait gagner avec la hausse des prix aux Etats-Unis, il le perdra avec la pression accrue sur les prix en Europe", tempère toutefois un bon connaisseur du secteur, redoutant un report d'une partie de l'offre d'acier normalement destinée aux Etats-Unis vers le vieux continent. Cet ex-cadre de la sidérurgie française note par ailleurs qu'en imposant fin 2016 des droits de douane sur certains produits en acier et en fer chinois, l'Union européenne a dégainé la première. "Ces droits maintiennent artificiellement le prix de ces produits en Europe. Ils bénéficient largement à ArcelorMittal et aux autres producteurs européens. Mais cela ne peut pas durer éternellement", ajoute-t-il.



A trop vouloir se protéger contre l'acier subventionné chinois, Européens et Américains prennent le risque de déclencher une guerre commerciale ouverte qui, compte tenu du poids de la Chine dans la production mondiale d'acier (50%), pourrait mal finir.





Des acquisitions risquées





ArcelorMittal ne veut pas croire à un tel scénario. Après avoir retrouvé des marges de manoeuvre financières en 2017, le groupe a renoué avec ses ambitions de croissance sur un marché qu'il juge porteur. Il prévoit ainsi de porter ses dépenses d'investissement à 3,8 milliards de dollars cette année, contre 2,8 milliards en 2017, afin de financer notamment la construction d'un laminoir à chaud au Mexique et la reprise de la plus grosse aciérie d'Europe, Ilva, en Italie. Le groupe s'est également positionné avec le japonais Nippon Steel sur le dossier de reprise du sidérurgiste indien en difficulté Essar Steel.



Ces deux paris risqués nécessiteront de lourds investissements. "Si les autorités approuvent le rachat d'Ilva, ce qui est notre scénario central, le cash flow pourrait être impacté à hauteur de 2,3 milliard de dollars au cours des prochaines années en raison des coûts liés à cette acquisition", souligne Vladimir Sergievskyi, analyste de Barclays. En plus de cette charge, Arcelor devra mettre davantage de trésorerie en réserve pour couvrir certains engagements financiers en raison de l'entrée en vigueur en 2019 de nouvelles normes comptables (IFRS 16). "Nous pensons que le rythme du désendettement va ralentir, et que l'objectif d'une dette nette de 6 milliards de dollars ne sera pas atteint avant la prochaine décennie", ajoute l'analyste.



ArcelorMittal a raison de se montrer ambitieux, alors que les batailles commerciales actuelles soulignent l'importance de l'acier pour les économies développées et émergentes. Mais les nombreuses incertitudes pesant sur les prix des matières premières et le risque de ralentissement de l'économie mondiale sont autant de motifs légitimes de prudence pour les investisseurs.





-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 921; fschott@agefi.fr ed: TVA





(END) Dow Jones Newswires



March 15, 2018 12:34 ET (16:34 GMT)




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